Salvage Operation — “Anything can happen at anytime!”

En moins de 24 heures, l’assurance véhémente du gouvernement contre des risques d’Oil Spill après le naufrage du MV Wakashio au large de Pointe d’Esny depuis quinze jours déjà, s’est avérée sans valeur. A peine le ministre de l’Environnement, Kavydass Ramano, avait-il fait comprendre à l’Assemblée nationale que la situation était sous contrôle et que le ministère de la Pêche avait émis un communiqué s’apparentant à des fake news selon lesquelles que “the ship is not sinking and will not sink”, que l’île Maurice se voit confrontée au pire cauchemar sur le plan de l’environnement, notamment une marée noire envahissante. Cela s’est passé jeudi. Cette réalité découlant des premiers Cracks dans la coque du vraquier, notamment à tribord, a jeté le désarroi parmi les habitants de la côte  Sud-Est, notamment ceux de Rivière-des-Créoles, zone sinistrée avec la montée des Oil Slicks. Puis, depuis hier matin, de nouvelles fissures inquiétantes et conséquentes ont été constatées à bâbord, alors que dans d’autres endroits, le MV Wakashio, mesurant 300 mètres de long et 50 mètres de large présente des Structural Stresses visibles à l’oeil nu pour ceux qui ont pu monter à bord hier matin en marge des opérations de pompage de fioul des réservoirs.

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Ce constat physique de dernière heure pousse des spécialistes en matière de Salvage Operation de souligner que “nothing is deniable” devant la probabilité évoquée depuis la fin de la semaine au sujet d’une fracture structurelle, avec le MV Wakashio scindé en plus de deux parties. Mais aucune des sources approchées par Week-End n’a voulu s’aventurer à se prononcer sur le Timing d’une telle éventualité, compte tenu de différents facteurs, dont les conditions météorologiques. Ainsi, les prévisions établies par la station de Vacoas pour le week-end, notamment des rafales pouvant atteindre 70 km/h aux endroits exposés tard dans la nuit d’hier à ce matin et des houles de plus de deux mètres, n’auguraient rien de bon quant à la stabilité du Bulk Carrier en mer.

Dans l’immédiat avec le danger potentiel d’un éclatement en morceaux de ce mastodonte, avec à son bord quelque 3 800 tonnes de fioul à moins d’un kilomètre des côtes de Maurice, les autorités se sont lancées dans une course contre la montre pour prévenir toute dimension irrémédiable à cette catastrophe écologique appréhendée. Toutefois, l’on craint dans les milieux avisés dans cette Salvage Operation que “tout peut arriver à n’importe quel moment”. Après cette descente des lieux sur le MV Wakashio, menée par des Top Guns de la Special Mobile Force, de la National Coast Guard et aussi de la Police Helicopter Squadron, le message transmis en haut lieu lors de la réunion d’hier après-midi du National Crisis Management Committee sous la présidence du Premier ministre, Pravind Jugnauth, est que “anything can happen at any point in time”.

Une façon de confirmer l’extrême volatilité et gravité de la situation au large de Pointe d’Esny. Et cela en dépit de la teneur du discours officiel tenu jusqu’ici. Le principal développement intervenu dans la journée d’hier est le début du pompage du fioul, alors que dans un premier temps  lors de la mise à exécution du National Oil Spill Contingency Plan sur avis du commissaire de police, Khemraj Servansing dans la spirée du 25 juillet, la priorité définie était bel et bien le pompage des réservoirs de carburant pour limiter les risques subséquents de marée noire.

Si, à hier après-midi, il était question d’un volume de quelque 250 tonnes pompé, deux difficultés ont surgi. D’abord, la capacité des pompes considérée comme étant limitée vu l’urgence de la situation. Et ensuite, les possibilités de stockage du fioul étaient saturées avec le Premier ministre évoquant la possibilité d’avoir recours à l’option d’une connexion avec une barge de récupération. Dans cette perspective, la réception de matériels offerts par la France suite à une demande formulée vendredi devrait déboucher sur une accélération de cette étape.

Dans la journée d’hier, quelque six tonnes de matériels, notamment des barrages flottants, des pompes, des épurateurs (Skimmers) et des tuyaux, venant de l’île de La Réunion, à bord d’un avion militaire Casa (CN 235) effectuant deux rotations, devaient être acheminées dans la soirée d’hier à l’Incident Command Post de Blue Bay. Les responsables de la Salvage Operation peuvent également compter sur l’expérience en la matière d’une dizaine d’experts réunionnais ayant fait le déplacement à bord du même avion. Parmi eux se trouvent un officier de liaison de la Marine nationale française et le correspondant de la lutte contre une pollution maritime par hydrocarbures (POLMAR) de La Réunion.

L’arrivée durant le week-end de l’unité de la marine française, basée à La Réunion, Le Champlain, devrait permettre à Maurice de bénéficier d’un complément d’une douzaine de tonnes de matériels, dont plusieurs types de récupérateurs, ainsi que des barrages absorbants et hauturiers. Commentant la décision de la France de venir en aide à Maurice, le président français Emmanuel Macron souligne dans un tweet que “lorsque la biodiversité est en péril, il y a urgence d’agir. La France est là. Aux côtés du peuple mauricien”.

Mais, à hier soir, l’état de crise s’est installé non seulement parmi les décideurs politiques, qui commencent à prendre la mesure de l’ampleur de la situation, mais surtout il est vécu de manière dramatique par les habitants de la côte Sud-Est, notamment ceux de Rivière-des-Créoles avec l’odeur agressive du fioul planant partout…

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