Mental Health Week – Krishna Seebaluck (psychologue) : « Les impacts du Covid se voient déjà »

Le mois de mai revêt une signification particulière et aujourd’hui encore plus. La Mental Health Week est observée partout dans le monde durant ce mois pour sensibiliser à l’importance et l’urgence de prendre soin de sa santé mentale au même titre que sa santé physique. Krishna Seebaluck, psychologue clinicien, nous parle d’homéostasie, soit de l’équilibre du corps et de l’esprit.

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Les mauvaises nouvelles pleuvent ces derniers temps. Entre pandémie, augmentation du coût de la vie et stress au quotidien, le carnet de charge s’alourdit pour le citoyen lambda. « On ne le dira jamais assez, mais il faut trouver un moment à soi tous les jours. Cela peut être 5 à 10 minutes à s’asseoir et à se poser, pour penser à sa journée et pour se ressourcer », dit d’emblée Krishna Seebaluck. Il nous confie que depuis la pandémie, le nombre de patients a doublé et que beaucoup de Mauriciens confient ressentir une sorte de mal-être.

« Je reçois des patients qui me disent qu’ils ne comprennent pas comment avant la pandémie, ils arrivaient à s’en sortir et à jongler entre vie professionnelle et vie familiale, et qu’après, tout s’est déséquilibré. Ils n’arrivent plus à faire des choses simples comme avant », dit-il.

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« Souvent, ce qu’il se passe, ce sont des soucis du passé qui ressurgissent et puisque le confinement a fait que beaucoup de gens se sont retrouvés chez eux face à eux-mêmes, cela a accentué ce sentiment d’angoisse et d’anxiété », dit-il.

En effet, Krishna Seebaluck indique que les « impacts du Covid se voient déjà », deux ans après son apparition dans nos vies. Appelé à animer des conférences sur la santé mentale sur le lieu de travail, il explique qu’il est important de « valoriser ce côté personnel, car c’est en prenant du temps pour soi, pour faire des choses que l’on aime, que l’on pourra rétablir l’équilibre dans les autres rôles que l’on doit assumer en tant que maman, papa ou époux, entre autres. C’est ce que j’appelle l’homéostasie. »

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Par ailleurs, il soutient que les enfants ont aussi été très affectés par la pandémie. « Travailler et étudier de chez soi a eu des impacts sur les adultes et les enfants. Les adultes se sont retrouvés à travailler de longues heures, voire beaucoup plus que d’habitude, et les enfants eux ont dû rester toute une journée devant un écran. L’on observe une diminution de concentration dans le long terme, ce qui affecte les capacités de mémorisation. Forcément, cela aura des conséquences sur les performances de ces individus », dit-il.

Krishna Seebaluck explique qu’il est ainsi important « de s’arrêter et de prendre le temps de faire une introspection afin de travailler sur ses blocages et si besoin de voir un professionnel de santé qui pourra guider la personne. » Par ailleurs, au vu du nombre de personnes de plus en plus conscientes du besoin de prendre soin de soi, il se réjouit aussi de progrès observé dans le domaine de la santé mentale à Maurice au cours de ces dix dernières années. « Les institutions privées et publiques organisent davantage de journées, voire de semaines de sensibilisation et il y a aussi beaucoup plus de recrutements de professionnels de la santé mentale, et cela montre qu’il y a une prise de conscience », dit-il.

Témoignages

Les jeunes de la Gen Z en parlent

Avec les réseaux sociaux et les nombreuses campagnes de sensibilisation, les jeunes sont plus que conscients de l’importance de la santé mentale. Dans cette optique, l’association YOUth dédiée aux jeunes a organisé à cet effet de nombreux événements, dont un Online Webinar avec Solupsy Moris par Kunal Naik sur comment prendre soin de sa santé mentale et booster son estime en soi ; une session au Jardin botanique de Cureipe avec la life coach et thérapeute Pallavi Jugessur sur Connecting with our inner child and Art Therapy, ainsi qu’une randonnée à Tamarin avec Mpatia Ring, projet du NPCC. Quelques membres ont accepté de nous partager leurs inquiétudes en tant que jeunes dans le contexte actuel.

Naziana Mungly (20 ans) :
« La Gen Z fait face aujourd’hui à d’énormes challenges »

« Je pense, en tant que jeune, que les réseaux sociaux nous ont quand même beaucoup aidés à comprendre ce qu’est la santé mentale et l’importance d’en prendre soin. Lire et écouter les expériences des autres sur Internet a ainsi permis de réduire largement tout le tabou autour des problèmes de santé mentale, ce qui n’était pas le cas pour les anciennes générations qui n’en parlaient pas du tout. Se sentir écoutés et compris nous permet donc, à nous les jeunes, de créer des connexions avec d’autres et de partager notre vécu. Ce qui en quelque sorte libère la parole autour de la santé mentale. La Gen Z fait face aujourd’hui à d’énormes challenges dans sa vie de tous les jours, encore plus avec la pandémie. Il est donc essentiel pour nous d’avancer sainement, et de ne pas rester en place. »

Ravi Luckhun (29 ans) :
« Je perçois beaucoup d’incertitudes, mais je reste optimiste »

« Près de deux ans après le premier cas confirmé de Covid-19, les conflits entre l’Ukraine et la Russie nous plongent encore une fois dans un sombre avenir. La hausse des prix des produits du panier de la ménagère nous affectent tous. En tant que jeune, je perçois beaucoup d’incertitudes, mais je reste optimiste qu’on va s’adapter et trouver des solutions à nos problèmes. On va devoir innover et évoluer dans notre façon de penser et faire. YOUth nous donne une plateforme ou en tant que jeunes, nous pouvons discuter sur ce sujet et à travers ses sessions de formation et ses activités, cette organisation nous permet également de développer le critical thinking afin de pouvoir trouver une solution aux problèmes dont on fait face actuellement. Je pense qu’il est très important que les jeunes soient impliqués dans ce sujet, car c’est notre avenir qui est en jeu. »

Chetan Aubeeluck (20 ans) :
« La santé mentale est devenue un sujet de préoccupation »

« La santé mentale est devenue un sujet de préoccupation particulier pour les jeunes, car ils font face au stress au quotidien. L’esprit d’un jeune est assez actif et c’est le moment où il se poser de nombreuses questions telles que : quel sera son cheminement de carrière, quel type de personne il veut être, où il veut être dans l’avenir, etc. Ces incertitudes combinées pèsent lourdement sur l’épaule de nos jeunes, ce qui leur cause beaucoup de détresse. En plus de cela, le Covid a exacerbé la situation avec ses restrictions et le report des examens, causant plus d’incertitudes dans l’esprit de nos jeunes. Cependant, en tant que coordinateur environnemental de YOUth, je suis heureux de voir le dévouement que nous avons tous pour essayer de résoudre ce problème. Divers séminaires ont été organisés via une réunion en ligne où un professionnel a pu parler de la santé mentale. On est conscient de l’importance de la santé mentale et nous faisons de notre mieux pour encourager nos jeunes à faire de meilleurs choix. »

Reeshun Khugputh (21 ans) :
« Sensibiliser davantage les jeunes »

« La santé mentale des jeunes est primordiale. Étant coordinateur chez YOUth, cela m’a permis d’atteindre et de sensibiliser plus de jeunes en collaboration avec d’autres membres. On est en train de faire de notre mieux pour sensibiliser les jeunes à travers des activités comme des débats sur le sujet et des séminaires organisés en collaboration avec le ministère. »

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