Roches Noires Smart City : nouveau rapport EIA, le promoteur ne lâche pas l’affaire

« Set aside. » Après ce premier commentaire flou des autorités sur le projet Roches Noires Smart City (RNSC) en mai, le promoteur du projet PR Capital semble ne pas avoir lâché l’affaire et prépare un autre rapport EIA à la demande des autorités de tutelle.

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Ainsi, la crainte des collectifs citoyens qui étaient montés au créneau pour relever les nombreuses anomalies du projet et du rapport EIA semble sur le point de se concrétiser. Dans un souci de transparence et d’informer le public, l’ONG Platform Moris Lanvironnman (PML) a décidé de publier son commentaire public soumis en avril et demande qu’une évaluation environnementale stratégique sur tout le site soit faite.

Ils l’avaient prédit : tant que l’expression « set aside » ne sera pas légalement et fermement définie par les autorités, rien ne dit que le promoteur ne reviendra pas à la charge avec une autre proposition ou un autre rapport EIA.

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« Le premier rapport EIA rendu public en avril 2022 portait sur une composante de la RNSC (358 hectares ou 850 arpents), soit un hôtel sur 44 hectares. Cinq semaines après la date limite pour l’envoi de commentaires publics, le ministère de l’Environnement annonçait que le rapport EIA avait été “set aside” (un terme qui ne figure pas dans le Environment Protection Act) », est indiqué sur la page Facebook de l’ONG.

Par ailleurs, le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano, aurait demandé au promoteur, PR Capital ltd, de « préparer un autre rapport EIA pour tout le site. » Sauf que selon l’ONG et d’autres citoyens contestataires, il « n’est pas possible de faire un rapport EIA pour tout le site si toutes les composantes (nature, nombre, emplacement, charge, etc.) de la smart city proposée ne sont pas connues à un niveau de détail où les impacts peuvent être évalués comme le requiert le Environment Protection Act. »

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En somme, le promoteur serait en train de mettre la charrue devant les bœufs. PML ajoute qu’« il n’est pas possible de faire un EIA pour l’hôtel seul sans que certaines études techniques ne soient conduites pour tout le site.

En d’autres mots, sans qu’une évaluation environnementale stratégique (SEA en anglais) ne soit faite pour tout le site. (…) En effet, une SEA aurait permis de voir quel type d’usage serait le mieux adapté à ce site de 358 hectares au caractère très sensible. » De plus, PML estime que penser le site comme d’un terrain vague (vacant land) est assurément la source des manquements, failles et faiblesses du rapport EIA soumis.

La notion même de penser d’un terrain qu’il est « vacant » ou « vague », et peut donc être approprié et occupé pour un développement urbain à usage privé traduit une façon de penser qui est à l’opposé des principes de sustainability. Cette approche élimine d’entrée la recherche et l’établissement du niveau des services écosystémiques existants du site. Elle explique les manquements dans la méthodologie pour l’acquisition des données de base sur les écosystèmes et caractères environnementaux du site. De plus, l’association estime que « l’Economic Development Board (EDB) a fait preuve d’un niveau de défaut de vigilance consternant. »

Pour rappel, pas moins de 358 hectares de forêts vierges, d’étangs et de caves sont concernés par ce projet d’hôtel de 90 villas de luxe dans un premier temps et une ville intelligente dans un deuxième temps.

Le promoteur, PR Capital, subsidiaire du groupe français City Group, qui a fait la demande en 2021 pour un Smart City Certificate auprès des autorités concernées, a obtenu une letter of comfort en mars 2022 lui permettant de soumettre son Master Plan ainsi que son Environment Impact Assessment (EIA) dans l’attente d’obtenir le feu vert pour démarrer les travaux. Les citoyens, eux, ont soumis leurs commentaires publics en avril et le ministère de l’Environnement annonce avoir « set aside » le projet.

David Sauvage, de Rezistans ek Alternativ, confiait dans un entretien à Week-End qu’à ce jour un seul projet avant celui de la RNSC a été « set aside », notamment le projet Veolia qui avait fait grand bruit.

Par ailleurs, de nombreux spécialistes avaient pris position, dont le géomorphologue Prem Saddul, Julian Hume, auteur de Lost Land of the Dodo et Gregory Middleton qui soulignait le potentiel de ces tunnels de lave « qui présentent des paysages spectaculaires et qui abritent des populations d’oiseaux rares et de chauves-souris menacées. Avec un bon encadrement et une bonne gestion du site, plusieurs parties de ces caves peuvent être développées pour le tourisme. »

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