Au large de Pointe-aux-Sable : plus de transparence sur le Lu Rong Yuan Yu 588 réclamée

  • Le député Fabrice David : « S’il s’agit d’un bateau de pêche, où est sa cargaison ? »
  • Des pêcheurs : « En enlevant le fioul, le bateau sera plus léger et risque de se renverser avec la houle »

Les membres du Syndicat des pêcheurs, en compagnie du député Fabrice David, ont effectué une visite sur les lieux où le Lu Rong Yuan Yu 588 s’est échoué dimanche dernier. Un premier constat démontre qu’il n’y a pas de fuite d’huile pour le moment. Toutefois, pour les pêcheurs qui ont déjà participé à des opérations de renflouage par le passé, le bateau de pêche chinois aurait pu être extirpé de là à l’aide d’un remorqueur du port. Beaucoup d’interrogations subsistent également sur sa présence à cet endroit, sur ses prises et sur l’arrivée d’un autre bateau de la compagnie sur les lieux.

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Pour Judex Rampaul, président du Syndicat des pêcheurs, ce nouvel accident démontre à quel point nous sommes vulnérables. « Il faut une meilleure surveillance de notre zone économique exclusive. Comment se fait-il que ce bateau soit venu s’échouer là, sans l’intervention des autorités ? Y a-t-il eu une communication avec le port ou les garde-côtes ? » se demande-t-il. Cette situation, ajoute-t-il, fait que le récif corallien est une nouvelle fois endommagé. « Par le passé, on a vu des navires venir s’échouer sur nos récifs dans la région du port. Y a-t-il une faille quelque part dans le système ? »

Une visite sur les lieux de l’échouement, au large de Pointe-aux-Sables, permet de constater que seule la proue est immobilisée dans le récif. La poupe bouge encore face aux houles déferlantes. Pour les pêcheurs qui ont fait le déplacement, dans cette position, le bateau aurait pu être renfloué à l’aide d’un remorqueur du port. « Nous avons déjà participé à de telles opérations par le passé, et cela aurait pu se faire facilement à marée haute. On ne sait pourquoi ils attendent tout ce temps. »

Ce qui les inquiète surtout, c’est le fait que les autorités aient décidé de procéder au pompage du fioul du navire. D’ailleurs, hier matin, l’hélicoptère de la police faisait le va-et-vient pour déposer les conteneurs destinés à récupérer l’huile. Cet exercice ne s’est pas fait sans quelques inconvénients, car contrairement au Wakashio, le Lu Rong Yuan Yu 588 n’a pas une plateforme où ranger ces conteneurs. Ce qui fait qu’ils ont dû être empilés. Pour les pêcheurs, cette opération risque de faire plus de tort que de bien. « En enlevant les 130 tonnes d’huiles, on est en train d’alléger le bateau. Ce qui fait que la houle peut le rapprocher davantage du récif et le mettre en position horizontale. Ce qui va davantage compliquer le renflouage. Au pire, les vagues peuvent même le renverser. »

Sur place, on n’a d’ailleurs pas vu d’équipements pour stabiliser le bateau lors de cette opération. On s’interroge même sur l’efficacité des barrières flottantes déployées. « On n’a vu que deux petits “booms” des deux côtés du bateau. Il y en a encore quelques-unes un peu plus loin. On n’a pas encerclé la zone. Pourra-t-on vraiment empêcher l’huile de se répandre avec un tel système ? »

Pour le député Fabrice David, beaucoup de questions subsistent autour de cet échouement. « Il a été dit que ce bateau venait au port pour le bunkering. Si tel est le cas, pourquoi y a-t-il 130 tonnes de mazout et 50 tonnes d’huiles de lubrifiants à bord, comme l’a indiqué le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo ? » Il se demande également si ce bateau chinois avait un permis pour pêcher dans notre zone économique exclusive et où se trouve sa cargaison. « Est-ce qu’il y avait du poisson à bord ou est-ce qu’il y a eu un transbordement en mer ? Parce que c’est interdit par nos lois. De plus, alors qu’on avait dit que l’équipage allait être conduit en quarantaine, on apprend maintenant qu’il y a un deuxième bateau de la compagnie qui est arrivé et que l’équipage s’y trouve. »

Tout en s’interrogeant sur la présence de ce deuxième bateau, il se demande si l’équipage ne devrait pas être plutôt à la disposition de la police pour enquête. De même, il réclame des explications sur la présence d’huile dans la mer lundi et demande si le problème a été réglé. « Il faut également savoir s’il y a un “tracker” pour ce bateau et est-ce qu’il y a eu communication avec les autorités du port. En tant que député de la circonscription, je réclame plus de transparence autour de cette affaire. »

Pour sa part, Mohamedally Lallmamode, secrétaire du Syndicat des pêcheurs, précise que tout bateau entrant au port doit le signaler à l’avance. « Nous avons deux bateaux qui pêchent au large de Saint-Brandon. À notre retour, nous devons avertir les autorités du port deux jours à l’avance. » Il tire également la sonnette d’alarme sur la pêche illégale dans nos eaux. « Récemment, nous avons aperçu un palangrier sri-lankais pêchant au large de Saint-Brandon. Nous avons soulevé leurs lignes et ils pêchaient des requins. Pourtant, c’est interdit dans nos eaux. La loi est là, mais elle n’est pas appliquée. »

Ce dernier dénonce également le transbordement en mer, une pratique courante, selon lui, en dépit du fait que c’est interdit. « Si on n’a aucun contrôle sur les prises, nous ne savons pas si nos quotas sont respectés. Nous n’avons aucune idée sur le “by-catch” non plus. D’où l’importance de savoir ce que le Lu Rong Yuan Yu 588 faisait là et où se trouvent ses prises. »

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