La leçon rodriguaise et le payeur

Les partis de l’opposition rodriguaise – sauf le MR – ont réussi à faire en quelques jours ce que les partis politiques mauriciens ne parviennent pas à faire depuis des mois : s’entendre pour affronter leur principal adversaire politique, l’Organisation du Peuple Rodriguais que dirige Serge Clair depuis les années 70 du siècle dernier. Les dirigeants de l’Union du peuple de Rodrigues, du Parti Mauricien Social-Démocrate de Rodrigues et du Front patriotique de Rodrigues écologique, qui n’ont pas moins d’ego que leurs collègues mauriciens et dont les positions idéologiques de leurs partis sont parfois opposées, sont parvenus à un accord électoral. Son objectif politique est de mettre fin au règne de l’OPR tout en proposant un projet de société pour les Rodriguais.

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Est-ce une bonne ou une mauvaise chose pour Rodrigues ?

Il appartiendra aux électeurs rodriguais de répondre à cette question en allant voter le 13 février. Le Mouvement Rodriguais de Nicolas Von Mally ne fait pas partie de cette alliance et préfère passer par la proportionnelle pour essayer d’entrer à l’Assemblée régionale, plutôt que de choisir le first pass the post system. C’est un choix que lui offre la loi électorale. En espérant que les élections rodriguaises seront, elles, free and fair, que les bulletins n’auront pas besoin de règle pour être rangés dans les urnes et que les résultats n’auront pas à être contestés en Cour. Et en cas d’une éventuelle victoire des partis de l’opposition, qui sera le Chef Commissaire ?

Les dirigeants de la nouvelle alliance contre l’OPR ont choisi de ne pas répondre à cette question et de taire leurs ambitions et leurs egos en laissant l’électorat faire son choix.

À Maurice et en dépit du fait qu’ils n’arrêtent pas de répéter que le gouvernement ne l’a emporté qu’avec 37% des suffrages exprimés, ceux qui revendiquent représenter les 63% de l’électorat n’arrivent plus à s’entendre. Et pourtant, les choses avaient bien commencé après les élections, les partis s’étant mis d’accord pour choisir leurs représentants au Parlement en respectant la règle de la majorité des élus. C’est ainsi qu’Arvind Boolell était devenu le leader de l’opposition et, soutenu par les autres parlementaires, s’en sortait plutôt bien. Encore que certains ont pu regretter qu’il manque de punch, surtout face au Speaker.

Ce qui n’empêcha pas ce dernier de l’expulser de l’hémicycle à chaque fois qu’il en avait l’occasion. Parfois même en provoquant arbitrairement ces occasions. Et puis, un an après, Paul Bérenger et Xavier Luc Duval ont déclaré qu’il n’était pas question que Navin Ramgoolam soit le leader de l’alliance des partis de l’opposition contre le MSM en…2024. Comme il fallait s’y attendre, le PTr fit bloc derrière son leader, abandonna le poste de leader de l’opposition et provoqua la cassure de l’alliance. Depuis, XLD a repris le poste de leader de l’opposition et fait bien le job. Avec l’arrivée de Bodha et de Badhain dans l’opposition, l’alliance sans PTr est devenue l’entente de l’espoir. Dont la principale activité est une longue conférence de presse hebdomadaire où chaque leader prend le micro à tour de rôle. Il paraît que des tractations sont en cours pour un retour du PTr dans l’alliance de l’opposition pour les élections de 2024. Espérons, pour la démocratie et pas pour les egos des leaders, qu’ils suivront la leçon rodriguaise et se consacreront plus à la préparation d’un programme de société pour Maurice et à mobiliser les électeurs plutôt, que de savoir qui sera le chef de l’alliance en gestation.

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Le groupe Affirmative Action a organisé une manifestation pour protester contre la censure dont a été victime le cardinal Piat, le 25 décembre. La manifestation était organisée pour demander où en était l’enquête sur cette censure. Cette manifestation serait passée inaperçue si le directeur de la MBC n’en avait pas fait un sujet du JT de jeudi dernier. Un sujet dans lequel il a essayé de récupérer la manifestation, ce qu’il a complètement et piteusement raté, comme la majeure partie de ses initiatives. Dans le sujet télévisé et dans la presse, il a déclaré « que la personne qui a fauté dans cette censure-là va payer » Mais est-ce que ce n’est pas le directeur général de la MBC – même s’il n’a que le titre d’adjoint – qui est responsable de tout ce que diffusent ses chaînes ? Donc, celui qui est responsable de la censure du message de Noël du Cardinal Piat n’est autre que M. Ramsurrun, et il doit payer. Maintenant, s’il vient dire qu’un employé de la MBC est capable de censurer le message d’un chef religieux sans l’en aviser, il admet qu’il est un mauvais directeur général, incapable de contrôler ce qui se passe à la MBC. Dans les deux cas, c’est lui qui doit payer.

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