Traitement dénigrant !

Comment à l’heure où des efforts considérables sont consentis afin de rétablir l’équilibre de la planète et ce, à plusieurs échelles du développement humain, peut-on, à Maurice, infliger un traitement aussi dénigrant à une catégorie de personnes ? Inacceptable lorsqu’on constate à quel point les gouvernements sont en train de tout mettre en oeuvre pour justement corriger un certain nombre d’injustices. Cela, afin que les citoyens de ce monde cessent de souffrir de l’indifférence, en leur offrant cette opportunité d’être égaux. Peu importe leurs couleurs, leur genres et autres déficiences physiques et intellectuelles.
Ce qui s’est passé mercredi soir au complexe sportif de Côte d’Or est répugnant, notamment à l’heure où les meilleurs athlètes de 2022 étaient récompensés au Team Mauritius Sports Awards. Contrairement aux athlètes valides, les handisportifs ont eu un traitement indigne ! Alors que Noemi Alphonse a, elle, une fois encore, fait les frais de cette politique bancale et qui tranche diamétralement avec ce que certains appellent excellence !
Après avoir été pénalisée à tort, en février, au niveau de sa bourse de haut niveau par rapport justement à ses performances de 2022, mais rétablie ensuite après la prise de position de Week-End, Noemi Alphonse prend un autre coup dur ! Alors que les meilleurs sportifs valides ont obtenu un cachet de Rs 125 000, les juniors Rs 80 000 et les plus prometteurs Rs 60 000, la handisportive a, elle, reçu un chèque de…
Rs 25 000, tout comme ses pairs. Tout simplement discriminatoire !
Où est la logique à l’heure où cette dernière ne cesse de monter en puissance, afin d’aller décrocher cette première médaille mondiale, le mois prochain, lors des Mondiaux de Paris ? Et ensuite viser la plus belle des métaux, dans une année à Paris toujours, lors des Jeux paralympiques cette fois. La démarche de Team Mauritius, une antenne du ministère des Sports, et de tous ceux qui sont associés à ce dossier est déplorable.
N’est-ce donc pas cela qu’on appelle couper l’herbe sous les pieds, pour ne pas dire tirer une balle dans le dos ? Cela en a tout l’air, malheureusement. Ou pire encore, ce signal lancé, non seulement aux handisportifs, mais à toute la communauté des handicapés de Maurice. Même que le président du Mauritius Paralympics Committee, Jean-Marie Malepa, a quitté la cérémonie en guise de protestation et on le comprend.
Que cela soit très clair. La raison de notre colère est liée à cette disparité entre le cachet attribué aux athlètes valides et celui accordé aux athlètes handicapés. Ne sont-ils pas tous des humains ? Les handisportifs ne passent-ils pas autant d’heures sinon plus que certains sur les sites d’entraînement ? Alors, pourquoi autant de discrimination ?
Selon certains, les IWAS World Games au Portugal, où Noemi Alphonse avait remporté cinq médailles d’or, ne valent pas un clou ! Peut-être messieurs les connaisseurs. Mais, faudrait-il savoir quel hymne national a retenti lors de la cérémonie protocolaire et quel drapeau a flotté dans le ciel portugais ? Faut-il croire que Noemi Alphonse n’était, à ce moment précis, pas considérée pour son handicap, mais pour son patriotisme ?
La question que ces experts devraient se poser est la suivante : Comment cette athlète parvient-elle à briller à l’international et pendant toutes ces années ? Certainement à la sueur de ses efforts à l’entraînement, couplé d’une bonne dose de professionalisme. À moins que ceux responsables de notre politique de haut niveau pensent le contraire.
Ceux ayant validé cette disparité grossière devront désormais assumer les conséquences occasionnées par cette situation. À commencer par le ministre des Sports, Stephan Toussaint, qui ne peut, en aucun cas, se dédouaner. Au cas contraire, ce serait très grave.
Ce qui est certain, c’est que Noemi Alphonse est loin de plaire à tout le monde, notamment en raison de son franc-parler. Et les exemples ne manquent pas, elle qui a subi toutes sortes d’injustices au cours de ces huit dernières années au point de s’en prendre verbalement à un ancien ministre des Sports. Ce qui lui avait alors valu une sanction de sa fédération.
Elle qui a surtout démontré qu’on pouvait se transcender malgré son handicap, mais que certains peinent toujours à reconnaître. Au point de devenir amnésique et d’oublier ces records nationaux et d’Afrique battus par la handisportive, mais aussi cette deuxième place au classement mondial au 100m à décembre 2022 !
Quitte à faire l’impasse sur sa troisième place au marathon de Duluth au Minnesota aux États-Unis derrière deux Américaines, dont Susannah Scaroni, championne paralympique du 5000m à Tokyo ! Non sans oublier ce deuxième rang au marathon de Durban en Afrique du Sud, battue par une centième par la Brésilienne Vanessa de Souza, 7e du marathon de London 2022 !
Quoiqu’il en soit, le fait demeure que cette cérémonie contestée se soit déroulée à Côte d’Or. Le symbole de la démesure avec cet investissement colossal de près de Rs 5 Mds. Alors que l’État n’est ensuite pas capable d’honorer une handisportive aux intentions légitimes et sincères. Celles de rapporter enfin une médaille mondiale pour son pays et qui sait, une autre, l’année prochaine, aux Jeux paralympiques !

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