Pour cause de COVID : Gisèle Noyau fête ses 100 ans en isolement à ENT

l L’équipe soignante de l’hôpital a fêté les 100 ans de la patiente que les proches ont pu suivre “lor telefon”

C’est un événement exceptionnel qui s’est déroulé à l’hôpital ENT la semaine dernière. Pour cause : l’atmosphère particulière et mortifère que confèrent ces locaux depuis qu’ils accueillent les patients atteints de Covid — dont beaucoup y ont laissé la vie — était cette fois le théâtre inhabituel d’un événement festif, soit les 100 ans de Gisèle Noyau. En chemise de nuit, qui plus est… Et pas pour autant moins coquette que d’habitude. Surtout que la centenaire, quoique souffrant des séquelles du Covid, affichait la gaieté, car surprise et attendrie que le personnel de l’hôpital ait pensé à elle pour ses 100 ans qu’elle a fêtés loin des siens.

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Ces derniers ont toutefois pu assister à cet hommage via un “visio-anniversaire” dans la salle de communication de l’établissement de santé. De quoi les marquer à jamais à travers cette célébration inoubliable pour la famille et le personnel médical. Une de ces belles histoires positives en cette période compliquée pour les soignants également.

À 100 ans, c’est une Gisèle affaiblie mais pétillante qui a coupé son gâteau d’anniversaire le vendredi 7 octobre dans une salle de l’hôpital ENT spécialement aménagée pour l’occasion. L’équipe soignante du service Covid-19 avait mis tout en œuvre pour égayer cette journée d’anniversaire si particulière pour cette patiente qui y a été admise quelques jours plus tôt, positive au Covid, et avec quelques complications de santé. D’ailleurs, ce n’était pas la première fois que l’hôpital ENT organisait ce genre d’événement. “Nous avons eu deux autres patients depuis l’éclatement du Covid ces deux dernières années. Atteindre 100 ans, ce n’est pas donné à tout le monde. Nous avons voulu rendre hommage à sa gran dimounn-la. D’autant que ce n’est pas évident pour aucun patient d’être loin des siens et encore moins le jour de son anniversaire, qui plus est, un anniversaire aussi important”, explique le Dr Soobaraj Sok Appadu.

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C’est ainsi, avec la permission du ministère de la Santé, qu’une salle a été apprêtée pour l’événement qui s’est déroulé en présence du directeur de l’hôpital ENT et du personnel soignant et non-soignant. Une fête qui a mis du baume au cœur de Gisèle Noyau, qui ne s’y attendait pas.

Ses proches non plus d’ailleurs ne s’y attendaient pas. “Nous étions en train de vaquer à nos occupations lorsque j’ai reçu un coup de fil de l’hôpital”, raconte Marlène Castel, une des filles de Gisèle Noyau. Comme pour chaque coup de fil de l’hôpital ENT depuis que sa mère y est admise, Marlène a le cœur qui chamboule. “Ou pa kone ki ou kapav tande. Mama li vie. Zot kapav pe anons kitzoz”, dit-elle. Mais au bout du fil, son correspondant lui demande de se rendre au plus vite à l’hôpital, car “ena enn ti fet pou mo mama”, dit-elle. “Nous n’y étions pas préparés. Nous étions dans nos simples vêtements de tous les jours, mais comme on nous a dit de faire vite, ceux qui pouvaient y aller y sont allés”, poursuit Marlène Castel.

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À l’hôpital, les quelques proches de Gisèle Noyau qui ont fait le déplacement sont installés dans une salle de communication. Et surprise : c’est via un videochat qu’ils ont pu participer à l’anniversaire de la centenaire. Installée dans un fauteuil roulant, la belle dame, en chemise de nuit, mais plutôt fringante, était entourée du personnel soignant de l’hôpital. Sue une table, un beau gâteau d’anniversaire. Grâce à ce “visio-anniversaire”, Gisèle Noyau a pu communiquer avec ses proches et d’ailleurs, même si la communication était mauvaise, a pu exprimer sa gratitude envers l’hôpital ENT pour les soins prodigués, mais surtout l’attention particulière qu’on lui a accordée pour ses 100 ans.

Il faut dire que si Gisèle Noyau se porte plutôt bien aujourd’hui, quoi que toujours admise en observation à l’hôpital ENT, ses proches ont craint pour sa santé. Elle avait d’abord été hospitalisée à l’hôpital Jeetoo pour des problèmes respiratoires en septembre dernier. Mais Gisèle Noyau était rentrée chez elle quelques jours plus tard. Cependant, son état de santé n’étant pas au beau fixe, ses proches l’ont transportée à nouveau à l’hôpital Jeetoo au début du mois d’octobre. Ils apprendront deux jours plus tard qu’elle avait été diagnostiquée positive au Covid et donc transférée à l’hôpital ENT. Un véritable choc pour sa famille, qui se préparait à célébrer en grande pompe les 100 ans de la mamie le 7 octobre. “La salle des fêtes avait été réservée. Nous avions tout préparé pour faire une belle fête avec tous nos proches, mais avec maman à l’hôpital, surtout avec le Covid, nous avons décidé de tout annuler”, raconte Marlène Castel.

Pour cause, il n’est un secret pour personne que le Covid peut être compliqué pour les personnes âgées qui sont plus fragiles. Et si Gisèle Noyau, malgré son âge et des complications cardiaques qu’elle a développées ces dernières années jouissait d’une plutôt bonne santé, avec son admission à l’hôpital — une première pour la doyenne —, ses proches étaient stressés. “Ce n’est pas facile, car nous avons peur qu’il lui arrive quelque chose”, confie sa fille. Surtout que Gisèle Castel a toujours été proche de ses enfants.

Mariée à Georges Maxime Noyau, décédé il y a une dizaine d’années, Gisèle a mis au monde cinq enfants, deux garçons et trois filles, dont l’une est décédée. Très affectueuse, elle est aussi très proche de ses 10 petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. Malgré ses 100 ans, Gisèle Noyau reste très lucide et même “li kontinie fer so bann ti aktivite dans la maison”. Lesquelles ? Eh bien, ramasser le linge sur la corde à sécher ou coudre, par exemple. « Eh oui, Gisèle arrive encore à coudre et même enfiler les aiguilles », rigole Marlène Castel, avec qui elle vit depuis quelques années. L’habitante de Résidence La Cure a toujours été active, confie Marlène Castel, indiquant que sa mère était une employée de la BAT dans sa jeunesse.

“La famille, c’est son tout”, ajoute Marlène Castel, faisant ressortir qu’avec son époux, Gisèle Noyau a toujours veillé à la bonne éducation de ses enfants et à l’avancement de sa famille. Une famille unie qui chérit la centenaire. “Zame ou blie seki ou gran dimounn inn fer”, dit la fille de Marlène Castel. D’autant que Gisèle Noyau est une femme douce, serviable, attentionnée et de nature très calme.

Ce sont d’ailleurs ces traits de caractère marquant chez Gisèle Noyau que le personnel soignant de l’hôpital ENT a aussi voulu célébrer en organisant son centième anniversaire alors que la doyenne est confrontée à une épidémie particulièrement meurtrière pour les seniors. “Elle célébrera plus fastidieusement avec ses proches lorsqu’elle sortira de l’hôpital, mais pour nous, c’était important de marquer le coup”, dit le Dr Soobaraj Sok Appadu.

Pour sûr, les proches de Gisèle Noyau attendent son retour à la maison avec impatience. Ce qui prendra quelques jours encore, confie le directeur de l’hôpital ENT, indiquant que l’état de santé de la mamie est stable, mais au vu de son âge et de ses antécédents cardiaques, il est essentiel de prendre toutes les précautions nécessaires pour mettre Gisèle Noyau hors de danger. Entre-temps, les proches de la centenaire lui ont remis un téléphone portable à l’hôpital ENT. Et depuis lundi dernier, avec l’aide du personnel soignant, elle peut mieux communiquer avec sa famille, qui ne manquera pas d’organiser une fête d’anniversaire pour marquer dignement ses 100 ans.

Il y a de plus en plus – 85 centenaires en 2022

Cette année, Maurice devrait comptait 85 centenaires. Entre janvier et septembre dernier, on en a déjà célébré 69. Parmi, 59 femmes et 10 hommes. 16 autres centenaires, soit un homme et 15 femmes, devraient s’ajouter à la liste d’ici à fin décembre. Un chiffre supérieur à 2021, où l’on comptait 69 centenaires, soit 59 femmes et 10 hommes. En 2020, il y avait encore moins de centenaires, notamment 49, soit 38 femmes et 11 hommes. Alors qu’en 2019 ils étaient au nombre de 71, soit 57 femmes et 14 hommes. Le doyen des centenaires est une femme. Il s’agit d’Irlande Richard. Elle est née le 14 juin 1914. Elle a fêté en juin dernier ses 108 ans. Teelockchund Soomaroo, né lui le 23 février 1917, est âgé de 105.

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