Quelle hypocrisie !

Voilà où nous en sommes après 54 ans d’indépendance ! Le Champ de Mars, jadis haut lieu des grands rassemblements hippiques et de la famille, se retrouve, depuis le 27 avril, en phase d’extinction. La mairie de Port-Louis ayant décidé d’expulser, « manu militari », le Mauritius Turf Club (MTC) hors des lieux pour des raisons qui sont très loin d’être transparentes.

- Publicité -

Ainsi, les autorités ont osé, sans gêne aucune, de rayer de la carte un patrimoine vieux de 210 ans. Ce qui n’est, somme toute, pas vraiment une surprise en tenant justement compte de la considération qui est accordée à nos patrimoines. Consultez les archives et vous verrez comment la School, symbole même de l’Education nationale à Maurice, a été détruite.

Si nous avons décidé de revenir sur la mission « kamikaze » entreprise par le gouvernement, via la Gambling Regulatory Authority (GRA), contre un MTC que dirige démocratiquement Jean-Michel Giraud depuis mars 2021, c’est pour dénoncer ce qui commence, depuis très longtemps, à devenir une évidence dans ce pays. Celle d’un gouvernement qui se croit tout permis, quitte à glisser, tout doucement, sur une pente dangereuse et à basculer dans un système unilatéral où la voix du peuple ne compte plus.

Ainsi, la campagne qui consiste à « saigner à blanc » le MTC, au cours de ces 12 derniers mois, est infecte et mérite d’être continuellement dénoncée. Et nombreux sont-ils les citoyens de ce pays à penser comme nous. Pas Pravind Jugnauth toutefois, ses « suiveurs », son bailleur de fonds par excellence et désormais ces propriétaires de chevaux et autres entraîneurs qui ne jurent que par autre chose. Au lieu de soutenir la mise en place d’une politique de bonne gouvernance qui a pourtant, pendant ces dernières années, fait défaut à la rue Shakespeare.

Certes, la décision du gouvernement à vouloir mettre de l’ordre au Champ de Mars se relève, somme toute, légitime, notamment à un moment où le pays se retrouvait sur la liste noire de l’Union européenne concernant le blanchiment d’argent. Sauf que c’est le modus operandi qui dérange. Au lieu de s’asseoir aux côtés des compétences au MTC, le gouvernement a, lui, préféré de s’en passer pour des raisons évidentes !

Désormais, c’est uniquement la voix du gouvernement qui compte par l’entremise d’une GRA qui est loin d’être exempte de tout reproche. La chronologie des évènements menant au fatidique 27 avril en dit long et condamne cet organisme, sans sursis aucun, sur la place de l’indépendance ! Un terme qui nous était pourtant si cher depuis 1968, mais qui se retrouve désormais vulgairement estropié, voire même de la façon brutale pour ne pas dire barbare, de tous les côtés ! Pourtant, le symbolisme qui lui est propre à la liberté, aurait dû nous réunir tous autour d’une même cause à l’heure où ce pays traverse par des moments très difficiles économiquement comme socialement. Malheureusement, on semble avoir d’autres priorités, quitte à empiéter sur notre liberté de pensée des autres et surtout reprendre, de façon la plus honteuse, l’espace accordé !

Eh bien, c’est justement cela qui nous inquiète. À l’heure même où la République de Maurice tente par tous les moyens de reprendre le contrôle de ses terres et mers, les Chagos, des mains des Anglais ! Le gouvernement mauricien jugeant une appropriation illégale. Quitte à en faire de même, en retour, au MTC en réquisitionnant le Champ de Mars ! En somme, de la démagogie pure et simple ou tout simplement une hypocrisie. Au même titre que la récente déclaration du Premier ministre de reprocher à la population les manifestations en son absence du pays ! Au moins, n’aurait-il pas été plus élégant de sa part, en tant que chef d’Etat responsable, qu’il annonce lui-même la cascade d’augmentations à son retour de l’Inde ?

À vouloir trop s’obstiner à reprendre le contrôle de l’organisation des courses au MTC et, par ricochet, les terres du Champ du mars, l’action devient révoltante au nom de l’humanité. On pourrait se référer à l’invasion de la Russie d’accaparer injustement les terres appartenant aux voisins ukrainiens. L’expropriation des terres des descendants d’esclaves à Maurice n’en est-elle pas aussi un autre cas d’école ? Tout en questionnant la posture du vice-premier ministre, Steven Obeegadoo, face aux personnes qui se sentent lésées ? Ce qui est encore plus grave, c’est que les intentions du MTC à vouloir déplacer les courses ailleurs avec la construction d’un nouvel hippodrome moderne n’ont jamais été soutenues à sa juste valeur par l’Etat. Et pourtant ! Au lendemain même de l’action de la municipalité, le gouvernement, par le biais du ministère des Finances, a créé le Côte d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd ! Est-ce une façon pour le Premier ministre de consolider ses assises au No.8 après la construction du Complexe sportif et la venue prochaine du métro ?

La question qu’il faut désormais se poser est de savoir si le pays a vraiment besoin de ces tonnes béton et de ferraille au moment même où de plus en plus de Mauriciens dorment le ventre vide ? Cela, en tenant compte des milliards qui y seront consentis et très probablement aussi en termes de prêt à un moment où le pays croule sous les dettes publiques ? Voyez-vous monsieur le Premier ministre, l’histoire a toujours démontré que toute révolte a souvent été associée à un sentiment de mal-être, lié à une grande injustice. Ce qui est malheureusement le cas actuellement, en sport comme dans la vie sociale, avec cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des employés du MTC !

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -