Simla Kistnen : « Il y a aussi une justice divine. Limem pou fer tou »

•  «  Zordi ki le PM trist pou mwa ? Pandan 4 an kot li ti ete ? Zordi kan so kolistie blansi lerla li koze ? Je ne l’ai pas vu ces quatre dernières années. Li pa mem finn vinn fer enn sinpati are nou lafamiy alor ki Kaya ti zot azan ti pe donn tou pou MSM » • « Lanket mo mari ? Ena mem sa ? Pa pe tann nanie » • « Kaya, dan MSM, zot inn blie so valer. » • « Sans mes avocats, aujourd’hui… Zame personn pa ti pou kone enn meurtre sa ! » • « Tout ce que j’ai dit, je le répète, n’est que la vérité »

Simla Kistnen, veuve de Kaya Kistnen, assassiné par des individus encore libres depuis quatre ans, exprime son choc et son incompréhension après le verdict acquittant Yogida Sawmynaden dans l’affaire de l’emploi fictif de Constituency Clerk. Elle défend la véracité de son témoignage et maintient n’avoir jamais travaillé pour Sawmynaden ni reçu aucun paiement de sa part. Elle annonce, malgré tout, son intention de faire appel auprès du Directeur des poursuites publiques (DPP). Elle espère que la vérité finira par triompher et que justice sera rendue pour son mari. Simla Kistnen critique les déclarations du Premier ministre, Pravind Jugnauth, et de Yogida Sawmynaden, réaffirmant que sa quête de justice est personnelle et indépendante de toute manipulation politique. Elle poursuivra son combat pour que la mémoire de son mari soit lavée de tout soupçon. Pour elle, la justice divine triomphera sur la justice des hommes de pouvoir !

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Simla Kistnen, deux jours après le verdict de la cour acquittant Yogida Sawmynaden dans le case que vous avez intenté concernant l’emploi fictif en tant que Constituency Clerk, pouvez-vous nous partager vos sentiments ?

Mo finn soke. Et je n’en reviens toujours pas. Mo tre soke parce que je ne m’attendais pas à cela. Lorsque le verdict a été prononcé, je me suis posé encore plus de questions. Je ne comprends pas comment on a pu parvenir à cette conclusion. À cet instant-là, j’ai encore plus fortement pensé à mon mari, Kaya. C’est dur, parce que moi, je n’ai dit que la vérité.

Comment vous sentez-vous face à l’évaluation de la cour concernant votre crédibilité ? La magistrate a souligné plusieurs incohérences dans votre témoignage…

Moi, j’ai répondu aux questions en cour et ce que j’ai dit, je le répète, n’est que la vérité. Peut-être que je me suis mal exprimée, mais j’ai dit la vérité. Vous savez, lorsque vous vous retrouvez dans le box et que les avocats vous interrogent, il y a beaucoup d’émotion. Je suis de nature très timide. D’autant que c’est la première fois que j’ai une telle expérience.… Mo pa kone kouma monn perdi sa case-la. Peut-être à cause de l’affidavit. Je ne me souviens pas ce qui a été dit. À cette époque, j’étais en plein choc. Je venais de perdre mon mari dans des circonstances troublantes. Et par la suite, j’ai appris que soi-disant je faisais ce travail de Constituency Clerk… Je ne sais pas ce qui s’est passé.

Pouvez-vous clarifier certains points que la cour a jugés contradictoires ?

Comme je l’ai dit, je ne sais pas ce qui s’est passé. Par exemple, on a dit que j’avais déjà discuté avec l’accusé. Zame mo finn koz ar li. Monn deza dir li bonzour. Enn fwa, mo misie ti malad, li ti vinn get li lakaz. C’était il y a environ cinq ans. J’ai dit bonjour à Yogida Sawmynaden, et je lui ai même servi une collation. Me zame mo pa finn gagn dialog ar li. Mo pann travay pou li. Mo pann gagn lapey ar li. Jamais.

Justement, vous avez maintenu que vous n’aviez jamais travaillé en tant que Constituency Clerk ni reçu de paiement pour ce rôle. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Si j’avais travaillé pour Yogida Sawmynaden en tant que Constituency Clerk, j’aurais dû avoir touché un chèque ! Il a dit qu’il m’a payé pour ce poste à travers mon mari. Mais moi, je n’ai jamais reçu d’argent et je n’ai jamais donné la permission à mon époux de prendre cet argent, s’il y en avait, en mon nom. Yogida Sawmynaden a aussi dit qu’il m’a démis de mes fonctions en juillet. Mais si, comme il dit je travaillais pour lui, il aurait dû me faire savoir qu’il me mettait à la porte ! Moi je ne crois pas qu’il ait remis de l’argent à mon mari à ce propos. D’ailleurs, pendant la période de Covid, Kaya a fait les démarches pour que je puisse bénéficier de l’allocation du gouvernement. Si vraiment j’avais un travail en tant que Constituency Clerk, il n’aurait pas fait cette demande auprès des autorités. Aussi, si j’étais une Constituency Clerk, outre un bureau, j’aurais dû être présente dans les fêtes et autres événements organisés ! Or, je n’ai jamais été dans une quelconque fête et je n’avais pas de bureau.

Quelles étapes envisagez-vous de prendre pour poursuivre votre quête de justice ? Vous avez mentionné votre intention de faire appel au DPP…

Je ne vais pas rester les bras croisés. Je vais rencontrer mes avocats en début de semaine et on devrait faire appel auprès du Directeur des poursuites publiques (DPP). Je n’accepte pas ce verdict. Mardi on fera une conférence de presse pour annoncer ce qu’on entreprendra. J’espère simplement que la justice triomphera. C’est cela mon attente : que la vérité se sache parce que moi, je connais la vérité.

Comment tout ce processus vous a-t-il affecté, vous et votre famille, personnellement ?

Cela a été très dur. Et c’est encore le cas. Ce n’était pas un plaisir pour moi, pendant trois ans de faire des va-et-vient en cour. Surtout dans la peine dans laquelle je me retrouve avec mon fils, d’avoir perdu mon mari. C’est difficile à vivre. Pa dormi mem. Mo rest panse kan pou resi trouv laverite. Heureusement, avec le soutien de mes frères, soeurs et belles-soeurs, et ma mère, mais surtout avec mes avocats, on arrive à avancer.

Comment pensez-vous que ce verdict impacte la recherche de justice pour la mort de votre mari ?

Lanket mo mari ? Ena mem sa ? Pa pe tann nanie. Il paraît qu’une enquête a démarré, mais où cela en est-elle ? Qu’est-ce qu’il en est ? J’espère que cela ne freinera pas la police. C’est tout de même deux affaires différentes. Mais de toute façon, notre quête de justice va continuer.

Pouvez-vous décrire la nature de la relation entre votre mari et Yogida Sawmynaden ?

Mon mari et Yogida Sawmynaden se connaissaient depuis de longues années. Ils étaient ensemble au MMM. Ils étaient des amis depuis toujours et ont toujours travaillé ensemble. En 2014, lorsque Yogida a été candidat pour le MSM, Kaya a travaillé pour lui au N°8. Mon mari était très impliqué dans les réunions qu’il animait même souvent. Lanwit-lizour zot (ndlr : Kaya Kistnen et Yogida Sawmynaden) ti an kominikasion. Zordi mo leker fermal manier li fer… koumadir linn blie tou. Dan MSM, zot inn blie so valer.

La cour a noté l’amitié de longue date, mais aussi les transactions financières entre votre mari et M. Sawmynaden. Comment interprétez-vous cette relation ?

Ils se connaissaient, étaient amis, et mon mari a aussi travaillé pour Yogida Sawmynaden. Il avait eu plusieurs contrats. Il a effectué divers travaux de rénovation pour Yogida. Et c’est tout à fait normal que pour que mon mari puisse payer les travailleurs, il soit à son tour payé par Yogida pour les travaux effectués. Aussi, auparavant, Kaya a travaillé avec Yogida Sawmynaden en tant que foreman. Les chèques dont on parle date d’avant 2020 et les avocats ont tout mélangé.

Avez-vous reçu le soutien de groupes politiques ou sociaux dans votre lutte pour la justice ?

Non aucun. À part ma famille et mes avocats, je n’ai eu le soutien de personne, si ce n’est la population mauricienne, qui a toujours été et est derrière moi. Leur support me donne la force de continuer le combat.

Comment répondez-vous aux critiques de ceux qui doutent de vos affirmations ?

J’ai toujours dit la vérité. Et la vérité c’est aussi que mon mari avait une totale confiance en Yogida Sawmynaden. Aujourd’hui, la cour a décidé ce qu’elle a décidé. Un jour, la justice divine triomphera. Alors les vrais coupables seront démasqués et punis !

Croyez-vous que les coupables paient vraiment leurs fautes un jour ?

Je laisse au peuple juger. Kan Yogida Sawminaden linn sorti lakour linn dir bann koze… Linn dir mwa aret fer sinema… Li dir li finn soufer. Me si li linn soufer pandan 3 an, pandan sa 3 an la, kan li pe rant lakaz, so zanfan pe trouv so papa. Me mwa, biento 4 an mo pe soufer. E pena personn, mo mari nepli la ! Quand c’est la période des fêtes, c’est très dur de vivre tout cela. Ce n’est pas un plaisir pour moi d’aller en cour. Mo pann fer sinema. Je recherche simplement la justice et j’ai envie de mettre cela au clair pour que la population sache à quel type de gens nous avons à faire.

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a aussi commenté le verdict de la cour et s’est dit « triste » pour vous « parski loposition finn manipil enn vev pou fer fos akizasion ». Il a aussi dit que « zordi li vinn montre ki manier ti ena konplo par lopozision pou servi kadav enn dimounn pou fer politik ». Qu’avez-vous à répondre dessus ?

D’abord, laissez-moi dire que c’est de mon propre gré que j’ai intenté ce procès. L’opposition n’a rien à voir dedans. Je n’ai pas été manipulée. Cette affaire me concerne, moi et mes avocats. C’est mon combat. Ensuite, je pose la question : « Zordi ki le PM trist pou mwa ? Pandan 4 an kot li ti ete ? Zordi kan so kolistie blansi lerla li koze ? » Je ne l’ai pas vu ces quatre dernières années. Li pa mem finn vinn fer enn sinpati ar nou lafamiy alor ki Kaya ti so azan, Kaya ti pe donn tou pou MSM. Ma douleur est encore vive. Cela me blesse davantage de l’entendre parler ainsi, parce que mon combat c’est celui de la justice. Il parle de complot ? Quel complot ? Pourquoi ? Contre qui ? Mo ti pou dir zot les mo misie repoz an pe. Et de ne pas venir dire que son nom est utilisé pour des complots et pour un capital politique. Si li koz politik, ki sannla pe vinn fer politik zordi ? Aussi, je voudrais dire : Tou sa letan-la pann trouv Pravind Jugnauth, pann tann li koze, me se zordi ki li pe realize mo enn vev ? Je suis très blessée, parce que mon mari ne méritait pas ça ! 

Si certains critiquent, l’opinion publique semble vous soutenir dans un contexte où elle considère que la justice est injuste contre les pauvres, les moins éduqués et impuissantes contre les puissants. Qu’en dites-vous ?

Effectivement, je ne suis pas riche. Je suis une femme seule qui élève son enfant qui va toujours à l’école. C’est difficile de mener ce combat. Surtout pour des gens pauvres contre des puissants comme vous dites. Heureusement que j’ai à mes côtés mes avocats qui sont toujours là pour moi. Malgré tout, je suis très satisfaite du travail fait. Sans mes avocats, aujourd’hui la mort de mon mari aurait été classée comme un suicide. Zame personn pa ti pou kone enn meurtre sa.

Comment comptez-vous garder la mémoire de votre mari vivante et continuer à chercher justice pour lui ?

Je ne baisserai pas les bras. Lepep ki pou zize. Bondie ki pou zize. Tou dimounn ki konn mwa kone mo pe dir laverite. Il y a aussi une justice divine. Limem pou fer tou. Devan laverite pou trionfe. Je sais que le combat est dur, mais je vais voir la lumière un jour. Les Mauriciens sont avec moi, je le sais. Par zot laprier mo pou trouv laverite lor lamor Kaya.

Quel message aimeriez-vous transmettre au public qui suit cette affaire de près ?

J’aimerais faire ressortir que mon mari s’est donné à la politique. Il a travaillé pour les ministres. Il a tout donné, mais voyez ce qu’on en a fait de lui. Alors, j’aimerais dire aux Mauriciens, à ceux qui aiment la politique, aux agents qui suivent les politiciens, peu importe la couleur : get bien, zordi pe servi ou, demin kan zot o povwar, ou pa reprezant nanie pou zot. Si bann-la ti anvi konn laverite lor lamor Kaya, zot ti pou fer zot mieux posib. Me 4 an preske fini arive, zot pann fer nanie. Alor get bien avan ou zet ou dan sa bann parti-la.

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