L’année des crapauds

On les appelle les petits hommes bleus lorsqu’on veut rester poli, mais ils sont aussi de plus en plus désignés comme des crapauds. Oui, on dira qu’ils ne sont pas tous comme ça. Il y en a, peu nombreux, qui ont endossé l’uniforme de policier pour de bonnes raisons, être du côté du droit et des citoyens, mais il y a aussi, malheureusement, beaucoup trop de « ripoux » qui se croient tout permis et qui ont rejoint la police parce que c’est la couverture toute trouvée pour des délits en tous genres.

- Publicité -

Est-ce normal qu’il y ait chaque semaine un policier qui est impliqué dans un acte délictueux ? Cette semaine, deux cas relevés. Celui d’un policier qui, en pleine journée, a, selon ses dires, été pris de sommeil après avoir consommé de l’alcool. Il a atterri sur les rails du tramway de la route Sivananda. Le second est celui d’un sergent qui a été arrêté pour avoir volé un téléviseur… aux Casernes centrales. Of all places ! On ne sait pas s’il croyait que la Coupe du monde se prolongeait ou si la finale Argentine-France allait être rejouée, mais son explication, risible, est qu’il avait pris l’appareil pour le faire réparer. On se met à rigoler des comportements déviants de ceux qui sont censés faire respecter la loi. Mais c’est du mauvais vaudeville et ça n’a rien de léger. Bien au contraire.

On revient en cette fin d’année sur la police parce que, après la commission électorale, elle est, dans un pays de droit et qui se dit démocratique, l’autre pilier essentiel sur lequel s’appuie la société pour que l’ordre et la paix règnent et que justice soit faite. Mais aussi parce qu’elle s’est particulièrement distinguée en 2022 pour avoir été mêlée à de sordides affaires, dont le rappel a de quoi donner des frissons. C’est l’année des crapauds.

On a tout vu cette année, des policiers tortionnaires et sadiques qui n’hésitaient pas à utiliser des tasers sur des prévenus dans le but d’obtenir des confessions et ainsi bâcler et boucler les enquêtes, même si, en leur âme et conscience, ils savaient parfaitement que leurs victimes étaient innocentes. Il y a les enquêtes express, celles qui visent les opposants et les empêcheurs de tourner en rond, et celles qui prennent tellement de temps que le délit est oublié, les victimes jamais rétablies dans leurs droits et leurs attentes, et leurs auteurs poursuivant, eux, tranquillement leurs petites combines.

Nous évoquions ici même, il y a deux semaines, les crimes dont sont capables et coupables des hommes pour qui le seul port de l’uniforme donne des droits de vie et de mort sur leur épouse ou copine. Comment de tels bourreaux ont-ils pu se retrouver au sein de la police ? La police qui est censée faire le profiling des criminels et de les mettre au pas devrait commencer pas un exercice en interne pour voir si tous ceux qui sont recrutés ne présentent pas des profils de délinquants et de criminels.

La drogue est un gros morceau. Le Premier ministre revendique en avoir fait son cheval de bataille. Il y a les saisies très médiatisées et des millions et des milliards mentionnés ici et là pour épater l’opinion, alors que la réalité du combat contre la drogue est tout autre. Il y a ces avocats spécialisés dans les affaires de drogue, parce que cela rapporte forcément gros le commerce de la mort, qui agissent de manière tellement outrancière que l’on pourrait finir par croire qu’il n’y a plus aucun trafiquant de drogue dans le pays, mais il y a aussi, plus inquiétant, ces liens plus que troubles qu’entretiennent certains policiers avec de généreux trafiquants pourtant notoires et qui ne sont jamais pris la main dans le sac ou le sac dans la main, comme dirait l’autre.

Lorsque vous visitez une ville, une banlieue, un village, vous trouverez toujours de nombreux voisins pour vous dire que la belle villa et la demi-douzaine de cylindrées garée juste devant qui se distingue du reste du patelin sont la propriété d’un trafiquant de drogue. Tout le monde le sait mais la police, elle, ne passe jamais par là. No landing, no striking, niet. Le cas d’un trafiquant notoire de l’ouest est intéressant à plus d’un titre. Appréhendé avec une grosse somme d’argent qui provenait incontestablement de son trafic habituel, l’homme au tout terrain, terreur de la côte, a finalement été verbalisé pour une histoire de permis de conduire et l’argent découvert a changé d’adresse comme par enchantement.

Il y a bien une Independent Police Complaints Commission, mais elle marche à coups de taser, au figuré bien entendu, lorsque les défenseurs des Droits humains, la presse et l’opinion dénoncent et exercent une pression pour que justice soit rendue aux victimes de brutalité policière et autres travers des hommes en uniforme. Sinon, c’est les vacances permanentes et l’argent du contribuable qui va remplir les poches de quelques agents politiques.

Le Premier ministre et ministre de l’Intérieur, lui, ne se contentera que de répéter qu’aucune brebis galeuse ne sera tolérée. Mais ce ne sont pas que quelques brebis galeuses, mais des éléphants complètement parasités que nous avons au sein de la police. La réforme de cette police qui confond l’uniforme avec l’habit du tortionnaire et pour qui une enquête est à charge, même s’il n’y a aucun fait concordant ni le moindre élément de preuve certainement pas celle d’un Premier ministre qui a lui-même été l’instrument de sa politisation, du recrutement jusqu’à l’édiction de directives partisanes, selon la position de son radar en passant par un choix personnel vcommissaire.

Ce sera pour le prochain gouvernement que le peuple aura choisi et qui s’engagera dans une réforme rapide de la police. La farce policière n’a que trop duré. Stop !

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -