Emergency Procedures Saga : La FATF en embuscade à l’enquête de l’ICAC

  • Deepak Bonomally de Bo-Digital Ltd avec un contrat de Rs 309,4 M de la STC en un clin d’œil, toujours admis en clinique sous surveillance policière
  • Le triangage légal de la STC avec dépenses de Rs 1 milliard aux Ti-Kopin politiques en voie d’être décodé
  • Bissoon Mungroo, ayant réclamé à la STC le double du prix pour des masques, s’insurge: “Mo pa ine foté, mwa”
  • La connexion de Pack & Blister de Madrid toujours Live avec le nom d’un spécialiste de Deals par millions à l’étranger cité

Les conclusions des enquêtes sur la COVID-19 Emergency Procedures Saga pour un montant de l’ordre de Rs 1,5 milliard, pourraient s’avérer déterminantes pour la sortie de Maurice de la Grey List de la Financial Action Task Force (FATF). C’est, du moins, une des éventualités dans la mesure où la FFATF se trouve en embuscade aux initiatives de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), avec les premières arrestations opérées au cours de la semaine écoulée pour le délit de Money Laundering sous les dispositions de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA). Il se trouve que Deepak Bonomally de Bo-Digital Co Ltd, ayant bénéficié de contrats pour des masques et autres équipements médicaux pour un montant de Rs 304,9 millions, se révèle être un os dur à digérer. D’ailleurs, ce maîllon dans l’axe sous contrôle de la State Trading Corporation (STC) est toujours admis en clinique sous surveillance policière à hier après-midi. Toutefois, le triangage légal attribué à la State Trading Corporation (STC), dont le Managing Director, Jonathan Ramasamy, a déjà été entendu par l’ICAC, serait sur le point d’être décodé en vue d’étaler au grand jour le mécanisme de COVID-19 Emergency Procedures et des abus susceptibles de représenter au minimum Rs 500 millions, soit le tiers des dépenses encourues. C’est ce que font ressortir des sources bien renseignées.

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Le document élaboré par la Financial Action Task Force (FATF) en date de mai dernier et intitulé COVID-19-related Money Laundering and Terrorist Financing – Risks and Policy Responses comporte des paramètres permettant d’évaluer l’efficacité des enquêtes initiées dans différents pays, y compris par l’ICAC à Maurice. L’une des principales conclusions de ce rapport de la FATF est que “the increase in COVID-19-related crimes, such as fraud, cybercrime, misdirection or exploitation of government funds or international financial assistance, is creating new sources of proceeds for illicit actors.”

Avec cette mise en garde, la FATF procède à un Monitoring subtil de la situation dans les différents pays où des soupçons de fraude et de corruption sont perceptibles lors de l’allocation de contrats vu que “the COVID-19 pandemic has driven significant demand for medical supplies such as personal protective equipment, ventilators and medicine.” Maurice ne fait pas exception à la règle avec des dénonciations en règle de compagnies n’ayant aucun antécédent dans la fourniture de médicaments ou d’équipements médicaux raflant la mise des Rs 1,5 milliard.

Certes, la décision de l’ICAC de se cantonner au délit de Money Laundering au lieu d’élargir le Scope of Probe pour dévoiler le réseau de fraude et de corruption de connivence au sein de l’Establishment suscite des débats. Mais avec la FATF, devant procéder à un nouvel Assessment de Maurice pour une éventuelle sortie de la Grey List en février de l’année prochaine et aussi de la Black List de l’Union Européenne, la performance de l’ICAC dans le démantèlement de ce réseau de fraude et de détournement de fonds au préjudice de l’État pourrait se transformer en un des Key Performance Indicators.

A ce jour, la priorité demeure le décryptage complet du triangage légal sous le couvert de la State Trading Corporation avec un budget d’un peu plus de Rs 1 milliard pour le financement des COVID-19 Emergency Procedures pour la période du Lockdown à partir de mars dernier. C’est ce qui explique que l’une des premières arrestations devant être opérée est celle de Deepak Bonomally de Bo-Digital Co. Ltd et également connecté à AV Techno-World Co Ltd, dont le directeur, Vinay Appanna, est nul autre que le beau-frère de Jonathan Ramasamy, le Managing Director de la STC avec son milliard à distribuer aux Ti-Kopin politiques.

Techniquement, la société Bo-Digital Co. Ltd. de Deepak Bonomally est spécialisée dans la gestion des panneaux publicitaires aux arrêts d’autobus avec pour principal client la Mauritius Telecom de Sherry Singh. Donc, aucun antécédent avec le monde des médicaments sans compter que ces derniers temps, Bo-Digital Co. Ltd s’était transformée en une Dormant Entity. Et voilà qu’entre le 15 avril et le 27 mai de cette année, cette compagnie décroche cinq contrats alloués par la State Trading Corporation de Jonathan Ramasamy pour fournir des masques COVID-19 au ministère de la Santé pourRs 309,4 millions avec des réclamations en excédent de Rs 11 044 660.

Destinataire privilégié

Tout d’un coup, Bo-Digital Co Ltd, dont les comptes en banques étaient à sec, bénéficie de transferts de Rs 30 395 400. Une question simple que Deepak Bonomally sera appelé à répondre à sa sortie de clinique: d’où proviennent les fonds de Rs 309,4 millions, nécessaires pour assurer le financement de l’importation de ces masques COVID-19 alors que Maurice était en plein confinement.

A partir de ce détail, le triangage légal attribué à la State Trading Corporation devra se confirmer ou s’infirmer alors que le réglement de la facture de la clinique où a été admis Deepak Bonomally depuis le 27 octobre, le jour où des limiers de l’ICAC étaient partis à sa recherche, pourrait s’avérer une piste non-négligeable à ce stade.

Les dessous des contrats alloués à Pack & Blister pour une somme totale de Rs 476 millions avec des échanges d’emails ayant pour destinataire privilégié nul autre que l’homme à tout faire en matière de COVID-19 au Prime Minister’s Office, Zouberr Joomaye, pourraient comporter encore d’autres éléments surprenants. L’ombre d’un spécialste en deals se montant à des dizaines de millions de roupies à l’étranger plane derrière les procédures de ce contrat pour la fourniture de ventilators. La prochaine séance d’interrogatoire d’un Top Gun de la Santé devra ouvrir les yeux des limiers de l’ICAC sur ce qui est perçu comme un Saturday Night Fever Deal.

Dans l’immédiat, Bisoon Mungroo, l’homme d’affaires, qui s’est construit la réputation d’être l’un des “Die Hards des Die Hards du Bonom”, fulmine encore que “mo pa ine fote mwa. Kot mo ine fote, mwa?” Pourtant, les données versées dans le dossier de l’ICAC indiquent qu’il avait été payé le double du prix pour des COVID-19 Masks fournis au ministère de la Santé. Après son inculpation provisoire pour le délit de Money Laundering de Rs 4,9 millions, il a dû verser une caution de Rs 150 000 pour sa liberté conditionnelle.

Et le premier suspect à être inculpé dans la série de COVID-19 Emergency Procedures Saga est le gérant de la bijouterie Red Jewels, Kistna Reddi, ayant bénéficié d’un contrat de la STC de Rs 9 425 000 le 16 juin dernier avec un “Excess Claimed in breach of Consumer Protection Regulation 1998 GN 150” de Rs 2,4 millions.
L’ICAC est encore attendue au tournant sur le volet de la corruption avec l’absence de tout exercice de Due Diligence des soumissionnaires ou encore leurs cotations et le COVID-19 High Level Committee présidé par le PM, Pravind Jugnuath, renvoyant la responsabilité de l’octroi de contrats au ministère de la Santé.
Affaire à rebondissements à suivre.

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