Naufrage du MV wakashio : L’inspecteur Nundlall, dernier témoin de la NCG cuisiné par le panel

L’assesseur Geneviève : « Votre unité a induit la Cour en erreur à maintes reprises ! »

Si la justice a condamné à 20 mois de prison le capitaine du MV Wakashio, Sunil Kumar Nandeshwar, et son second, Hitihanillage Subhoda Janendra Tilakaratna, le 27 décembre dernier, les travaux de la Cour d’investigation se poursuivent à l’ancienne Cour suprême. La séance du lundi 10 janvier était consacrée au rôle de la National Coast Guard (NCG) le jour du naufrage du vraquier, le 25 juillet 2020.

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L’Inspecteur Mahendra Nundlall, qui était en  charge de l’Operation Room ce jour-là, a été appelé à la barre. S’il a concédé qu’il y avait bien eu des lacunes dans la surveillance du mouvement du vraquier, en attirant l’attention du panel sur la responsabilité des constables Ujoodha, Abbacooshna et Boodwa, le témoin n’a pas, pour autant, accablé ses collègues. Sauf que l’ancien Puisne Judge Abdurrafeek Hamuth et ses assesseurs Jean Mario Geneviève et Johnny Lam Kai Leung ne l’entendaient pas de cette oreille et ont imputé à Mahendra Nundlall et à son unité d’avoir « induit la Cour en erreur à maintes reprises. »

Cela fera un an ce mercredi 19 janvier depuis qu’ont démarré les travaux de la Court of Investigation sur le naufrage du MV Wakashio. L’Inspecteur Nundlall, qui était le dernier témoin de la NCG à s’être présenté à la barre, après avoir repoussé l’échéance en deux occasions au motif qu’il était souffrant, a commencé par indiquer l’heure à laquelle l’officier Ujoodha l’a informé pour la première fois qu’un navire se trouvait à 6 milles nautiques (1 mille = 1,8 km) des côtes mauriciennes : « Le PC Ujoodha qui était en charge de l’Operation Room en face du C-VISION m’a communiqué l’information vers 19h10. Le caporal Abbacooshna s’occupait, lui, de la paperasse. »

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À une question de l’Assistant Solicitor General, Me Raj Baungally, qui voulait savoir si  la distance à laquelle se trouvait le navire ne l’a pas interpellé, le témoin a soutenu que « le PC Ujoodha m’a dit que six milles nautiques c’est une distance raisonnable et qu’il n’y avait rien à craindre. Je lui ai  fait confiance. He should have been able to see clearly if the ship was altering its course or not. I expected at some point the ship would move away.” Me Raj Baungally est revenu à la charge en demandant à l’Inspecteur Nundlall si, compte tenu des mauvaises conditions météorologiques prévalant ce jour-là, il n’était pas de son devoir de s’enquérir du trajet suspect de cet imposant navire. Ce à quoi il a répondu que « la NCG n’avait reçu aucun signal de détresse du MV Wakashio. »

Le témoin a ajouté que « vers 20h, l’officier Ujoodah m’a informé, cette fois-ci, que le navire était à 1,5 mille nautique de Pointe d’Esny. Je lui ai demandé de contacter la station de Blue Bay et celle de Mahébourg afin d’avoir une ligne de communication avec le MV Wakashio. »

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« I don’t want to blame a particular person »

À une autre question de Me Bungally, l’Inspecteur Nundlall concèdera qu’« il y a eu des lacunes lors de la surveillance du vraquier » en pointant du doigt les officiers auxquels incombe le rôle de scruter le C-VISION à l’Ops Room. Sous le feu roulant de questions de l’ancien Puisne Judge Abdurrafeek Hamuth et ses assesseurs Jean Mario Geneviève et Johnny Lam Kai Leung, le témoin a cité le nom du PC Ujoodha comme étant celui qui était en partie responsable de ce laxisme, mais en précisant toutefois que « I don’t want to blame a particular person ! »

L’assesseur Jean Mario Geneviève l’a alors confronté aux relevés téléphoniques qui tendent à décrédibiliser le PC Ujoodha, alors que le MV Wakashio s’approchait des côtes. « Avez-vous entendu les conversations téléphoniques effectuées par le PC Ujoodha ? »  L’Inspecteur Nundlall a répondu par la négative. Ce qui lui a valu les remontrances de l’assesseur qui répliqua en ces mots : « Vous n’avez rien entendu pour la simple et bonne raison qu’il ne s’est rien passé. La facture détaillée ne montre pas d’appels effectués vers 19h10. Votre unité avec les PC Sujeebhun et Ujoodha en première ligne n’ont fait qu’induire la Cour en erreur ! »

Décontenancé par cette affirmation, le témoin a répondu laconiquement : « I am shocked and surprised ! » Les travaux reprendront le 27 janvier avec l’audition par visioconférence des membres de la SMIT Salvage et de l’architecte naval.

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