- Ce chauffeur de TBS avait bravé les intempéries peu après 4 heures hier matin pour prendre son service
Ramjeet Gosto (55 ans), plus connu sous le sobriquet de Son, est tombé victime des rafales de la soursoise puissance de l’intnse cyclone tropical Batsirai. Il a perdu la vie hier matin lors d’un accident survenu sur la route côtière de Pointe-aux-Biches, non loin de l’hôtel Le Reciff. Ce chauffeur de la compagnie Triolet Bus Service (TBS) avait bravé les intempéries à la levée de l’alerte cyclonique pour se rendre sur son lieu de travail, au dépôt de Triolet.
Les routes du Nord étaient alors grandement affectées par la chute d’arbres et de débris divers avec le passage du cyclone. Le quinquagénaire pilotait sa moto sur une route sombre quand il a violemment heurté un arbre. Selon les indications de la police, il est mort sur le coup.
Cet habitant de Pointe-aux-Piments s’était réveillé tôt ce jeudi matin pour s’informer des dernières nouvelles concernant l’évolution du cyclone. « Il attendait le bulletin météo pour savoir s’il devait ou non se rendre au dépôt de Triolet. Il aimait son travail et jugeait que le transport public est un service essentiel. Li pa ti anvi ki pasaze gayn problem transpor gramatin », explique son beau-frère consterné par ce drame.
Peu après 4h, la station météorologique a enlevé toute alerte cyclonique, même si des vents forts persistaient encore sur l’île. « Son épouse lui avait préparé son repas, qu’il a mis dans un sac, ainsi que ses chaussures. Il a enfilé un pardessus jaune pour être visible sur la route avant de prendre sa moto et partir en savates », poursuite ce proche.
A ce moment, la région était encore sous l’emprise de grosses averses. La victime a quitté sa maison après avoir pris connaissance du dernier bulletin météo. Il voulait être à l’heure pour prendre un bus au dépôt de TBS, et ainsi entamer sa journée de travail.
La police estime que l’homme n’aurait pas vu un filao tombé sur la route et l’aurait heurté de plein fouet. La victime a été projetée sur plusieurs mètres. Peu après, un collègue, qui se trouvait juste derrière lui à moto, a retrouvé le quinquagénaire avec des blessures gisant sur le sol.
« Kan monn al pou lev li, ti tro tar. Li fini perdi so lavi », raconte ce témoin et ami de la victime à la police, qu’il a d’ailleurs appelée lui-même de son cellulaire, en même temps que le Samu. Avant d’annoncer ensuite la tragique nouvelle aux proches de la victime.
Pour éviter d’autres accidents sur les lieux du drame, la police a mis un véhicule au milieu de la route pour interdire la circulation à ce point précis. Peu après, un médecin du Samu a constaté le décès de Son Gotso, dont la dépouille a ensuite été transférée à la morgue de l’hôpital Jeetoo en vue d’une autopsie.
La police a remorqué la moto accidentée, de marque Suzuki, au poste de police de Trou-aux-Biches. Le Scene of Crime Office examinera l’engin plus tard.
La victime était très appréciée de son entourage. « Ti enn dimounn bien zantil, touzour sourian », dit son beau-frère, qui ajoute que Son aimait son travail. « Il compte plus de 20 ans de service à la TBS », poursuit-il. Le quinquagénaire a travaillé dur pour sa famille, notamment « pour l’éducation de ses deux enfants », explique son beau-frère. « Li ti enn bon papa. »
Ses collègues sont aussi sous le choc. C’est notamment le cas de son ami, qui l’a retrouvé peu après l’accident. Il se montre très critique envers les autorités, qui ont permis la sortie du public hier matin. « Sofer ek kontroler, nou bizin al travay dan sa letan gro lapli ek fer nwar. Avan tir klass siklon, bizin gete avan letan kouma ete. Pa tir siklonn dan nwar. Nou al perdi enn kamarad azordi », dit-il avec le cœur gros.
Un autre collègue de Son Gotso demande aux autorités de revoir le protocole avant de retirer une alerte IV. « Bizin anlev alert dan lizour. Kan anlev alert dan nwar, li enn gro problem, sirtou pou bann anploye transpor ki bizin al travay. Bizin komans get sekirite imin o lie aspe ekonomik », ajoute-t-il.
Des propos que même la police de Trou-aux-Biches semble accréditer. Dans son rapport, la police explique en effet que « the road was slippery and impracticable to road users ». Son Gosto laisse derrière lui une épouse et deux filles, dont l’une se trouve à l’étranger.