BERNARD BARBE
Des manifestations fédérant des vaccinés et des non-vaccinés ont eu lieu dans les grandes villes de France, d’Irlande, des Pays-Bas, d’Argentine, et du Brésil. Les participants scandaient des slogans contre les mesures sanitaires et réclamaient la démission de leurs gouvernements. Tous criaient non au pass vaccinal !
Portées par le principe de précaution et en profond désaccord avec l’incohérence dans laquelle des décisions politiques sont prises, quelques personnes font de la résistance contre de telles mesures à Maurice. Hors des considérations populistes, la question du pass vaccinal pose un réel problème philosophique.
À bon droit, beaucoup craignent que le pass vaccinal crée une fracture sociale. Cette ségrégation, voulue par les autorités d’ici comme d’ailleurs, produira tôt ou tard des effets néfastes à notre vivre-ensemble. On en voit déjà le début avec la catégorisation et l’opposition entre pro-vax et anti-vax. Nous notons de la discrimination sur les réseaux sociaux, mais encore plus, cela se fait sentir sur des lieux de travail. Et ce, alors que le débat est loin d’être terminé !
Ce qui s’apparente à une mesure dictatoriale, le carnet vaccinal, rend la situation dangereuse et conduira Maurice vers les sommets de la discrimination. Celui-ci marginalisera de facto les non-vaccinés en citoyens de seconde zone. Dans cette New Normal tant décriée, et aussi longtemps que durera l’état d’urgence sanitaire, ces derniers n’auront plus droit de circuler librement dans bon nombre d’endroits…
Si les autorités veulent conserver une trace de ceux qui se font vacciner, alors pourquoi pas simplement tenir un registre ? L’immunité collective de soixante pour-cent apparaîtra indifféremment du nombre de cartes délivrées, mais plutôt quant au nombre de personnes vaccinées. Aussi, doit-on se demander : la carte vaccinale aura-t-elle toujours lieu d’être, au moment où cette immunité collective sera atteinte ? Pourtant, nous savons bien qu’une partie de la population ne pourra ou ne voudra pas se faire vacciner. Ce sera soit pour des raisons de santé, de limitation d’âge, par objection de conscience, religieuse ou autre. Il faudra donc tôt ou tard se résilier à apprendre à vivre avec la Covid, comme on l’a fait avec d’autres maladies.
Contraindre une personne à un traitement contre son gré va à l’encontre du Code de Nuremberg. Ce qui serait passible de poursuites devant nos tribunaux, et même devant la Cour Pénale Internationale.
Nous le savons bien, bon nombre de Mauriciens ne se font vacciner que pour obtenir cette carte vaccinale. Le gouvernement serait-il donc si maladroit au point de vouloir persister à en faire un usage autre qu’administratif ? Pourrait-elle être utilisée comme outil politique et restreindre davantage le citoyen de ses droits ? Comme pour accéder à un bureau de vote…
Alors ! Que penser du pass sanitaire, Saint-Graal ou présent funeste ?
Sources
– Manifestations : blob:https://video.lefigaro.fr/5867e865-0c58-4ee0-8740-c13149f56e23
– https://www.leparisien.fr/video/video-covid-19-dirlande-au-bresil-un-week-end-de-manifestation-contre-les-restrictions-sanitaires-01-03-2021-BQEZ3QHQMBFDPH5GRULCFA7JKY.php
– Code de Nuremberg : https://media.tghn.org/medialibrary/2011/04/BMJ_No_7070_Volume_313_The_Nuremberg_Code.pdf
Principe de précaution :
(Déclaration de Stockholm)
https://www.un.org/en/development/desa/population/migration/generalassembly/docs/globalcompact/A_CONF.151_26_Vol.I_Declaration.pdf