Trop de désinvolture

On aurait pu rigoler un bon coup de la campagne de com du directeur de l’ICAC et de ce qui est présenté comme son bilan impressionnant d’avoir réussi à «ramasser» Rs 236 millions en cinq ans, alors même que ce n’est que trois quarts du budget annuel de la commission, mais lorsque la mort s’invite au débat public avec autant d’interrogations et autant de doutes sans réponses satisfaisantes, l’heure n’est pas aux blagues.

- Publicité -

La mort est inéluctable. Elle sait aussi se parer de mystère. La disparition subite et inattendue d’un des principaux protagonistes de l’affaire Angus Road, Alan Govinden, est à mettre dans ce registre. Et la coïncidence aura voulu que cette disparition intervienne au moment même où le Premier ministre est sur le territoire britannique, en mission officielle mais aussi pour passer enfin un peu de bon temps.

Parce que, si l’on sait que le PM est parti le 30 octobre, aucune date précise de son retour n’a été clairement indiquée. Lui qui était si pressé de faire voter son Offshore Petroleum Bill de lèse-environnement à la première séance de la reprise des travaux parlementaires, le 26 octobre, sera absent des travaux de mardi prochain, son texte si urgent ayant disparu de l’agenda de la séance du jour.

Il paraît qu’il a des rendez-vous très importants et, à en croire ses défenseurs tarifés, il semblerait que des sommités mondiales n’attendaient que lui pour ne rien rater de l’événement. Les rendez-vous internationaux du PM mauricien doivent être définitivement bien plus urgents que ceux de Joe Biden, d’Emmanuel Macron et de l’hôte de la conférence sur le climat la COP26, Boris Johnson, déjà rentré à Londres depuis le 2 novembre.
Tout cela est à mettre sur le compte de la désinvolture, de cette manière de prendre le contribuable pour de l’argent comptant et le peuple pour de moutons de Panurge en pleine déshérence. C’est devenu le modèle courant de gestion publique.

Et c’est à la Santé que ce trop de désinvolture se manifeste avec le plus d’acuité. On a entendu tout et son contraire sur a Covid-19 depuis l’éclatement de la pandémie, en mars de l’année dernière, et on est passé de l’état de frayeur et de l’extrême prudence à un incroyable laisser-aller et un relâchement total favorisés par un discours officiel des plus rassurants lorsqu’il n’était pas carrément mensonger.

A force de nous avoir assommés de “covid-free” et de “covid relatively free”, et de nous dire que la planète toute entière nous enviait un autre de nos succès, la résorption de la pandémie, tout le monde a fini par croire qu’il est épargné, sinon invulnérable.
Il n’y a qu’à faire un tour en autobus ou même en tramway et visiter une de ces foires maraîchères ou textile pour constater que les gestes barrières ont longtemps été abandonnés et le masque fièrement porté comme un collier autour du cou lorsqu’il n’est pas relégué au rang de bracelet au poignet.

Si la population a pu comprendre les tâtonnements du début 2020, elle est devenue très critique et suspicieuse depuis. A un moment, tout était mis sur la table, bien expliqué, avec une grande insistance sur les précautions à prendre. Les Mauriciens se sont exécutés sans rechigner, ce qui avait conduit au répit du 2e semestre 2020.

En 2021, des communications occasionnelles comme pour donner l’impression que tout allait très bien et que “sel solision vaksinasion” n’était pas qu’un slogan emprunté du bréviaire des révolutionnaires d’un autre temps, mais vraiment l’option miracle. Et lorsque les premiers cas se sont manifestés, on a eu droit à toutes sortes d’explications légères et foireuses, comme celle de la contamination par du papier d’emballage venant d’ailleurs.
Rien jusqu’ici sur le patient zéro ni sur les conditions de l’arrivée du variant Delta sur notre territoire, et cela, bien avant la réouverture des frontières le 1 er octobre. Pas grand-chose, non plus, sur le protocole de soins. L’année dernière, c’était la Chloroquine du Professeur Raoult, aujourd’hui traduit devant le Conseil de l’Ordre qui était présenté comme la panacée.

Rien de précis sur les traitements qui ont fait leurs preuves ailleurs, avec le Dr Catherine Gaud, celle qui déclinait avec autorité le protocole du traitement de la Covid qui a disparu de la circulation. Résultat : 42 morts enregistrés durant la semaine écoulée, dont, et c’est le plus inquiétant, pas moins de 22 personnes doublement vaccinées et 6 rien que pour la journée du vendredi 5 novembre.

Et que dire de la politique vaccinale? On nous a d’abord dit que se faire vacciner n’avait rien d’une urgence, puis ce fut, soudainement, “sel solision vaksinasion”, mais en nous fourguant des produits à l’essai, que même l’Organisation Mondiale de la Santé, malgré son représentant ici qui se comporte comme le 26e membre du gouvernement MSM et laquais, ne reconnaissait pas ou ne reconnaît toujours pas.
Des dons ici, quelques injections en cadeau là, aucune stratégie cohérente finalement sur les vaccins. Ils sont devenus un tel boulet et comme ils approchent probablement deleur date de péremption, on en distribue à quelques pays africains dont celui du représentant de l’OMS ici, le Rwanda, le pays qui vient d’ailleurs de recevoir, le 27 octobre dernier, 400,000 doses de vaccins Pfizer de la France.

Les comprimés contre la Covid arrivent. Les pays développés sont en ordre de bataille pour s’arracher les premiers cachets. Ici, comme pour les vaccins reconnus, il faudra sûrement attendre que des commandes soient passées à la toute dernière minute et que les livraisons se fassent dans quelques années.

Le new normal, allez en parler à ceux qui ont perdu un être cher et qui sont persuadés qu’ils ont, avant tout, été victimes d’un système défaillant. Leur dire qu’ils sont morts parce qu’ils ont trop de co-morbidités, qu’ils trop gros et que les Mauriciens en général sont trop malades, c’est le comble de l’accablement ! Un peu de respect et de compassion quand même !

Josie Lebrasse

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour