TOURISME – REPRISE DES ACTIVITÉS : Les employés d’hôtels prêts à affronter la COVID-19

  • Ils s’attendent toutefois à moins de touristes jusqu’à la fin de l’année

Avec la pandémie la COVID-19 à Maurice, et le Lockdown qui a suivi, les employés d’hôtels vivent une situation difficile, leurs établissements ayant, pour la plupart, été contraints de fermer leurs portes. Aussi attendent-ils impatiemment l’annonce de la réouverture des frontières et le retour des touristes, bien qu’ils appréhendent que leur nombre soit dans un premier temps restreint. À cet effet, des protocoles sanitaires ont été établis, qui devront être respectés par tous les acteurs du secteur. Des consignes que les employés d’hôtels se disent cependant totalement prêts à respecter, de même qu’ils sont prêts à accueillir les personnes entrant en quarantaine et, par la suite, les touristes.

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Récemment formés aux nouveaux protocoles sanitaires avant la reprise de leurs activités à plein-temps, les employés d’hôtels se disent déjà psychologiquement préparés à opérer dans un nouvel environnement de travail, tout en respectant les restrictions imposées. L’un des changements majeurs sera de devoir rester 14 jours à l’hôtel sans avoir de contact avec leur famille. Sheikh Dawood Najeeb, 33 ans, et qui travaille au Mauricia en tant que serveur depuis maintenant dix ans, est prêt à accepter cette condition. « Je vais rester à l’hôtel pendant 14 jours pour servir à manger à ceux qui viendront en quarantaine. Ce sera une manière pour nous de nous adapter et d’être ainsi prêts lorsque les touristes reviendront », explique cet employé, passionné par son métier.

S’il s’attendait à des consignes sanitaires rigoureuses, Sheikh Dawood Najeeb appréhende néanmoins quelque peu le temps d’adaptation. « Le travail ne sera plus pareil. Nous devrons porter le masque à toute occasion. De même, alors que les clients passaient auparavant au buffet, désormais, nous les servirons directement dans leur chambre », ajoute-t-il. « Je dois commencer à m’habituer à ces nouvelles normes. »

Reprendre le travail dans de telles conditions ne sera toutefois « pas facile », poursuit cet employé du Mauricia, même s’il reconnaît que ces mesures de précaution sont « essentielles ». Ce qui n’enlève en rien ses appréhensions. « Je ne sais pas ce qui se passera, mais on restera quand même 14 jours à l’hôtel », dit-il. Un laps de temps pendant lequel il sera physiquement coupé de ses proches mais au terme duquel une autre équipe prendra alors le relais. Seul point positif : le fait que sa peur de perdre son emploi, ressentie pendant le confinement, a aujourd’hui disparu.

Comme lui, d’autres employés d’hôtels appréhendent cette « nouvelle normalité » dans leur travail. C’est notamment le cas de Soodhir Jhukory, Housekeeping Manager de l’hôtel Sealife Resort & Spa, du groupe Sea Resorts. Formé lui aussi aux protocoles sanitaires avec ses collègues, il estime « importantes » les mesures instaurées pour ceux entrant en quarantaine. « Nous avons travaillé avec des étrangers et des locaux lors de notre première quarantaine. Nous sommes restés 14 jours avec ces personnes, mais je dois avouer que c’était difficile de rester loin de ma famille. On communiquait uniquement par téléphone », dit-il.

Une adaptation qui aura été selon lui très difficile. « Nous ne sommes pas habitués à une telle vie, car nous avions un horaire de travail auquel nous nous étions adaptés. Maintenant, nous serons appelés à rester matin, midi et soir avec les clients », reprend-il. Quant à sa première quarantaine, il dira que « tout s’est bien passé » et que les résidents « ont été servis comme il le faut ». Une expérience qui, ajoute-t-il, l’aidera pour la prochaine quarantaine.

« Lors de la première quarantaine, nous n’avons eu aucun souci avec le personnel, ni avec les résidents », dit-il encore. « Quand les frontières rouvriront, les hôtels s’adapteront, même si cela sera difficile au début. » Le plus dur étant de rester éloigné des siens, même s’il comprend la démarche. « Nous ne pouvons prendre ce risque. Nous n’espérons pas avoir de cas positifs à l’hôtel, mais si cela arrive, nous sommes prêts ! »

Olivier Charlot, Assistant Supervisor à l’hôtel Victoria Beachcomber Resort & Spa, dit lui aussi avoir suivi une formation et être prêt à reprendre ses activités. Bien sûr, comme ses collègues, il devra s’adapter aux nouvelles normes. « Cela a déjà considérablement changé ma vie et, c’est sûr, il faudra m’adapter en temps et lieu. Mais cette adaptation s’annonce très difficile. » Et notamment dans la manière d’aborder les clients, dit-il. « Il faudra garder une distanciation physique et porter un masque, ce qui est gênant. En tout cas, c’était difficile lors des trois jours où j’ai travaillé la semaine dernière. »

De toute façon, reconnaît-il, les acteurs du secteur n’ont pas le choix s’ils veulent que les frontières rouvrent et que le tourisme reprenne. Olivier Charlot dit d’ailleurs ne pas avoir d’appréhensions concernant l’accueil des touristes du fait de l’encadrement mis en place. Bien sûr, lui aussi craint de rester éloigné des siens pendant les 14 jours qu’il passera à l’hôtel, mais la reprise du travail reste toutefois primordiale pour lui.

Saukat Baubooa, Quality Assurance Manager à l’hôtel Mauricia depuis 18 ans, accueillera ses premiers visiteurs le 1er octobre. Une expérience qu’il n’appréhende toutefois pas trop, car ayant déjà reçu de nouveaux résidents à l’hôtel depuis mercredi matin dans le cadre de la quarantaine. « Nous avons préparé l’hôtel depuis mardi et avons accueilli nos premiers clients à 3 heures du matin », dit-il. Une fois sa formation terminée, il a en effet repris son service immédiatement, et devra donc rester 14 jours à l’hôtel.

S’il reste malgré tout serein, il explique cependant que tel n’est pas forcément le cas pour tous ses collègues. Étant responsable d’équipe, certains, dit-il, « ont peur de travailler ». Aussi leur répète-t-il que les résidents resteront dans leur chambre. Même s’il se demande « si on pourra laisser les touristes enfermés deux semaines » et « si on pourra bien les surveiller lorsqu’ils seront en quarantaine ». Et de rappeler qu’une fois le confinement terminé, l’ensemble du personnel a effectué des tests afin de s’assurer qu’ils soient en bonne santé.
Reste l’appréhension du retour à la normale des activités, car, estime ce professionnel du secteur, « il n’y aura certainement pas autant de touristes qu’avant ». Et de se demander dans le même ordre d’idées si les visiteurs accepteront de voyager en sachant qu’ils devront passer 14 jours en quarantaine. Une question que se pose d’ailleurs aussi Kursley Mauree, valet de chambre dans le même hôtel, et qui, lui aussi, reprend le travail. « Les précautions nécessaires doivent être prises et nous ne devons pas être négligents, car on compte sur nous », dit cet employé, ajoutant qu’avec l’absence de touristes, « c’est comme si le monde s’était arrêté ».

Selon lui, depuis l’apparition de la COVID-19, « notre vie a changé radicalement, car nous ne nous attendions jamais à une telle situation dans ce secteur ». Cet employé comptant 26 ans d’expérience dans l’industrie, et qui repris son service mercredi après-midi, se dit cependant « heureux » d’avoir conservé son emploi, rappelant que pendant la période de “lockdown”, « il y avait des incertitudes et nous avions peur de perdre notre travail ».

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