Quel triste spectacle !

Est-ce vraiment la fin d’un cycle ou tout simplement la manifestation d’un dépérissement programmé et attendu de la politique telle que pratiquée depuis l’indépendance? Ou les deux? Ce qui est certain à ce stade, c’est que la population, déjà confrontée à de multiples problèmes du quotidien, n’a jamais été aussi perdue, désabusée, lassée de ce triste spectacle qui lui est offert par l’ensemble de la classe dirigeante.

- Publicité -

Les mauriciens ne veulent plus entendre parler de ce gouvernement et ils ont bien raison mais, comme toujours, ils veulent voir le recours, l’alternative, cultiver l’espoir et entrevoir l’horizon. Ils sont comme dans une déshérence totale. Mais jamais sans doute dans l’histoire, il y a eu, dans le pays, autant de blasés, et de dépit généralisé.

La population en a marre d’un gouvernement minoritaire dans le pays qui n’en finit pas de la provoquer. Il y a les prix, une huile commandée qui n’arrive et qui doit finalement être achetée subventionnée sur le marché local par la STC, avec nos propres sous d’ailleurs, la faillite de la quasi-totalité des institutions, la Banque de Maurice, la SBM qui ne se contente plus de jeter Rs 12 milliards dans les poches d’un aventurier étranger sans jamais recouvrer un seul dollar mais qui, en plus, est condamnée à payer Afrasia Bank Rs 340 millions.

Il y a la STC, maintenue en vie à coups de taxes imposées sur le carburant, le SIT, jadis une fierté qui, aujourd’hui, fait “splash” par les choix d’y placer des agents politiques sans envergure et sans expérience gestionnaire ou, encore des casinos, tellement mal gérés, qu’ils sont sur le point d’être soldés.

Il y a un abonnement aux scandales de la part de ce gouvernement qui est tout simplement ahurissant. Celui du “sniffing” à Baie du Jacotet est en passe de devenir le feuilleton le plus rocambolesque de l’hiver. à la Telecom Tower, les nouveaux “blue eyed boys” se comportent déjà comme des anti-modèles de la bonne gouvernance.

Si la directrice des ressources humaines de Mauritius Telecom est sanctionnée pour de supposées libertés prises avec les promotions et les titularisations de détenteurs de contrats courts, le retour de l’homme aux “valeurs”, visiblement variables au gré des circonstances et qui a peut-être craint de finir comme le malheureux Soopramanien Kistnen aux mains de la mafia, est accompagné de la création d’un poste qui n’existe apparement pas sur l’establishment de l’entreprise. Si c’est çà “mettre de l’ordre”, on n’est pas encore sorti de l’auberge.

La “sniffgate” est d’autant plus dommageable qu’elle a un volet diplomatique. Et qui dit diplomatie dit marcher sur des oeufs et mesurer chaque phrase, chaque mot prononcé et même le ton sur lequel il est décliné. Là aussi, malheureusement, c’est le Premier ministre lui même qui a pris le mauvais pli en révélant avoir eu une conversation avec son homologue indien sur le “survey” effectué sur nos installations hautes sécurité de Baie du Jacotet.

Or, après avoir embarrassé l’Inde, c’est au tour d’un de ses ministres connus pour ne pas trop bien maîtriser la communication publique, de provoquer le courroux de la Chine en invitant Huawei dans le débat sur la “sniffgate”. Avec les réactions que l’on connaît et qui a forcé le discret Alan Ganoo à effectuer quelques mises au point…diplomatiques.

La grande question aujourd’hui, à deux ans des prochaines échéances, est de savoir qui choisir pour remplacer le pire des gouvernements que le pays n’ait jamais connus. Certains diront qu’il est trop tôt pour affûter ses armes et que le plus urgent est d’attendre. Peut-être. Mais faut-il pour autant que l’opposition se ridiculise ainsi?

Les partis dit traditionnels et leurs “dinosaures” essayent tant bien que mal à constituer un front commun contre un gouvernement tyrannique, intolérant et qui a failli sur tous les plans. Cela ne suffira pas même si, sur le papier, le casting peut être gage de réussite. Comme nous sommes à un tournant dans la vie politique du pays, les hommes ne suffiront pas. Il va falloir un programme dans lequel la population se reconnaît et qui soit conforme à ses attentes.

Certains ont, à un moment, cru qu’il suffisait de se débarrasser des “dinosaures” et que le tour était joué. Ils ont misé sur la nouveauté. Sur l’opposition extra-parlementaire qui, elle-même, est composée de “dinosaures” qui ont juste teint leurs cheveux en noir pour donner l’impression d’être d’une prime jeunesse. Le renouveau, pourquoi pas s’il est vraiment sérieux crédible, rassurant et prometteur?

Mais ce n’est pas du tout ce qu’on a vu jusqu’ici. à part réclamer la démission de l’opposition parlementaire à chaque conférence de presse et à chaque réunion nocturne sans mesurer ce que cela pouvait avoir comme conséquences pour le pays et comme s’ils étaient pressés de prendre la place des députés dûment mandatés, ces formations se montrent pires que les oppositions officielles.

Ce qui se passe au sein de Linion Pep Morisien est un vrai vaudeville. Sa réunion de vendredi soir à Pointe aux Sables est un morceau d’anthologie. Entre l’absent Bruneau Laurette qui finit par faire irruption pour annoncer sa démission et un collègue qui le qualifie de “cerf volant casse la ligne”, c’est du komiko en direct mais en spectacle moins désopilant. De quoi réhabiliter les “dinosaures”!

Non, il ne suffit pas de crier BLD ni faire des manifestations tous les jours et des coups d’éclat toutes les semaines pour faire partir un gouvernement. Certains ont visiblement confondu agitation et politique sérieuse.

Et si certains des adeptes de l’agit-prop se sont cru déjà à l’hôtel du gouvernement, c’est aussi la faute à la presse qui érige des fausses valeurs, des individus, qui n’ont encore rien prouvé, en héros et des aventuriers sans cervelle en génies.

Oui à la nouveauté, mais à celle qui est capable de fédérer, de présenter une équipe à la hauteur des enjeux, qui sont considérables et qui ne sauraient souffrir de l’amateurisme et de l’approximation.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -