Un scandale : le mot n’est pas assez fort pour décrire cette gigantesque décharge sauvage qui s’étend depuis plus d’un an à Camp-Le-vieux, Rose-Hill, sur un terrain d’État. Des déchets en tous genres à perte de vue, 20 hectares souillés, des tonnes de gravats de chantier déversées quotidiennement sur le site par des dizaines de camions BTP.
On a l’impression d’avoir affaire à une bande organisée. Actes d’autant plus indignes que la déchetterie légale de la Chaumière est à quelques minutes en voiture. Les conséquences sur la santé et la sécurité des habitants seront dramatiques si les pouvoirs publics ne se décident pas à prendre les taureaux par les cornes. Patrick Belcourt, leader du parti En Avant Moris, a pourtant tiré la sonnette d’alarme sur la recrudescence de ces actes d’incivilité en interpellant, à maintes reprises, les élus de la ville. Le maire David Utile promet de s’entretenir avec le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano pour mettre hors état de nuire les contrevenants.
On ne compte plus le nombre de fois où Week-End a relayé dans ses colonnes les images glaçantes de détritus balancés en pleine nature, mais le triste et révoltant spectacle qui s’offre aux yeux des habitants de Camp-Le-Vieux dépasse l’entendement et mérite qu’on s’y attarde. Pour saisir l’ampleur de cette terrible réalité, il faut se rendre aux confins du quartier, à quelques encablures des complexes NHDC. On comprend vite la nature de ces détritus et leur origine.
Une décharge tellement immense qu’elle ne peut qu’être l’œuvre des professionnels du BTP. Depuis le balcon de sa maison, Paul (prénom fictif) a une vue imprenable sur une immense dune de gravats parsemant le site où les joggeurs y venaient, naguère, en grand nombre, pratiquer leur sport au contact d’une nature préservée. C’est pourtant là que des artisans peu scrupuleux choisissent de se débarrasser des déchets de construction en toute impunité, évitant d’aller dans la décharge légale de La Chaumière qu’ils jugent trop éloignée.
C’est la même rengaine tous les jours. Une file de camions benne fait le va-et-vient vers le site pour y déverser leurs déchets à partir du 5h du matin jusqu’à la tombée du jour. Le propriétaire d’une maison, sise en face de la décharge à ciel ouvert, filme le ballet des camions videurs faisant un bruit infernal et dégageant des nuages de poussière qui s’infiltrent partout, même à l’intérieur des maisons, en mettant en péril la santé des riverains. Et comme si ça ne suffisait pas, ces camions, à force d’arpenter les rues du matin au soir, ont cassé le principal tuyau d’alimentation d’eau du quartier. Ce qui provoque une pénurie du précieux liquide chez de nombreux foyers.
Non loin de là, on constate des dépôts multiples, dont des sacs remplis d’ordures. Les décharges illégales qui émaillent le quartier concernent également l’amoncellement de déchets bitumeux. Preuve en est que la bêtise de certaines personnes semble ne plus avoir de limite, ces déchets bitumeux sont même déversés sur la rue qui longe le site où s’entassent des câbles et autres appareils ménagers qui montrent clairement que l’incivisme gagne chaque jour du terrain, au détriment du respect de l’environnement.
La réaction du maire
Au détour de ces tas d’ordures, il y aurait pire : des déchets toxiques. De fieffés filous sont de plus en plus nombreux à y faire brûler des gaines plastiques entourant des câbles de téléphone, afin d’en extraire le cuivre. En cette période de sécheresse, les risques d’incendies sont importants et des émanations de fumées sont visibles. Les riverains, qui sont au bord de la crise de nerfs, peuvent heureusement compter sur le soutien du leader du parti En Avant Moris, Patrick Belcourt qui ne passe pas par quatre chemins pour critiquer « le manque de réactivité » des élus de la circonscription : « Nous avons quatre députés ici, dont deux faisant partie du gouvernement. Ki zot atann pou azir. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai contacté les élus du Conseil municipal, dont l’ancien maire Ken Fong et son successeur David Utile, pour mettre un terme à cette catastrophe. »
En postant des photos, les unes plus choquantes que les autres, sur les réseaux sociaux, Patrick Belcourt pensait pouvoir créer un sursaut d’orgueil du côté des élus de la ville. Il n’en est rien. Le maire David Utile nous a confié, hier, que « le ministère du Logement et des Terres avait prévu d’orchestrer en 2021 un projet de logements sociaux sur lesdites terres. Ken Fong et moi, nous nous étions même rendus sur le site en mars 2021 pour superviser des travaux de nettoyage et de remblai, confiés à Larsen & Toubro (L&T). Sauf que le projet a été mis en veilleuse pour des raisons que j’ignore. Je contacterai le ministre de l’Environnement Kavy Ramano dans le plus bref délai pour mettre un terme à ces incivilités.» Le conseiller du PMSD Olivier Barbe compte s’emparer de cette affaire, lors du prochain Conseil.