Accord de Paris : retard et faible progrès de Maurice en cinq ans

Maurice devra soumettre ses Nationally Determined Contributions (NDC) en mai au secrétariat de la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques. D’ailleurs, il s’agit d’un engagement pris suite à l’Accord de Paris en 2015. Le pays demeure toutefois vulnérable au changement climatique comme le confirment les statistiques. En cinq ans, soit de 2015 à 2020, peu de progrès ont été notés en termes d’atténuation et d’adaptation.

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« Nous n’avons pas autant de progrès au niveau de l’atténuation et l’adaptation. Nous devons être un peu plus créatifs dans ces deux secteurs. Nous savons dans quelle direction nous allons s’agissant de l’atténuation mais nous ne savons pas ce qu’il en est de l’adaptation. C’est la réalité pour les petits États insulaires en développement », déclare Shiv Seewoobaduth, directeur au ministère de l’Environnement, présentant le bilan de Maurice quant à ses contributions déterminées au niveau national, hier, lors d’un dialogue de haut niveau au Caudan Arts Centre. Prenant en considération le sujet de l’adaptation, il tire la sonnette d’alarme et réclame des mesures d’urgence à ce sujet. « Nous ne pouvons plus maintenir le statu quo », fait-il ressortir. Pour que Maurice puisse réussir dans l’atténuation et l’adaptation, un montant important s’impose. Selon ses chiffres, l’adaptation nécessite Rs 4 milliards alors que l’atténuation requiert des investissements de Rs 1,5 milliard.

Lors de son exposé, il énumère les manquements et souligne que des objectifs n’ont été fixés lors du premier NDC. Selon lui, il y a un besoin d’effectuer une évaluation de la vulnérabilité. Le manque de données dans des secteurs et l’absence de statistiques, notamment dans le secteur agricole et de la pêche, sont aussi les raisons n’ayant pas permis à établir des objectifs. « Il n’y a pas de feuille de route pour certains secteurs, d’où un manque de visibilité pour des prévisions », dit-il.

Shiv Seewoobaduth soutient que les émissions globales n’ont cessé d’augmenter au niveau mondial et à Maurice. « Si nous voulons sauver la planète et limiter la hausse de température de 1,2ºC, il faudra réduire l’émission de 32 gigatonnes de dioxyde de carbone. Malheureusement, l’émission s’élève à 53 gigatonnes en ce moment. Les pays doivent tous participer à stabiliser l’émission du dioxyde de carbone », fait-il ressortir. La situation climatique à Maurice démontre la vulnérabilité du pays. La température a augmenté de 1,2ºC de 1951 à 2014. À cause de la hausse de la température, des poissons meurent. La pluviométrie a chuté de 8% depuis 1950 et le niveau de la mer ne cesse d’augmenter. L’érosion s’accélère et les coraux blanchissent. Les conditions climatiques sont plus extrêmes. Les maladies sont plus fréquentes, dont le chikungunya et la dengue, » laisse-t-il entendre.

Depuis la signature de l’Accord de Paris où Maurice a pris des engagements, le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano soutient que le pays doit respecter « une série de conditions ». Un rapport doit être soumis chaque cinq ans sur les mesures d’atténuation et d’adaptation mises en place pour combattre le changement climatique. « Ce rapport concerne tous les secteurs dans le pays », dit-il, d’où l’idée de la première consultation. En effet, les pays s’étant engagés quant au NDC doivent soumettre un document et montrer leur progrès dans les contributions déterminées au niveau national.

Malgré la baisse de 7% dans la combustion des combustibles fossiles, le dioxyde de carbone a continué à augmenter dans l’atmosphère. En 2020, la température moyenne de la planète a été plus élevée que la période pré-industrielle soit entre 1815 à 1900. Et s’agissant des catastrophes qui découlent du changement climatique sur Maurice,
Kavy Ramano avance que le pays se classe à la 53e place sur 181 pays dans le dernier rapport du World Risk Report de 2020. Maurice reste aussi exposée aux dangers à cause de la position géographique. Le niveau de la mer à Maurice a augmenté de 5,6 mm alors que celui au niveau mondial n’augmente que de 3,3 mm.

Ce dialogue de haut niveau a aussi vu l’intervention d’Amanda Serumaga, représentante du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Maurice. Le PNUD assiste Maurice dans son combat contre le changement climatique. Mais pour elle, au vu de la vulnérabilité de Maurice aux effets négatifs du changement climatique, des objectifs d’adaptation et d’atténuation plus ambitieux doivent être proposés, cela impliquant qu’une approche intersectorielle soit préconisée.

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