GM Business — Opération Caesar’s Wife Above Suspicion : Échec et mat dans l’Angus Road Saga!

  • La Bombshell Correspondence de l’ex-AG Ravi Yerrigadoo du 28 janvier 2015 ordonne à Londres de — “Close its file” sur le transfert de Rs 20 M d’Alan Govinden effectué le 30 juin 2001
  • Cette décision, mettant Pravind Jugnuath à l’abri d’une enquête de la SFO de Londres, occultée par le maelstrom des scandales dénoncés au lendemain de l’installation de l’Alliance Vire Mam à l’Hôtel du GM en décembre 2014
  • Le haut-commissaire britannique Keith Allan: “As a matter of principle, we don’t discuss or comment on matters relating to Mutual Legal Assistance”’
  • Les révélations de Boolell autour des reçus de BASE sur des paiements en liquide de Rs 4 M “In Excess” bousculent le calendrier de convocations High Profile de l’ICAC dans la Saint-Louis Gate

En dépit de la posture “Attan! Zotte pour guette!” adoptée par le Premier ministre et leader de l’Alliance Morisien, Pravind Jugnauth, la succession de révélations autour des acquisitions immobilières à Angus Road, Vacoas, indique un potentiel échec et mat. Certes, il y a eu les dernières dénonciations du leader de l’opposition, Arvin Boolell, autour des reçus d’un montant global de Rs 4 millions sur des sommes en liquide variant entre Rs 500 000 et Rs 1 million, soit bien au-dessus du plafond de Rs 350 000 autorisé sous les dispositions de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act. Toutefois, le dernier élément compromettant tombant dans le domaine public, notamment la Bombshell Correspondence attribuée à l’ancien Attorney General, Ravi Yerrigadoo, adressée à la Central Authority de Grande-Bretagne pour les besoins d’une collaboration d’enquête de la Serious Fraud Office de Londres, devrait venir bouleverser de fond en comble l’équation sur l’échiquier politique et bousculer le calendrier de convocations high profile pour des interrogatoires under warning à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) dans le cadre de la Saint-Louis Gate avec une bombe à retardement de Rs 700 millions. Pourtant, du côté de l’ICAC, le coup avait été bien élaboré par le déplacement en catimini et en dépit des contraintes découlant de la pandémie de coronavirus, d’une top level mission au Danemark pour ramener des “pieces of damning evidence” à charge dans cette enquête au sujet des allégations de “gratifications to Mauritian officials through third parties” et le contrat de Rs 4,5 milliards du Central Electricity Board (CEB).

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A ce stade, tout semble indiquer que les dessous de l’Angus Road Saga concernant des propriétés immobilières évaluées, selon les actes notariés enregistrés officiellement à Rs 27 millions, montant qui avait été réglé en 2001 et 2002, soit juste après le come-back du MSM à l’Hôtel du gouvernement après la précédente déroute de décembre 1995, continueront à monopoliser l’attention sur le front politique. Et surtout, la pression s’accentuant sur le principal protagoniste Pravind Jugnauth jusqu’à ce qu’il ne décide de jouer carte sur table “après avoir rassemblé ses documents”. Comme il l’affirme lui-même (voir texte plus loin). Néanmoins, les circonstances dans lesquelles l’enquête de l’ICAC sur l’Angus Road Saga a été gelée dès le retour du MSM au pouvoir à la fin de décembre 2014, viennent s’ajouter à la longue liste d’épisodes demandant à être élucidés même vingt ans après cette transaction immobilière.

Les informations et les documents en possession de Week-End indiquent que le Case File Ref : ICAC/FIR/1356/13/C dans les archives de la Commission anti-corruption contient une correspondance susceptible de se présenter comme le détonateur de la prochaine étape et tout aussi explosive. En effet, pour le premier mois après la prestation de serment du gouvernement Vire Mam, dirigée par sir Anerood Jugnauth, le 17 décembre 2014, l’une des préoccupations a été de bloquer l’enquête à dimension internationale sur ces acquisitions immobilières de Pravind Jugnauth avec pour vendeur la société Bel-Air Sugar Estate (BASE).

A cette époque, le trio composé de Pravind Jugnauth, Roshi Bhadain et Ravi Yerrigadoo avec le soutien tacite du blue-eyed boy, Rakesh Gooljaury, était au four et au moulin pour le grand déballage politique des scandales du précédent gouvernement de Navin Ramgoolam, allant du komers de kotomili de Nandanee Soornack et des centaines de millions en jeu à la Roches-Noires Saga sans oublier le jackpot présumé de Betamax. Le talon d’Achille de ce nouveau gouvernement d’alors était Pravind Jugnauth et les transaction foncieres avec Bel-Air Sugar Estate en passe de devenir aujourd’hui le karne resi de Patrick Rountree.

 Il fallait à tout prix “shield Pravind Jugnauth from another criminal investigation”

Ainsi, après avoir pris connaissance des étapes franchies dans l’enquête de l’ICAC, notamment au sujet du transfert de Rs 20 millions effectué à Londres par Loganaden Govinden, aussi connu sous le nom d’Alain, et se présentant comme un agent de Heinememan, ayant décroché les contrats de Mauritius Duty Free Paradise Co Ltd, il fallait à tout prix “shield Pravin Jugnauth from another criminal investigation”, d’autant plus que le procès de MedPoint instruit par l’ICAC depuis 2012 battait son plein en Cour.

A ce stade, l’ICAC avait déjà sollicité la collaboration du Serious Fraud Office à Londres pour des compléments sur ce transfert fatidique de Rs 20 millions à Londres dans le compte bancaire de Patrick Rountree. Cet aspect de l’enquête avait été versé dans le dossier de l’ICAC suite à l’audition d’un représentant de Bel Air Sugar Estate au sujet de la chronologie des événements de 2001 à 2008. Le témoin Nemchand avait soutenu lors de son audition en novembre 2011 que “buyer, one Loganaden Govinden, a Mauritian National established in Europe. In 2001, he forwarded to me all the required documents to enable the notary to prepare the deed and he had paid the agreed Rs 20 million in Mr Patrick Rountree’s account in the United Kingdom. This Rs 20 million is in our records as at 30.06.01. Due to Mr Govinden not being in Mauritius, the deed of sale was not prepared and matter stand still. Finally in 2008, Mr Govinden informed us that the deed of sale should be prepared in the name of the children of Mr Pravind Jugnauth re minor Sonika Jugnauth and Sonali Jugnauth reprensented by their parents Mr & Mrs Pravind Jugnauth. The sale was effected on 30.05.08 & 04.06.08… » Le dossier de l’ICAC en fait foi.

Un peu plus de trois ans plus tard, soit le 2 juin 2014, l’ICAC a pris la décision d’approcher la Central Authority of Mauritius, qui n’est autre que l’Attorney General’s Office, pour les besoins de la Legal Mutual Assistance de la part des autorités britanniques pour une enquête sur ces transferts bancaires de juin 2001 au profit de Patrick Rountree de Bel Air Sugar Estate. Le 28 janvier 2015, l’Attorney General d’alors, Ravi Yerrigadoo, a confirmé son entrée sur scène dans cette affaire et de manière décisive.

Une correspondance attribuée à une initiative de Ravi Yerrigadoo était adressée à la Central Authority of the United Kingdom pour exiger que la Serious Fraud Office mette un terme et de manière définitive à toute collaboration avec l’ICAC dans cette affaire. Des extraits de cette correspondance (voir fac-similé plus loin) sont catégoriques, notamment “at this stage, the Central Authority of Mauritius no longer wishes to proceed with the Letter of Request and hereby requests the Central Authority of the United Kingdom to close its file with respect to the said request”. Il n’y a aucune indication si l’Office of the Director of Public Prosecutions, l’autorité constitutionnelle en matière de poursuites au pénal, avait été approchée et consultée par rapport à cette décision cruciale dans une enquête de cette envergure.

Rigueur diplomatique

Et le tour était joué. Interrogé au cours de la semaine au sujet de ces échanges portant sur la Mutual Legal Assistance entre la Grande-Bretagne et Maurice, notamment sur cette enquête impliquant le Premier ministre, le haut-commissaire britannique, Keith Allan, a fait preuve de rigueur diplomatique. “As a matter of principle, we don’t discuss or comment on matters relating to Mutual Legal Assistance”, a-t-il fait comprendre tout simplement, même si dès maintenant la logique des choses veut que des “twists and turns are bound to happen”.

Etant donné les éléments distillés publiquement ces dernières semaines au sujet de la face cachée d’Angus Road Saga et ses transferts en tous genres, l’ancien ministre des Services financiers et leader du Reform Party, Roshi Bhadain, s’est fait déborder sur sa gauche par le leader de l’opposition Arvin Boolell au cours de la semaine écoulée. Même s’il pas été en mesure poser sa Private Notice Question (PNQ) portant sur des paiements en liquide en excès à la limite autorisée sous la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act, il a étalé sur la place publique une série compromettante de reçus pour un montant de Rs 4 millions sur une transaction foncière de Rs 7 millions et le paiement “hors de la vue et sans le concours du notaire”.

Un premier fait intrigant est que les numéros de ces reçus successifs soit de No 812 à No 816, même si la période s’échelonne du 19 février 2002 avec un  premier paiement de Rs 500 000 au 28 novembre 2002, un versement similaire et trois autres intervenants entre ces deux dates, dont deux de Rs 1 million chacun les 14 mai et 26 août de la même année et un autre de Rs 500 000 le 6 mars 2002. Ce carnet de reçus de Bel Air Sugar Estate était-il exclusivement réservé pour les paiements de Pravind Jugnauth?  A quelle fin? Qu’en est-il du paiement des Rs 3 millions restantes? Quelles sont les Sources of Funds à la disposition de l’acheteur? A cause de la tournure des événements, Pravind Jugnauth a répété qu’il fallait faire preuve de patience et qu’il allait se défendre face à ces allégations avec un “Attan! Zotte ava guetter!” qui demande encore à convaincre plus d’un.

Mais les développements au niveau de l’Angus Road Saga de ces derniers jours et une éventuelle offensive par l’option d’un Writ of Mandamus pour la réouverture du dossier “closed” sur ordre de l’ancien Attorney General pourraient contrarier les plans échafaudés par l’ICAC dans l’enquête sur l’allocation du contrat de Rs 4,5 milliards par le Central Electricity Board (CEB) pour la réhabilitation de la centrale thermique de Saint-Louis, dont le coût a été gonflé de plus de Rs 700 millions d’un exercice d’appel d’offres annulé à un autre.

“L’ICAC sur un knife edge”

En principe, les envoyés spéciaux de l’ICAC, partis pour le Danemark au cours de la dernière quinzaine du mois d’octobre, devraient ces jours-ci compléter la quatorzaine de leur quarantaine au terme du COVID-19 Sanitary Protocol. une fois leur retour au QG, la direction générale devrait être en possession des  conclusions et des documents récupérés sous cette Mutual Legal Assistance pour cette joint operation avec le Danemark au sujet de ce scandale, qui a éclaté le 8 juin dernier par un communiqué de la Banque africaine de Développement (BAD) sanctionnant la firme danoise de BWSC pour pratiques de corruption dans des contrats financés par cette agence panafricaine.

Après les inculpations provisoires logées contre le consultant Bertrand Lagesse et le patron de Padco & Co Ltd en liquidation, Philippe Alain Hao Thyn Voon, l’ICAC se préparait à convoquer des “Mauritian Officials”, dont les noms sont cités, notamment l’ancien Deputy Prime Minister et leader du Muvman Liberater, Ivan Collendavelloo, ou le leader du MMM, Paul Bérenger, pour les confronter aux éléments de l’enquête et consigner leurs explications formellement.

Tout plan de travail en ce sens pourrait être contrarié et contesté de manière véhémente par l’opposition dénonçant l’ICAC pour “manoeuvres bassement politiques à la merci du gouvernement de L’Alliance Morisien”.En tout cas, l’ICAC, de ce que l’on sait en termes de crédibilité ou d’indépendance, se trouve sur un knife edge. Comment peut-elle expliquer que dans une enquête, qui remonte à une vingtaine d’années et impliquant Pravind Jugnauth, aucun développement n’est intervenu depuis plusieurs années. Même pas l’audition du dénommé Govinden sur le transfert de Rs 20 millions sur le compte de Patrick Rountree à Londres remontant au 30 juin 2001, démarche qui initialement avait débouché sur une demande de Mutual Legal Assistance puis annulée par l’exAttorney General. Pourtant, le Premier ministre s’est permis de se cacher derrière cette prétendue enquête de l’ICAC pour refuser de répondre à une PNQ du leader de l’opposition”, s’indigne-t-on comprendre dans les rangs de l’opposition.

Et d’ajouter que “le rythme de l’enquête de l’ICAC dans la Saint-Louis Gate répond à des exigences de stratégie politique de l’Hôtel du Gouvernement visant à éliminer des adversaires sur le terrain. Mais ni l’ICAC ni le Premier ministre ne s’attendaient à ce retour de manivelle sous forme de révélations avec documents accablants à l’appui dénonçant des transactions immobilières de Pravind Jugnuath coûtant des dizaines de millions. Au sein de l’opposition, nous n’avons pas encore dit notre dernier mot, car la prochaine PNQ  sera encore sur l’Angus Road Saga, car ne dit-on pas que Caesar’s Wife needs to be above suspicion”.

Affaire à rebondissements que ce soit sur le plan politique ou des enquêtes instruites par l’ICAC…

Dimanche à Triolet : « Attendez et vous allez voir, il y a des vérités qui sortiront »

Dans son discours à l’occasion des célébrations de la fête Divali, organisées par la Mauritius Arya Ravived Pracharini, le Premier ministre est revenu sur «bann fosté ki pe circuler». Démentant le mariage annoncé d’une de ses filles, il devait aussi s’attarder sur «les forces du mal qui veulent déstabiliser le pays». «Na pa les bann foste, bann mensonz empwazonn nou lespri», a-t-il exhorté, affirmant que certaines personnes dans le pays «véhiculent jour et nuit des faussetés et font des complots contre lui et les membres de sa famille».

Selon lui, certaines personnes ne peuvent l’attaquer, d’où toutes sortes de “complots” de leur part. «À ces gens-là, je leur demande un peu de patience. Attendez et vous allez voir, il y a des vérités qui sortiront… », a-t-il prévenu.

Le PM: « Kan ou konsians kler, ou pa per. E mo napa per »

Alors que devant les instances du MSM, soit le Bureau politique et le Comité central du samedi précédent, Pravind Jugnauth avait rassuré ses camarades de parti sur le dossier de l’Angus Road Saga, la Private Notice Question avortée de mardi à l’Assemblée nationale portant sur le paiement d’une partie du montant de Rs 27 millions, est venue changer les données de l’équation. Dans les rangs de l’opposition, l’on maintient que ces montants en liquide de plus de Rs 350 000 tombent sous le délit pénal de money laundering, que ce soit sous la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering à partir du 10 juin 2002 ou même avant avec le cadre légal régissant l’Economic Crime Office, qui a pris le relais de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) à partir de 2002.

Devant ces accusations à peine voilées, Maurice tentant de multiplier les initiatives pour sortir de la Grey List de la Financial Action Task Force (FATF) et ensuite de la Black List de l’Union européenne à partir de février de l’année prochaine, le Premier ministre a profité de la plateforme de l’Arya Sabha Mauritius, à L’Avenir, mercredi, dans le cadre des célébrations de la fête Divali dans sa circonscription pour répondre à ses détracteurs, plus particulièrement sur l’affaire Angus Road. Soulignant qu’il a plusieurs fois fait face à des attaques, «ki li de bann adverser politic ki li de la presse». Selon Pravind Jugnauth «serin la press pe vehikil bann fosté», mais «kan ou konsians kler, ou pa per. E mo napa per».

Réagissant sur les paiements «cash» qu’il aurait effectués par rapport à l’acquisition des terrains appartenant à Bel-Air Sugar Estate en 2001 et 2002, mais avalisé devant notaire qu’en mai et juin 2008, soit six ans après les paiements, à Angus Road, il a laissé entendre :«Pe dir ki kan monn aster later, enn dimoun finn peye Rs 20 M pou aster sa later la. Li finn payer mais inn met sa lor non mo zenfan. Moi mo pann paye naine moi. Monn gang latere kado pou Rs 20 M, ou realizer? »

Cependant, il y a aussi d’autres «kozer ki p kozer, sa cout-la p dire monn payer. Monn paye cash, et monn paye cash plis ki la loi autoriser», dit-il, notant que «tout sa la pe aller même la. Inn commence ek enn pe vinn ek lot ek pe vinn ek lot qualité allégation». Pour expliquer son silence jusqu’ici sur toute cette affaire, il a rappelé que «sa bann terrain la finn aster dans les années 2000» et aujourd’hui, «mo pe rassemblé bann prev ». Et d’ajouter « kan mo pou fini rasanblé tou bann preuve, létal mo pou vine public, mo pou laisse dimoun meme juger ki monn fer et couma monn fer». 

Annoncant des actions légales contre ses détracteurs, le Premier ministre a soutenu que «tou seki mo kozer, kan mo prand l’engazma, tou mo fer». Ainsi, prévient-il, «ou pou geté ki quantité bann aksyon légal ki pou end kont sa bann politiciens ek kont la pres-là. Nek atann ankor enn tipe letan. Pa pou tro long. Lerla nou à gete ».

 

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