Le trio de la honte

Ils doivent être un brin maso pour aimer prendre ainsi claque sur claque. Ou alors ils sont tellement englués dans leur aveuglement partisan qu’ils ne tirent aucune leçon des récents événements. Le 30 mars 2021, après des protestations de plusieurs membres de l’opposition après que le nominé politique du MSM au perchoir annonçait qu’il avait décidé de corriger le Hansard (les procès-verbaux officiels des délibérations de l’Assemblée nationale) pour enlever une question de Patrick Assirvaden, les députés Paul Bérenger, Arvin Boolell et Rajesh Bhagwan étaient suspendus des travaux de l’Assemblée nationale.

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La nouveauté alors, parce qu’avec le trio de la honte Phokeer-Jugnauth-Obeegadoo, il faut toujours aller plus loin dans l’infamie, les trois députés avaient été suspendus « pour la durée de la session », soit jusqu’aux prochaines élections générales. Au lieu de donner raison aux sinistres auteurs de cette décision arbitraire et présenter des excuses, les trois B décidèrent de s’en remettre à la Cour suprême. À peine les débats entamés devant le chef juge Asraf Caunhye et des questions pertinentes posées que la partie défenderesse a dû rapidement battre en retraite.

La suspension indéfinie des trois députés de l’opposition, qui constituait une violation de leurs droits légitimes de siéger à l’Assemblée nationale et une privation des attentes de leurs mandats d’être durement représentés, fut levée le 18 mai 2021 suivant une motion présentée et adoptée en ce sens par Pravind Jugnauth. C’est tout penaud qu’il avait, sans craindre de paraître ridicule, justifié cette démarche en invoquant la possibilité pour les députés de participer aux débats sur le budget. Les trois B avaient regagné l’hémicycle le 1er juin. Et l’on aurait pu penser qu’après cet épisode indigne, les instigateurs des coups fourrés contre l’opposition allaient faire amende honorable. Non.

Arvin Boolell a été suspendu depuis la fin de l’année dernière. Il devait reprendre son siège le 11 avril. Sauf que, le 4 avril, Sooroojdev Phokeer, celui que le MSM considère digne d’être un Speaker malgré ses antécédents peu reluisants, se fendait d’une déclaration en début de séance pour menacer le chef de file du PTr « d’actions » pour des propos qu’il aurait tenus lors d’une émission radio. Le vieux routier qu’est Paul Bérenger, celui qui connaît sans doute mieux les Standing Orders que le semblant de Speaker que le Sun Trust a installé comme arbitre des joutes parlementaires, prévenait publiquement, dès le 8 avril, que Sooroojdev Phokeer « avait l’intention de commettre un acte illégal » en sanctionnant Arvin Boolell pour des faits qui se seraient déroulés hors de l’hémicycle.

On aurait pensé que ceux qui ont une connaissance légale la plus élémentaire au sein de la majorité auraient considéré à sa juste valeur cette mise en garde bien inspirée et qu’ils auraient freiné les élans de celui qui se comporte comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Non, Pravind Jugnauth et Steve Obeegadoo ont soutenu, avec un enthousiasme à peine dissimulé, les délires délictueuses de Sooroojdev Phokeer en faisant voter, le 11 avril, une motion de suspension de celui qui venait tout juste de retrouver son siège de député. Arvin Boolell s’en est, le demain même, remis à la Cour suprême.

La décision interlocutoire est tombée vendredi : la juge Shameem Hamuth-Laulloo a, devant le peu de résistance affiché par les représentants légaux de Sooroojdev Phokeer, gelé la suspension du député du PTr qui pourra participer aux travaux parlementaires de mardi prochain. En attendant qu’un procès en bonne et due forme soit instruit contre le Loudspeaker le 25 avril prochain. Compte tenu des tenants et des aboutissants de cette triste affaire, il ne serait pas étonnant que les avocats de ceux qui ont orchestré cet acte illégal abandonnent une nouvelle fois la partie.

Si cela s’avère et que la justice confirme sa sanction contre le Speaker et ses complices, Pravind Jugnauth et Steve Obeegadoo, ces derniers devraient avoir la décence de tirer les conséquences logiques qui s’imposent. Mais ne rêvons pas. Tout ce désordre, toutes ces expulsions arbitraires, ces suspensions abusives, dont les divers « tarifs » n’ont aucune justification, avec deux séances pour l’un, quatre ou cinq pour l’autre, c’est parce qu’il y a une tentative délibérée, depuis les dernières élections générales de museler l’opposition et de l’empêcher d’exercer son droit démocratique de confronter le gouvernement.

On peut trouver comme ça d’innombrables exemples pour illustrer le parti pris grossier et flagrant de Sooroojdev Phokeer. La séance de mardi dernier en a été amplement témoin. Lorsqu’il a vu que Maneesh Gobin commençait à bafouiller face aux coups de boutoir du leader de l’opposition et que celui-ci se proposait de porter l’estocade en invitant celui qui est toujours l’Attorney General et ministre de l’Agro-Industrie à dire oui ou non s’il était à la désormais fameuse soirée du 12 septembre 2020 à la chasse de Dayot et Mangenie, le président de séance a vite fait de sonner la fin de la partie.

Même attitude grotesque de celui qui se pose en gardien de but lorsque Patrick Assirvaden qui, heureusement, n’a pas démissionné pour faire plaisir aux frustrés qui piaffent d’impatience dehors pour trouver ou retrouver l’hémicycle, a, avec raison, lié le bénéficiaire d’un contrat de location du CEB à Rivière du Rempart à la célèbre affaire de pot-de-vin entourant l’allocation d’une chasse tout près de Grand-Bassin. Oui, c’est l’épouse de Rajesh Ramnarain, un agent politique du MSM au N°7, considéré comme le « bribe collector » et celui que l’ICAC, pour d’obscures raisons, tarde à convoquer dans l’affaire de la chasse, qui est l’heureuse bénéficiaire de ce contrat qui court à près de Rs 50 000 par mois.

Ce contrat de location et le cas de corruption dans l’allocation de 300 arpents procède du même système que l’on a retrouvé au N°8 et qui a fini avec le meurtre de Soopramanien Kistnen. Celui d’une mafia bien organisée.

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