ACCIDENT DE SORÈZE : Deux ans après, douleurs vives et attentes multiples

Demain dimanche 3 mai 2015, deux ans depuis l’accident fatal du bus Blue Line de la CNT, immatriculé 4263 AG 07, qui a coûté la vie à 10 passagers et a fait une quarantaine de blessés. Le tournant de Sorèze, déjà tristement célèbre pour évoquer une foule d’accidents tragiques de la route, est désormais le symbole de l’un des accidents les plus sanglants et meurtriers de l’île. Les proches de Deepchand Gunness (50 ans), Shakuntala Ramdaursingh (48 ans), Ruth Marie-Moutou (50 ans), Amreen Lallmamode (23 ans), Delphine Pokhun (21 ans), Kamla Soobroydoo (52 ans), Elyn Jang Chuan Hu (24 ans), Devesh Cheeneebash (18 ans), Sanjay (48 ans) et Priya Ujoodha (40 ans) se remémorent avec toujours autant de peine et de douleur la disparition de leurs êtres chers.
Mai 2014, un an après le drame, parents et proches de Deepchand Gunness (50 ans), Shakuntala Ramdaursingh (48 ans), Ruth Marie-Moutou (50 ans), Amreen Lallmamode (23 ans), Delphine Pokhun (21 ans), Kamla Soobroydoo (52 ans), Elyn Jang Chuan Hu (24 ans), Devesh Cheeneebash (18 ans), Sanjay (48 ans) et Priya Ujoodha (40 ans) clamaient leur colère et révolte dans le sillage du terrible accident qui leur avait enlevé leurs êtres chers. Deux ans après, le même sentiment d’incompréhension les anime, joint désormais par un désir d’une « justice et de signaux forts de la part de nos décideurs ». Sans cela, la peine et la douleur accompagneront indéfiniment ces familles meurtries…
Linley Nunkoo, qui a perdu sa mère, Ruth Marie-Moutou, dans l’accident du 3 mai 2013, avoue qu’il préfère « rester loin du procès qui a eu lieu l’an dernier… Je me suis dit qu’il valait mieux ne pas m’intéresser de trop près à ce qui se passe, car je sais d’avance que je ne pourrais contenir ma colère. » Il résume, en ses mots, ce que ressentent un peu tous les parents et proches des autres victimes de l’accident : « Aucune compensation financière ne me ramènera ma mère : c’est clair. Mais ce que j’attends est qu’un signal fort soit donné par le gouvernement actuel, afin que, d’une part, les Mauriciens n’aient plus la peur bleue qui nous habite depuis le 3 mai 2013 de prendre le bus, et d’autre part, que la perte de la vie de nos parents n’ait pas été vaine. » Sentiment auquel Avishek Gunness, fils de Deepchand Gunness, le chauffeur salué en héros par la population, fait écho : « j’attends un signe du gouvernement… Il y a eu des élections et le régime qui était en place en 2013 a cédé sa place à de nouveaux dirigeants. Je place toute ma confiance en eux et je suis sûr qu’ils ne seront pas insensibles à notre détresse. »
Le jeune homme de 22 ans explique que « quand l’aspect légal a été engagé, l’an dernier, j’ai commencé à espérer. Depuis ce fatidique vendredi, nos vies ont été irrémédiablement bouleversées. Ma mère, mes deux soeurs et moi-même ne mènent plus la même existence qu’avant, comme quand mon père était là. » Ce que reprend également Linley Nunkoo. Le jeune homme, déjà père d’une petite Gwendoline quand il perdit sa mère, est devenu père une deuxième fois : « Il y a quelques semaines, nous avions fait le baptême de mon deuxième enfant et c’est la tristesse qui a caractérisé l’événement. » Très attaché à sa mère, il confie que « si elle avait été là, les choses auraient été certainement différentes… »
Vishwamitr (Ram) Bundhoo, employé de la CNT et receveur du Blue Line 4263 AG 07 ce tragique matin, a repris du service depuis l’an dernier. Cependant, son traumatisme est tel qu’il l’empêche depuis de « monter dans un autobus. La compagnie a essayé, mais je ne peux pas… » Dorénavant affecté à un « light duty », ce père de famille concède être toujours en proie à de « terribles cauchemars… Il y a quelques jours, encore, j’ai rêvé de Deepchand Gunness… » Chauffeur et receveur s’entendaient très bien : « Li ti enn bon kamarad e enn bon sofer. » Kavita Bundhoo, son épouse, abonde dans le même sens et soutient que « mon mari n’est plus le même depuis cet accident. Certes, nous sommes heureux qu’il ait eu la vie sauve alors que 10 personnes sont mortes, mais il a beaucoup changé depuis. Il est devenu plutôt fragile et, avec nos deux enfants, Pooja et Pravesh, nous sommes constamment aux petits soins pour qu’il ne sombre pas dans la dépression… »
Pour Linley Nunkoo et Avishek Gunness « ceux qui ont perdu les leurs dans cet accident ne pourront jamais s’en remettre. Cependant, nous souhaitons que des mesures concrètes soient prises par l’Etat. » Lentement et avec toujours autant de peine, ces parents des 10 victimes de l’accident de Sorèze tentent de se reconstruire. Ils admettent tous que « ce sera un dur cheminement… » Tous espèrent unanimement que « nos êtres chers que cet accident nous a enlevés ne doivent pas être oubliés. Leur mort ne doit pas être vaine. Souhaitons que le gouvernement ne reste pas insensible à notre douleur… »

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