Les dernières “stratégies” des chatwas du PM

Les dernières semaines de 2021 ont confirmé ce que l’on savait déjà : en dépit de ses appels à l’unité, le gouvernement compte continuer dans la voie de l’affrontement, de la provocation et de la répression pour maintenir un climat de tension sociale dans le pays.

- Publicité -

Un climat qui, selon ses stratèges, ne peut que lui bénéficier face à une opposition, encore divisée, et lui permettre de remporter les prochaines élections. Rappelons les dernières étapes de cette stratégie du MSM.

En octobre-novembre, alors que le pays connaît une inquiétante augmentation officielle des cas de Covid, la priorité du gouvernement est de faire voter une loi pour rendre plus sévères les règlements sur l’utilisation des réseaux sociaux et d’amender l’IBA, pour surveiller davantage les radios privées. Plus précisément celle qui la gêne le plus avec ses émissions critiques de son action qui bénéficient d’un fort taux d’écoute : Top FM. Beaucoup ont dit à l’époque que ces lois n’avaient en fait qu’un objectif : restreindre par la menace la liberté d’expression des internautes et des animateurs de la radio qui donnent trop la parole aux adversaires du gouvernement. Les partisans du gouvernement ont rétorqué qu’il n’y avait aucune mauvaise intention dans ces lois et que ceux qui les contestaient étaient — insulte orange suprême — des antipatriotes.

Au Parlement, après une accalmie de quelques semaines, provoquée par l’absence du Speaker, l’affrontement gouvernement/opposition et les expulsions ont recommencé de plus belle avec son retour. Avec dans le rôle du spécialiste des motions d’expulsion celui qui, du temps où il était encore dans l’opposition, avait annoncé son désir de « faire la politique autrement. » Dans la dernière semaine de décembre, deux faits sont venus confirmer l’intention avérée du gouvernement de pratiquer la menace et la censure pour bâillonner la liberté d’expression à Maurice. Il y a eu tout d’abord une lettre de l’Independant Broadcasting Authority adressée à Top FM confirmant que ses émissions sont suivies à la loupe.

L’IBA dit avoir trouvé que la radio accordait trop de temps de parole aux critiques du gouvernement et cite comme exemple… plusieurs émissions sur l’amendement à l‘IBA, obligeant la radio à révéler ses sources d’information. En ce faisant, l’IBA se comporte à la fois comme juge et partie dans une affaire qui la concerne directement alors que son nom commence par l’adjectif… indépendant ! Mais il y a eu mieux — si l’on peut dire — dans la démonstration de la détermination du gouvernement de ne pas tolérer les critiques. Le 25 décembre, la MBC a censuré une partie du traditionnel message de Noël du Cardinal Maurice Piat. Cette censure aurait été décidée par la rédaction qui avait estimé qu’une partie du message du Cardinal contenait « des mots blessants ».

Je le répète depuis des mois : le principal problème de ce gouvernement, c’est que ses stratèges — autoproclamés — et ses chamchas-chatwas sont tellement grossiers et stupides que toutes leurs “brillantes” stratégies finissent par se retourner contre leur chef. En censurant le message du Cardinal, ils n’avaient pas réalisé que depuis des années, le texte est envoyé à la presse et, depuis leur avènement, aux sites des réseaux sociaux. Donc, dès la diffusion du message, sa censure a été notée et répercutée en provoquant une condamnation unanime et le message in toto diffusé dans la presse et sur les réseaux sociaux. Avec le passage coupé qui n’avait rien de blessant et se contentait de résumer le sentiment des Mauriciens face au Covid-19 et ses conséquences. Du coup, la MBC a été obligée de rediffuser le message de Noël dans son intégralité deux jours après le 25 décembre.

Pour essayer de justifier sa censure, la MBC a avancé une excuse des plus stupides : c’est un technicien qui aurait décidé de couper le passage parce qu’il trouvait le message du Cardinal… trop long ! À qui fera-t-on croire qu’à la MBC, un technicien peut décider d’enlever une partie du message de Noël du chef de l’Église catholique à Maurice sans obtenir le feu vert de la hiérarchie, de Lakwizinn ou du ministre responsable de la MBC ? Dans n’importe quelle télévision démocratique, cette censure de la MBC aurait provoqué la démission du responsable de la station. À Maurice, le supposé responsable se cache derrière le fameux slogan « pa mwa sa, li sa. » Comme le fait le chef du gouvernement, et ses ministres, à chaque fois qu’ils sont interpellés sur le bien-fondé de leurs décisions.

Donc, 2021 a fini comme il avait commencé pour le gouvernement : avec des tentatives de museler l’opinion, de censurer les critiques et des “stratégies” qui se retournent contre ses inventeurs. Répétons-le : l’ennemi du Premier ministre ne sont ni les internautes, ni les citoyens critiques, ni les journalistes qui font correctement leur métier. Ceux qui portent atteinte à son image et sa réputation sont ses cuisiniers/chatwas/chamchas qui lui disent ce qu’il veut entendre et l’embarquent dans des stratégies qui ne font que le ridiculiser.

Jean-Claude Antoine

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -