Café de Mon Plaisir est le label retenu et sous lequel sera, très certainement, commercialisé le café rodriguais sur le marché régional et international, si tout ce passe comme le prévoit le gouvernement régional.
De l’unité de transformation de Mon Plaisir à la tasse, il faudra compter encore quelques mois avant de savourer le Bourbon pointu (une variété du caféier d’Arabie issue de la « mutation laurina ») de Rodrigues. La première récolte démarrera en décembre prochain et une autre en avril 2023 à Saint Gabriel où 7,400 caféiers, sur 5 hectares de terres, donneront les premières cerises après la mise en terre des semis en 2019.
N’épargnant aucun effort pour investir dans cette filière, Rodrigues avait déjà commencé la plantation de café en 2014. Alors que 12 tonnes de cerises étaient attendues en 2019, deux cyclones ont balayé l’espoir des Rodriguais. Mais déterminé à développer cette culture avec l’aide de La Réunion, le gouvernement régional et les 13 membres de la Rodrigues Coffee Producers Cooperative l’ont relancée.
La création de Rodrigues Coffee Board Ltd est même en cours. Dans l’île, le café Cygangue (nom du village) est déjà connu. Mais avec Café de Mon Plaisir, Rodrigues entame une nouvelle et prometteuse aventure, d’autant que la variété Bourbon est l’une des plus appréciées au monde.
Rodrigues s’apprête à effectuer sa première récolte de café grand cru en décembre prochain et entamera une autre en avril 2023. La récolte de décembre devrait tourner autour de 2,3 tonnes de cerises. Et pas n’importe lesquelles.
L’île s’est lancée dans la culture du café Bourbon, variété du caféier d’Arabie issue de la “mutation laurina”. Cette variété est elle-même désignée sous le nom scientifique de Coffea arabica laurina, une variété d’Arabica des plus appréciées au monde. Et populaire à La Réunion. “Le café a été introduit à Rodrigues à l’époque des colonisateurs français, vers 1800, ce qui explique cette variété, la même que nous retrouvons à La Réunion”, explique Rib Benley Agathe, agronome à la Commission de l’Agriculture.
Ce dernier était présent à Maurice, récemment, dans le cadre d’une formation pour acquérir une compréhension globale de la mise en œuvre des indications géographiques. Cette formation était organisée par le ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international, avec le soutien technique et financier de l’Union Européenne.
Rs 24 M pour l’unité de transformation
Le café rodriguais, parmi d’autres productions agro-alimentaires, bénéficiera du signe d’indication géographique, un gage de qualité et de caractéristiques propres à leur lieu d’origine, notamment Rodrigues. La prochaine récolte sera issue de la plantation de Champs à Saint-Gabriel, sur un terrain d’une superficie de 5 hectares. La culture des pieds d’Arabica dans le cadre du projet régional est assurée par la Rodrigues Coffee Producers Cooperative avec le support du gouvernement régional.
Depuis que Rodrigues s’est investie dans la valorisation de la filière café, en 2017, l’île s’est assurée de l’application de la logistique pour les étapes post-récolte, notamment la transformation des cerises.
Dans cette optique, une unité de transformation, de séchage et de torréfaction a été aménagée et équipée à Mont Plaisir. Cette mise en place a nécessité un investissement de Rs 24 M. L’île collabore aussi avec la Chambre de l’Agriculture de La Réunion pour l’accompagner dans sa démarche de commercialiser un produit de qualité pour le marché international, notamment européen.
Cette collaboration fait suite à une mission chez nos voisins, par le commissaire à l’Agriculture, Louis Ange Perrine. C’est ainsi que Patrice de Berge, un expert réunionnais reconnu, a été dépêché à Mont Plaisir et aux Champs de Saint-Gabriel, en juillet dernier, pour une évaluation de la culture de l’Arabica Bourbon dans l’île.
Café bio
La collaboration Rodrigues/Réunion, explique encore Rib Benley Agathe, est précieuse pour la reconnaissance du café rodriguais sur le plan régional et international. Rodrigues vise loin et veut mettre tous les atouts de son côté. D’ailleurs, l’île s’est appuyée sur le savoir-faire réunionnais pour faire des tests de qualité sur une sélection de graines de café. Celles cultivées à Champs ont été choisies pour la commercialisation.
“L’avantage du caféier Bourbon est que nous pouvons faire deux récoltes. Après la première récolte de décembre, la seconde est prévue pour avril 2023”, dit l’agronome de la commission de l’agriculture. Et de poursuivre : “Le système d’exploitation privilégié est l’agroforesterie. Nous avons planté des bananiers et calliandra pour donner de l’ombre aux caféiers et fertiliser le sol.” Pour le moment, le café de Mon Plaisir est d’origine bio. Mais si les coopératives – lorsqu’elles prendront pleinement la culture du café, du début à la transformation – ont recours à des apports extérieurs au système naturel pour la production, le label bio ne sera plus appliqué au produit. En grains ou moulu, le Café de Mon Plaisir répondra au goût des palais des amateurs. Une étude du marché est prévue dans ce sens.