A l’heure du règlement des comptes : Soupçon de fraudes électorales et forte dose de corruption

Les révélations des Kistnen Papers au sujet du financement de la campagne du MSM pour les élections générales du 7 novembre 2019 à Quartier-Militaire/Moka (N°8), avec Pravind Jugnauth, Leela Devi Dookhun-Luchoomun et Yogida Sawmynaden en tant que candidats, et le Procurement Angle, marqué par l’exercice des dés pipés pour l’allocation des contrats sous Covid-19, sont perçus comme les principaux ingrédients débouchant sur l’élimination physique du chef agent Kaya Kistnen. L’emploi fictif de Simla Kistnen en tant que Consituency Clerk de l’ancien ministre Yogida Sawmynaden n’aura que valeur de cerise sur le dessert. C’est ce qui découle d’une lecture des documents tombant dans le domaine public depuis vendredi.

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Abordant le volet des Kistnen Papers, le rapport du 22 novembre 2021prend le soin de formuler la demande à une série d’institutions compétentes en vue d’initier des enquêtes complémentaires déterminant « whether the fact that these documents (les 25 pages de l’agenda AML) were taken by Kaya Kistnen and the fact that he had information about malpractices related to the general elections may have been a motive for the present crime. »

Ainsi, la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath recommande que la Commission électorale, agissant sous les dispositions de la Representation of the People’s Act et l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), sous celles de la Prevention of Corruption Act et de la Financial Intelligence and Money Anti-Laundering Act, s’engagent dans des in-depth inquiries pour instruire des procès au pénal contre des coupables identifiés dans les multiples pages des Kistnen Papers.

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Le rapport du tribunal de Moka s’attarde sur la chronologie des derniers échanges autour des Kistnen Papers, avec Bruneau Laurette remettant ces documents, appartenant au chef agent du MSM au N°8, à une tierce partie le 1er octobre 2020. « Kistnen Papers were in possession of Kaya Kistnen prior to him remitting same to witness No 53. Kaya Kistnen was found dead two weeks after these documents were given to witness No 52. At this stage, that possibility that the death is related to the revelations contained in the Kistnen Papers cannot be discarded », lit-on au paragraphe 5.2.22 de la page 18 du document.

Plus loin, la magistrate relève « two very disturbing elements which emerged from these documents » en faisant état de « some shocking information in relation to practices during the general elections. » Elle fait état de « registration of foreign nationals as voters in Consituency N°8 against financial payment to secure votes and the money which was used as expenses during the campaign may have exceeded the sum prescribed by law. »

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La cour reconnaît qu’étant privy à des informations cruciales susceptibles d’étayer des allégations de fraudes et de malpractices au scrutin législatif du 7 novembre 2019, le chef agent du MSM, en délicatesse avec son parti, aurait pu exercer du chantage. Toutefois, l’enquête judiciaire évite de marcher sur les plates-bandes des autres instances en limitant au strict minimum ses commentaires sur les Kistnen Papers.

Par contre, The Procurement Angle, avec des contrats d’une valeur de l’ordre de Rs 1,4 milliard pour le seul compte de la State Trading Corporation (STC), bénéficiant d’un guichet exclusif en devises étrangères à la Banque de Maurice en cette période de lockdown, est exploité à fond au titre de « the strongest motive fo the crime. »

Même si ce volet d’allocation de contrats est sous le contrôle de l’ICAC, le rapport brosse un tableau du Sawmynaden Web, car « to understand why this aspect may constitute the strongest evidence, it would be apposite to analyse and understand the relationship between the parties and the contracts which were awarded by different institutions. »

Au cœur de la procurement galaxy, l’ancien ministre du Commerce Yogida Sawmynaden, ayant la STC sous son contrôle, dont le General Manager était un dénommé Jonathan Ramasamy. Ce dernier n’est autre que le beau-frère de Vinay Appanah, un ami de collège de Yogida Sawmynaden. « The link Sawmynaden/Appanah is established clearly by virtue of their personal equation as well as through the numerous contracts in millions awarded to Vinay Appanah », affirme le rapport.

« Mo pou grenn zot Kouma zamalak »

Puis entre en jeu un certain Deepak Bonomally, un consultant chez Vinay Appanah, dont les compagnies décrochent de multiples contrats pendant le confinement de la STC du beau-frère de Vinay Appanah. Cette même STC se permet aussi d’arroser de contrats Neeta Nuckched, une amie de Yogida Sawmynaden et hôtesse de l’air de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius. La société de cette dernière, Neeteeslec, n’a aucune expérience dans l’exécution des contrats décrochés de la STC. Donc, elle n’aura d’autre choix que d’avoir recours à l’outsourcing.

Devant le fait qu’il se sentait mener en bateau en ne décrochant aucun contrat, Kaya Kistnen devait hausser le ton, avec notamment la menace « mo pou grenn zot kouma zamalak », au point d’être ramené à l’ordre brutalement par le VIPSU du ministre. En parallèle, le clan Appanah-Bonomally en tirait profit. « The relationship between the parties becomes more revealing when both Vinay Appanah and Deepak Bonomally pay Rs 2,7 million and Rs 600 000 to the newly formed Neeteeslec of Neeta Nuckched. The nexus between Neeta Nuckched and the duo Appanah-Bonomally is Yogida Sawmynaden », poursuit le rapport, qui énumère les multiples contrats alloués.

Néanmoins, plus grave est l’assertion à l’effet que « Vinay Appanah caused his employee Deepak Bonomally to obtain contracts from the STC under the latter’s companies with the assistance of his friend Yogida Sawmynaden who is the Minister responsible for the STC. In return, kickbacks were given to Yogida Sawmynaden, one example of which would be the money which is paid into the account of Neeteeselec. » Qu’attend l’ICAC pour sortir de sa léthargie légendaire ?

Après avoir commenté de manière défavorable la présence du couple Punith dans les opérations de la société Neeteeselec, avec Neeta Nuckched n’étant qu’un prête-nom pour empocher les millions générés par les contrats, la magistrate Mungroo-Jugurnauth semble vouloir porter l’estocade à Yogida Sawmynaden, qui avait cru ces derniers temps pouvoir effectuer un come-back in frontline politics. En effet, tout un paragraphe du rapport est réservé à la présence de Yogida Sawmynaden et un dénommé Ravi Chand Leela dans les parages d’Atma Shop à La Louise, Quatre-Bornes, au moment de la disparition de Kaya Kistnen de tout radar dans l’après-midi du 16 octobre 2020. Tout en ne cachant pas que c’est probablement la clé du mystère de la Telfair Gate, le paragraphe 6.3.8 de la pénultième page du document est révélatrice de ce litmus test à plus d’un titre.

« Kaya Kistnen was last spotted at St Jean in Quatre-Bornes between 1 pm and 2 pm. According to itemised bill of his phone number, Kaya Kistnen was in or around Quatre-Bornes between 13h26 and 17h50 before the said phone was finally switched. Kaya Kistnen had mentioned to a few witnesses that he was meant to meet Ravi to receive money on the 16 th October 2020. The proximity of the whereabouts of Yogida Sawmynaden and Ravi Chand Leelah at around the time Kaya Kistnen disappeared is an element which I recommend be explored by the police with the other evidence available. »

Une flèche du Parthe en direction de Yogida Sawmynaden, porté disparu sur l’écran politique depuis la fin de la semaine…

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