Indécence sans limite

Franchement, il n’y a plus aucune limite à l’indécence. Au lieu de présenter des excuses à la population pour avoir terni la réputation du pays et l’avoir placé sur des listes de ce qu’il existe de plus foncées au monde, voilà qu’ils font la queue pour fanfaronner et présenter la sortie de l’île Maurice de la liste grise du Groupe d’Action Financière comme un immense exploit.

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Qui a mis le pays sur cette liste grise et sur celle, noire, de l’Union Européenne si ce n’est ces mêmes dirigeants et responsables d’organismes défaillants qui osent aujourd’hui défiler les uns après les autres pour s’auto-congratuler? Un peu d’humilité et de modestie  et un mea culpa auraient été la position décente à adopter en la circonstance.
Mais demander des postures d’hommes d’État aux gnomes qui nous gouvernent c’est vraiment trop demander. Tout dans leur langage, leurs actions et leurs décisions trahit la petitesse et la veulerie.

Hier, après son Bureau politique, Pravind Jugnauth, trahissant peut-être crainte et panique et pensant sans doute user de l’humour, ce qui n’est pas son fort, s’est posé en mesureur de la longueur de la langue de ses adversaires politiques. On ne lui connaissait pas cette nouvelle spécialité mais, venant de lui, tout est dorénavant possible.
Ce type qui n’a rien d’un démocrate a une nouvelle fois montré son visage de petit chef de clan. Il ne remplacera pas son Speaker et le chef de file du PTr Arvin Boolell, dont la suspension court jusqu’au mois prochain, pourra retrouver son siège s’il se comporte bien. Ce sont les propos entendus hier.

Fer bon zenfan! Comme si l’Assemblée nationale était devenue une maternelle où les bonbons ne seraient distribués qu’aux mômes qui se montrent sages. Comme s’il est le propriétaire de la boutique où on parlemente et où l’on peut siéger selon les caprices du Loud Speaker et de son protégé le Leader of the House? On est à Angus Road là?
Et le commentaire est ridicule avec çà. Comment jauger du comportement d’un député suspendu et qui, donc, ne siège pas? Par ce qu’il fait en dehors de l’hémicycle et qui donc n’a rien à voir avec la petite cuisine délibérative de l’Assemblée nationale? Il s’entend parler de temps en temps le Premier ministre?

Au lieu de s’occuper de qui fait alliance avec qui, le Premier ministre pourrait commencer par répondre aux 83 questions parlementaires qui lui ont été adressées entre le 23 mars et le 3 août dernier et qui sont restées sans réponse jusqu’ici. C’est dire à quel point il respecte la démocratie parlementaire, lui qui prétend donner des leçons à ses adversaires et à la presse.

Mais la lente mais sûre vampirisation des institutions se poursuit inexorablement avec ce Premier ministre. Il est l’objet d’une Private Prosecution pour ses comptes de campagne électorale. Il contre-attaque en logeant une demande d’annulation de la démarche de l’ex-ministre travailliste Suren Dayal.

C’est strictement son droit. Sauf que, parmi ses avocats, il se trouve qu’il y a deux membres qui siègent à l’Electoral Supervisory Commission, organisme qui est justement censé veiller au respect des lois électorales et des dépenses des candidats.
Il n’y a plus la plus petite notion de l’éthique dans ce pays? Tous s’écrasent aujourd’hui. Les échines sont devenues souples. Elles ont disparu. On ne sait plus où commencent ses responsabilités constitutionnelles et où s’arrêtent les postures obligées parce que c’est le président de la République et le Premier ministre qui choisissent les membres de l’ESC.
Il y a longtemps qu’ici nous ne nous faisions plus aucune illusion sur les membres qui composent la commission électorale. Ils semblent aujourd’hui contaminés par le virus du népotisme et du copinage ambiants.

Mais accepter que le président Roopun nomme un Roopun, qui a publiquement exposé son fanatisme politique, sur l’ESC et s’asseoir tranquillement avec lui et Shadmeenee Mootien tout en sachant que leur  nomination a été fortement contestée en dit long sur le  déficit moral qui a gagné toutes les sphères du pays.
Et on parle là de l’Electoral Supervisory Commission qui est LA structure sur laquelle repose l’intégrité d’un scrutin, du plus petit au pus grand et qui, ailleurs, lorsqu’elle est contestée et rejetée par le peuple, conduit à des émeutes sanglantes.

Or, cette commission se comporte désormais comme l’ICAC et toutes les institutions dévoyées de ce pays. C’est ainsi que ceux qui suivent le déroulement de la pétition électorale d’Adrien Duval ont été ahuris de voir le représentant légal de la commission briefer l’avocat des élus Steve Obeegadoo et Kenny Dhunoo, Me Ivan Collendavelloo. On n’affiche même plus un semblant de neutralité!

Il y a les grands hold-up politiques d’institutions capitales pour la démocratie mais il y a aussi cette mainmise partisane et cette intolérance du quotidien. Et cela n’a rien d’anecdotique. Le pauvre président du conseil de district de Vieux Grand Port, Ravi Jangi, un travailliste qui avait réussi à déjouer les tentatives d’embrigadement absolu des administrations rurales par le MSM — après sa déconvenue aux villageoises — a été arrêté cette semaine suite à une affaire de cadenas posé sur la grille d’entrée d’un terrain de foot.
Pas Stamford Bridge, Anfield Road, Old Trafford ou l’Emirates Stadium : un banal petit terrain à Quatre Soeurs destiné aux jeunes de la région. Des ministres qui se disputent avec des conseillers locaux autour d’un terrain de foot et qui vont jusqu’à pousser la police à agir et à interpeller le président du conseil de district. Mais dans quel pays sommes-nous?

Pravind Jugnauth se félicite des nouvelles adhésions qu’il arrive à acquérir. Avec son charisme indiscutable et sa hauteur évidente, Pravind Jugnauth n’attire visiblement que du lourd. Du genre de son dernier trophée: Salim Abbas Mamode. La prise en dit long en tout cas sur la qualité du pêcheur.

 

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