2022 sera placée sous le signe du Tigre d’Eau, animal qui symbolise l’indépendance et le courage. Intuitif et tourné vers la famille, le Tigre agit avec prudence et ne flanche pas, même face aux évènements difficiles. Si la pandémie ne permet pas de réjouissances en foule, la communauté chinoise, elle, partagera un repas en famille pour célébrer cette nouvelle année, qu’elle espère déjà riche et portée vers un avenir meilleur.
À l’angle des rues Emmanuel Anquetil et Venpin, à Port-Louis, se dresse fièrement le Cake Shop Mister Chu, de la famille Chu Fung Leung, qui propose des délices et des petits gâteaux fabriqués à partir d’un art traditionnel millénaire. Dont le fameux gato lasir, connu aussi comme Nian Gao (Nian pour année et Ga pour haut), un classique de la pâtisserie chinoise à Maurice. Ce gâteau est confectionné avec de la farine de riz, du sucre, du zest d’orange et, parfois, du miel.
Brian Li, issu de la quatrième génération de la famille Chu Fung Leung, explique que la lettre Fu qui est inscrite sur le « gato lasir » symbolise la richesse et la bénédiction. Mister Chu est aujourd’hui la référence pour sa grande sélection de gâteaux, où le bon goût et le bonheur se mêlent à partir d’une seule bouchée.
Popo, sa grand-mère de 78 ans, aussi connue sous le nom de Bernadette, explique que le business familial est une idée de son beau-père, Koung Koung, qui a su léguer cette culture ancestrale à ses enfants et petits-enfants. « Il était l’âme de la pâtisserie » et savait à sa manière préparer tous les gâteaux, dont le Tow Sa, fourrée de pâte de lentille noire.
Sa pâtisserie il l’a ouverte en 1942, à la Rue Royale. Originaire de Meizhou, grand-père Koung Koung avait cette connaissance très large de la manière de fabriquer des gâteaux chinois. Son entreprise ayant été ravagée par le feu en 2013, Mister Chu n’a eu d’autres alternatives que de s’implanter à l’angle des rues Emmanuel Anquetil (rue La Rampe) et Venpin (rue Manga). L’attrait de cette échoppe, remplie de gâteaux sucrés et multicolores, est qu’elle offre plein de variétés, dont le voo ma kao, un gâteau de riz gluant avec un duo de sésame noir et blanc, le kwi fa kao, gâteau de riz gluant au sésame noir, le teosa, à base de haricots, le Chu Chong gao », ou le gato frez.
Autant de délices dont les déclinaisons de saveurs procurent un pur moment de bonheur. On vous le dit tout de go… ici, c’est le seul endroit où fusionnent des spécialités chinoises uniques fabriquées avec de la farine de riz, et garanties sans gluten. Des saveurs pour mettre en relief trois célébrations, dont la Fête du Printemps, réputée pour son gato lasir, le gato gingeli ou au sésame, ou encore le gato kravat. Il y a aussi le festival de la Fête de la Lune, où est mise bien en évidence la papaye cristallisée, et le festival du Dragon Boat, où prône le délicieux zongzi, boulette en forme de pyramide préparée avec du riz glutineux et enveloppée dans des feuilles.
Popo a hâte de célébrer cette nouvelle année du Printemps qui, dit-elle, est une occasion unique de réunir ses enfants et petits-enfants autour de la même table. « Il y a d’abord l’offrande à Dieu et, ensuite, cap sur la cuisine pour la préparation d’au moins dix plats, y compris les douceurs. Aswar nou kapav prie ankor Pagod, parski se bien inportan remersie Die. Les Sino-mauriciens aiment aussi orner leurs maisons de lanternes rouges, qui symbolisent l’éternité. » Parmi les gâteaux, Popo a sa préférence : le gato gingli.
Le rouge pour l’énergie et la prospérité
Brian explique quelques croyances entourant cette fête, à commencer par une légende racontant que le gâteau de riz sucré gluant niangao aurait été créé comme une offrande astucieuse au « Dieu de la cuisine », qui réside dans chaque maison. « Le gato lasir a pour but de le faire se gaver, car dans le gâteau, il y a une sorte de côté gluant qui l’empêche de dire tout le côté non reluisant, et quand le Dieu de la cuisine fait son rapport à l’Empereur de Jade, il ne peut que dire de belles choses » , confie-t-il.
Il explique aussi qu’en vertu d’une coutume bouddhiste consistant à honorer les animaux qui se sacrifient pour notre nourriture, de nombreuses familles s’abstiennent de manger de la viande, en particulier le premier jour de la nouvelle année. Ces familles d’origine chinoise croient également qu’en suivant un régime végétarien, elles purifient et nettoient leur corps et améliorent leur longévité en obtenant ainsi un bon karma pour la nouvelle année.
Brian Li dira dans le même ordre d’idées que le 15e jour, également appelé Festival des Lanternes, marque la fin des festivités du Nouvel An chinois, et que tout revient alors à la normale après ce jour. C’est aussi le premier jour de la pleine lune après le grand événement. Ce jour-là , les gens apprécient davantage les différentes formes de lanternes.
Concernant les fameuses lanternes rouges, celles-ci peuvent symboliser le fait que les gens se débarrassent de leur passé et en obtiennent de nouvelles, dont ils se débarrasseront l’année suivante. Les lanternes sont presque toujours rouges, pour symboliser la bonne fortune.
Concernant la fameuse enveloppe rouge, aussi connue comme foong pao, Brian indique que les enveloppes rouges hongbao , en mandarin, et lai see en cantonais, sont de petits paquets rouges et dorés contenant de l’argent donnés aux enfants, aux membres de la famille, aux amis et aux employés comme symbole de bonne chance. Dans la culture chinoise, la couleur rouge est associée à l’énergie, au bonheur et à la chance.
Revenant à Maurice après des études d’ingénieur en Angleterre, Brian reconnaît que la période de fêtes est réunificatrice pour les familles. « L’année dernière, j’offrais des foon pao à mes amis en Angleterre. Parmi les gâteaux, il y a le Chu Chong kao, à base de farine de blé et de banane, et qui est succulent. Ce que les gens aiment chez Mr Chu, c’est que les gâteaux sont cuits de façon traditionnelle », dit-il.
Chez Swatow, boutique de déco
Au magasin Swatow, sis rue Royale, Port-Louis, le Chinese Deco Shop, géré par Christopher et sa famille, rayonne. Dans cette boutique, on retrouve plein d’objets, dont des statues de Bouddha, des lanternes… La famille est en attente du 1er février pour fêter le Printemps. « Ce sera une réunion familiale avec toutes les générations autour d’une table, garnie avec du poisson, qui signifie l’abondance, des mines, pour une longue vie, des boulettes niuk yuen au poisson, qui représentent la fidélité. Chaque plat est symbolique et contribue au bonheur », explique Christopher.
Lui qui est né sous le signe du rat trouve que les autres signes peuvent être compatibles avec l’année du Tigre, mais tout cela, dit-il, « depann lor destin ».
Christopher se dit triste que la pandémie ne permette pas de fêter de manière grandiose, mais trouve intéressant qu’un petit regroupement familial puisse faire retrouver cette atmosphère conviviale. « La Fête du Printemps et les festivités gourmandes permettent de mettre en place plusieurs plats. Les aliments que l’on mange ce soir-là ont tous une signification symbolique et doivent apporter bonheur et chance. » Le magasin Swatow, de par ses objets de décoration chinoise, est une véritable invitation à la découverte. Parmi eux, les fameux Bouddha tenant dans ses mains des lingots d’or. Souhaitons un excellent Kung Hei Fat Shoy à la communauté chinoise.
Une année où prime le dialogue
Les années du Tigre : 1914, 1926, 1938, 1950, 1962, 1974, 1986, 1998, 2010, 2022, 2034… L’année chinoise 2022 sera l’année du Tigre, qui commencera ce 1er février et durera jusqu’au 31 janvier 2023. Le Tigre d’Eau, en 2022, représente un élément vital, symbole de communication spirituelle, source d’émotions.
Sous sa forme Yang, le Tigre d’Eau se distingue par sa gentillesse, sa vivacité et l’attention qu’il porte aux autres. Il maintient le dialogue en toutes circonstances. Le signe du tigre a une meilleure compatibilité avec le dragon, le cheval et le cochon, et une moins bonne compatibilité avec le boeuf, le serpent et le singe.
