Maman et maman

— Alors, tu as fini de choisir ?

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— De choisir pour qui je vais voter aux prochaines élections ? Franchement te dire, je me demande même si je vais aller voter.

— Mais il faut aller voter, toi. Il faut mettre dehors cette équipe qui est au pouvoir là !

— Tu crois vraiment que les autres seront meilleurs ? To pa per ki sap dan karay tom dan dife ?

— Parfois, il vaut mieux tomber dans du feu que rester dan karay ! Ce n’est pas des élections dont je parlais. Mais de ton cadeau pour la fête des mères.

— C’est pas la fête des mères mais celle des commerçants. Tu as vu cette quantité de soldes, de catalogues dans les journaux et sur internet pour mom, mam, mami, mamour, zoli mama, mam number one ?! Tout ça c’est de la promotion pour faire vendre leurs marchandises en utilisant les mamans !

— Ayo, qu’est-ce que tu vas faire, c’est comme ça maintenant. Mais au moins tu peux choisir ton cadeau.

— J’ai dit que je ne voulais pas de cadeau.

— Mais pourquoi, toi, c’est sympa d’avoir un cadeau pour ta fête.

— Ma fête ! C’est la fête des commerçants je te dis. C’est comme la Journée de la Femme : c’est un seul jour une fois par an. Et le reste de l’année alors ?!

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Ce que je viens de dire ? Pourquoi est-ce qu’on célèbre la maman une seule fois par ? Et le reste de l’année, elle n’est pas maman, mais juste la bonne à tout faire dans la maison ?

— Ma chère ! On croirait entendre une féministe ! Qu’est-ce qui te prend ? Fais comme tout le monde et accepte ton cadeau tranquillement.

— Je ne veux pas de cadeau parce que je sais que mon souhait pour la fête des mères ne peut pas être réalisé.

— Quel est ton souhait ?

— Qu’au lieu d’un cadeau pour la fête des mères, on me donne un bon coup de main dans la maison pour tout le reste de l’année.

— On ne te donne pas un coup de main dans la maison chez toi ?

— Pour la fête des mères, ils vont m’apporter ma tasse de thé au lit, avec une rose, ils vont mettre un peu d’ordre dans la maison et commander un take-away pour le dîner, pour que j’ai pas à cuire. Mais ils vont le faire seulement pour la fête des mères. Le reste de l’année, c’est moi qui fais tout dans la maison. Sans compter mon travail au bureau.

— Ils ne font rien à la maison ?

— Ils font, mais mal et tu dois passer derrière eux à chaque fois pour refaire. C’est une perte de temps et d’énergie, toi. En plus, mon bonhomme n’a pas le temps après le travail avec son football et ses copains. Les enfants ont leurs leçons et leurs devoirs, et leurs « chat » avec leurs copains sur leurs portables. Par conséquent, c’est moi qui fais le tout dans la maison tous les jours. Alors, s’il te plaît, ne viens pas me parler de la fête des mères !

— Sorry de te dire ça, mais tu leur à donné de mauvaises habitudes. À commencer par ton bonhomme.

— Je sais, mais quand tu as une belle-mère qui n’arrête pas de dire que dans sa maison son garçon ne faisait strictement rien, qu’il ne lavait même pas une tasse, comment tu vas lui demander de faire la vaisselle ?! Les enfants c’est pareil. Tu sais comment c’est, tu cèdes une fois et ça devient une habitude. Qu’est-ce que tu vas faire !

— Tu vas donner un cadeau à ta belle-mère, tout de même ?

— Bien obligée. Elle a dit qu’elle ne voulait pas de cadeau, mais de l’argent pour acheter ce qu’elle veut.

— Puisque tu parles d’argent, tu connais la dernière du gouvernement ?

— Ayo. Vrai même tu ne pas avoir une conversation sans mettre la politique dedans !

— Laisse-moi au moins finir, foutour va ! Tu sais que le gouvernement a avancé la date de la paye pour la fête des mères ?

— C’est une bonne mesure pour ceux qui veulent acheter des cadeaux pour leur maman, tu ne trouves pas ?

— Oui. Sauf que cette mesure ne concerne que les fonctionnaires.

— Tu veux dire que pour les employés du secteur privé vont avoir la paye comme d’habitude, à la fin du mois ?

— Exactement !

— Et les employés du secteur privé qui veulent acheter un cadeau pour la fête des mères et attendent leur paye, comment ils vont faire ?

— Ils auront à se débrouiller.

— C’est pas juste. On dirait que pour le gouvernement il y a deux qualités de mamans à Maurice : celles des fonctionnaires et celles du secteur privé !

— Tu as tout compris !

— Tu me fais penser à une affaire : les fonctionnaires sont toujours mieux traités que les employés du secteur privé. Quand il y a des alertes de grosses pluies, les bureaux du gouvernement ne travaillent pas, mais ceux du secteur privé travaillent. On dirait que les employés du secteur privé sont considérés comme des Mauriciens de deuxième catégorie !

— C’est évident.

— Tu sais ce tu viens de faire là ?

— Quoi donc ?

— Tu as réussi à me convaincre qu’il faut que j’aille voter aux prochaines élections.

— Je ne demande pas pour quel parti !

— Je ne vais certainement pas aller voter pour un parti qui considère que, parce que je ne suis pas une fonctionnaire, il me traite comme une Mauricienne de deuxième catégorie !

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