MAURICE GREENE :« Je me suis arrêté au bon moment »

Les enfants, ce matin (ndlr : hier), vous ont souvent demandé pourquoi vous courriez si vite…
Ma réponse est toujours la même : j’ai toujours voulu être le meilleur du monde ! Devenir le plus fort, c’était ma seule et unique motivation. Je me suis donné les moyens d’y arriver. J’ai travaillé toujours très dur. Il n’y a pas de secret.
Vous attendiez-vous à un tel accueil ici à La Réunion ?
Non. Pas du tout. C’est incroyable. Les gens sont heureux de me voir et c’est un plaisir partagé. Ma rencontre avec les jeunes ici, c’est quelque chose que j’adore. Quand on me sollicite pour ce genre de chose, je réponds toujours favorablement. Les racines du sport se trouvent ici, à travers toute cette jeunesse. J’aime ces moments. C’est aussi une manière pour moi de rendre ce que j’ai reçu.
Quel est le message que vous leur avez délivré ?
Qu’ils doivent croire en eux. Quoi qu’il arrive et quelle que soit leur condition sociale. D’une certaine manière, je suis la preuve que tout est possible.
Le sport comme ascenseur social, vous y croyez ?
Évidemment. Le sport, c’est l’école de la vie. C’est l’école de la discipline et de la persévérance. Ce ne sont pas que des mots.
Que retenez-vous de ces deux premiers jours passés à La Réunion ?
Je découvre un endroit que je connaissais à peine de nom. La surprise est totale. Tout ce qui se passe ici restera un bon souvenir. Sincèrement. Je me sens bien chez vous. Les paysages, les gens… C’est top.
Vous semblez un “retraité” heureux…
Oui. Je me suis arrêté au bon moment. Parce que j’ai réalisé tout ce dont j’avais rêvé. J’avais tout gagné. Je ne pouvais pas espérer plus.
Le sprint mondial est aujourd’hui dominé par l’extraterrestre Usain Bolt. Vous auriez aimé courir à la même époque que lui ?
Ç’aurait été sympa. Grâce à lui, j’aurais pu aller encore plus vite. La concurrence est toujours un moteur de progression. C’est un grand compétiteur, j’étais un grand compétiteur. Qui sait ce qui aurait pu se passer ? Au fil des années, l’être humain va toujours plus vite. La technologie aussi a progressé. C’est presque naturel que mes records ont été battus.
Usain Bolt peut-il être battu aux Jeux Olympiques de Londres ?
Qui sait ? Tout est possible dans un grand championnat. Moi, je ne fais jamais de pronostic avant le début de la compétition. Il faut attendre le tout dernier moment pour y voir plus clair.
Et le Français Christophe Lemaitre ? A-t-il des chances de monter sur le podium ?
Il a encore, je pense, une belle marge de progression. Il a ce qu’il faut pour être au niveau des meilleurs. J’ai beaucoup de respect pour tout ce qu’il a déjà accompli. C’est un grand coureur.
La compétition ne vous manque pas ?
Non. La compétition en tant que telle ne me manque pas. Et puis, je suis resté dans le milieu grâce aux athlètes dont je suis désormais l’entraîneur. J’aime toujours assister aux compétitions, voir des sportifs donner le meilleur d’eux-mêmes.
Vous reviendrez à La Réunion ?
Trois jours, c’est un peu court pour tout visiter. Je serai obligé de revenir. Oh oui… Ce serait sympa de revenir. Maintenant, je pourrai situer La Réunion sur une carte. C’est déjà un gros progrès.
Propos recueillis par
Lukas Garcia (JIR)

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