Quinzième au Top Model of the World : la belle leçon de vie d’Amellia Léonard

Moquée pendant son adolescence pour sa couleur de peau, Amellia Léonard a longtemps porté des cicatrices invisibles. Elle a cependant eu une belle revanche. De Baie du Cap au concours Top Model of the World en Égypte, où elle a représenté Maurice du 27 février au 14 mars, la mannequin mauricienne en a fait du chemin. À 22 ans, elle s’est hissée dans le Top 15 de ce concours de beauté international. De : Christine Lucain

Bien trop souvent dans son adolescence, on a essayé de lui faire croire que sa “peau noire” et ses “cheveux crépus” étaient des défauts. Aujourd’hui, elle en a fait ses principaux atouts. La Gold Face 2018 s’est fait sa place dans le monde de la mode. La “Tifi la kot” a fait la couverture de magazines, a été sur des panneaux publicitaires, a défilé et a été mannequin pour de grandes marques… Au terme de deux semaines passées en Egypte au concours Top Model of the World, c’est une Amellia Léonard épuisée, mais requinquée qui est rentrée au pays la semaine dernière.

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“Mon apparence et qui j’étais dérangé”

Du haut de son mètre 78 pour ses 48 kilos, avec ses jambes interminables, sa silhouette élancée et sa peau couleur ébène, elle ne manque pas de style et attire les regards sur son passage. “Vous savez, je ne me suis pas toujours trouvée belle”, nous lance-t-elle. J’ai été ‘bullied’ au collège. Ce que j’entendais le plus comme réflexion, c’est que j’étais trop noire, que je devais me blanchir la peau et mieux arranger mes cheveux crépus”. 

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Un jour, cependant, elle a été approchée dans la rue par une personne d’une agence de mannequinat internationale. “Quand j’en ai parlé au collège, des amies m’ont découragée en me disant de ne nourrir aucun espoir, car c’est difficile pour une fille avec mon profil de faire partie d’une agence étrangère”. Amellia Leonard a fini par y croire, car à l’époque, elle manquait de confiance en elle-même pour aspirer à aller aussi loin et ne donna pas suite à cette proposition.

L’émotion est palpable dans son regard et à travers sa voix quand elle raconte comment elle a fait face à des situations humiliantes au collège. “ Mon apparence et qui j’étais dérangeaient. Cela ne me donnait pas les mêmes droits que mes autres camarades au regard de l’administration du collège”.

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S’accepter soi-même

Pour se conformer “aux diktats de la beauté féminine” et ressembler à ces autres qui lui pointaient du doigt, elle s’est longtemps défrisée et lissée les cheveux. Puis, à un moment, elle en a eu ras le bol de l’image qu’elle projetait et a trouvé le courage d’assumer ses cheveux au naturel. Bien que ses proches n’étaient guère favorables à cette idée, elle avance que “Ce sont mes cheveux et je voulais les aimer comme ils sont. Je me suis dit que je ne devais plus prêter attention au regard des autres. C’est ainsi que j’ai commencé à avoir confiance en moi”.

Elle ajoute : “Heureusement que l’on ne se ressemble pas toutes. On a chacune nos propres caractéristiques, en matière de couleur de peau, de type de cheveux, de taille et de morphologie”. La mannequin estime qu’il faut qu’on arrive à intégrer que la différence est une richesse. “Nous sommes tous beaux et belles, mais faut arriver à s’accepter soi-même”.

C’est l’une des raisons pour laquelle elle s’est inscrite au concours Gold Face en 2018. Pourtant, elle fut la première surprise d’être retenue pour le casting et encore plus de remporter le titre. “D’autant plus qu’il y avait de la concurrence. Je suis arrivée seule avec ma grosse touffe de cheveux et j’ai remporté le concours”. C’était irréel, mais aussi un pied de nez à tous ceux qui l’avaient jugé et critiqué. Elle inspirait désormais d’autres jeunes filles qui lui demandaient des conseils sur les cheveux, la peau…  “Après tout ce qu’on m’avait dit au collège, ça mettait du baume au cœur”.

De grandes ambitions

Elle est enfant d’une famille modeste du village de Baie du Cap. Son père est maçon et sa mère jardinière. Ces derniers ont fait d’énormes sacrifices pour assurer l’avenir de leur unique fille jusqu’à s’endetter pour payer ses études tertiaires. Aujourd’hui, elle est en dernière année à l’école de Management hôtelier Vatel de Maurice.

Bien qu’au début, la jeune femme ne s’y sentait pas à sa place au cours des semestres et stages, elle a fini par trouver sa voie. Elle a surtout eu un coup de foudre pour le ‘bartending’ et a commencé à s’intéresser à l’histoire des cigares et des spiritueux. Depuis quelque temps, elle propose même ses services comme barmaid privée pour les soirées et a eu l’occasion d’assurer quelques évènements à thème. Après ses études, elle aspire à travailler pour un grand groupe hôtelier à Maurice, créer des ‘cocktails signature’ et participer à des compétitions internationales de Bartender.

Amellia Leonard est aujourd’hui reconnue dans l’univers du mannequinat à Maurice. Depuis peu, en terminant dans les 15 finalistes du concours Top Model of the World, c’est aussi un nom et un visage qui pèsent sur l’échiquier international. En plus d’avoir porté haut le quadricolore, elle fait la fierté de sa famille et de tout son village. Pour rappel, c’est suite à sa participation au Ahmad-Abbas Pageant Show en octobre 2021 qu’elle obtint le titre de Top Model of the World Mauritius. La mannequin n’oublie pas toutes les personnes qui lui ont donné sa chance ces dernières années. Sans oublier les professionnels et sponsors qui l’ont accompagnée pour sa préparation au concours international.

Amellia Léonard a beau avoir pris un mauvais départ, mais a su se ressaisir et agripper au bon moment les opportunités qui se sont présentées à elle. Non pas que son parcours soit sa “revanche sur la vie” mais représente plutôt “une belle leçon de vie”. Elle n’oublie pas son passé, mais considère que toutes ses expériences ont contribué à forger la femme forte, décomplexée et déterminée qu’elle est aujourd’hui.

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