Perdre le Nord …à Réduit !

L’assemblée générale spéciale de l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA), tenue dimanche dernier au stade Maryse Justin à Réduit, a tranché. Vivian Gungaram et Claude Duval ont été déclarés persona non grata “…for breach of trust with fraudulent intent, in the exercise of their fiduciary responsibilities.” La motion est du Dr Raj Moonisamy, celui qui avait révélé des irrégularités dans les comptes de l’association l’année dernière.
Sauf qu’on ne peut s’empêcher de questionner le pourquoi de cette motion en avril 2024 ! Alors que Vivian Gungaram a démissionné de toutes les instances de l’association depuis juillet et que le second a été démis de ses fonctions de trésorier en juin. Cela, après avoir reconnu, selon le président Paramasiven Sammynaden, son implication dans une affaire liée aux frais des licences.
Il ne faut pas non plus plus oublier qu’une enquête policière a été initiée après les dépositions de Vivian Gungaram et de Paramasiven Sammynaden. Pourquoi autant d’empressement, alors qu’à ce stade, aucune accusation formelle n’a été logée ? Forcément, cela crée des doutes, non seulement dans l’opinion publique, mais surtout parmi les délégués de l’AMA.
Du reste, apprenons-nous, la décision de déclarer les deux anciens membres persona non grata aurait été prise dans la douleur. Cela, sans doute, au grand désarroi de certains qui pensaient obtenir une majorité absolue. Un vote seulement aurait fait pencher la balance, alors qu’un délégué se serait abstenu !
Preuve qu’on n’est pas tous sur la même longueur d’onde à l’AMA et qu’on est loin d’épouser la façon dont certains ont décidé de mener la vie dure à Vivian Gungaram. Alors que ce dernier a uniquement reconnu avoir signé des chèques à l’aveugle au nom de la confiance à Claude Duval.
Ce qui est toutefois important de souligner, c’est qu’aucun règlement à l’AMA n’interdise à un membre de présenter une motion de persona non grata sans passer par des procédures comme c’est le cas dans certaines fédérations. Là où tout écart de conduite aurait nécessité l’institution d’un comité disciplinaire avant que les recommandations ne soient transmises au comité directeur pour être approuvées. L’assemblée générale spéciale n’est convoquée qu’en dernier lieu pour valider ou pas la décision.
Si on voulait tant faire le procès de Vivian Gungaram et de Claude Duval, n’aurait-il pas été plus juste de les inviter à cette assemblée ? Cela, dans un souci de transparence et d’équité, afin de leur donner la chance de se défendre face aux accusations formulées à leur égard.
D’autant que, la veille, le Dr Raj Moonisamy avait pris le soin de faire circuler le contenu de sa motion aux délégués — avec copie aux deux concernés — et, qui plus est, accompagné de force détails ! Ce faisant, n’a-t-il pas influencé les débats avant l’heure et précipité la décision ?
Il n’est nullement de notre intention de défendre qui que ce soit. Sauf qu’en s’obstinant à s’en prendre à Vivian Gungram, certains nous donnent cette impression que les intérêts sont ailleurs. Et l’ancien secrétaire de l’AMA l’a fait savoir, dimanche dernier, en déclarant que ce qui se passe actuellement ressemble tristement à une vengeance contre sa personne. À ceux concernés de prouver le contraire.
Décidément, la façon de procéder de l’AMA doit être remise en question notamment après la démarche du 11 mars. Celle de s’être substituée à la police en convoquant Vivian Gungaram et Claude Duval, au même titre que la presse, à une descente policière à Réduit ! Surprenante, n’est-ce pas ? Étonnant aussi que la descente a été effectuée…deux mois après la révélation qu’aurait fait Claude Duval concernant la somme de Rs 150 025 qui se trouvait dans une boîte en bois dans son ancien bureau !
Seul le temps nous dira si les accusations formulées par le Dr Raj Moonisamy à l’égard de Vivian Gungaram sont justifiées ou pas. En revanche, ce n’est le rôle de quiconque à l’AMA de forcer un jugement avant même les conclusions de l’enquête policière. Et ça, le camp de l’ancien secrétaire de l’AMA ne l’a pas apprécié. La décision a été d’ailleurs prise de réagir et il n’est pas à écarter un retour de manivelle notamment par l’entremise d’une action légale.
Ce qui est certain, c’est que les égo ont pris l’ascendant sur l’essentiel à Réduit, au point de générer ce sentiment d’une vengeance personnelle. D’autant que, pour l’heure malheureusement, certains semblent avoir oublié les réels objectifs de leur mission qui est de rassembler et d’instaurer à nouveau la confiance au sein d’une discipline en proie de doutes !

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Jean-Michel Chelvan

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