Des habitants du sud privés d’eau à bout de nerfs comme ceux de de Poste de Flacq, mardi dernier
Des habitants de Poste-de-Flacq qui ont exprimé leur colère, mardi soir, en bloquant la route Royale au moyen de pneus, de charrettes en métal et de pierres pour protester contre la forte pénurie d’eau qui affecte le village depuis le mois dernier. La situation est aussi très délicate dans le Sud où une vingtaine de localités sont privés d’eau et la CWA qui craint un « remake » des événements qui se sont déroulés le 26 décembre dernier à Bambous-Virieux, travaillent d’arrache-pied pour que la situation revienne à la normale aujourd’hui. Si les choses sont rentrées dans l’ordre après quelques heures à Poste-de-Flacq, la population là-bas et ailleurs entendent intensifier la pression sur les autorités pour la mise sur pied de mesures probantes qui régleraient la crise de façon pérenne.
Les habitants de Bambous-Virieux font école. C’est le moins qu’on puisse dire après les événements de mardi soir à Poste-de-Flacq, où les habitants s’étaient pourtant montrés compréhensifs et patients jusque-là, mais « enough is enough », ont martelé une centaine d’hommes et de femmes. Exaspérés par le manque d’eau, ils sont descendus dans la rue pour exprimer leurs mécontentements. Une fronde qui est révélatrice du sentiment de ras-le-bol qui s’est emparé des consommateurs lésés des villes et des villages où les pénuries d’eau sont légion. Des centaines de familles sont contraintes de passer des jours, voire des semaines, sans une seule goutte de cette denrée essentielle. Et avec l’arrivée de l’été, la tension risque de monter d’un cran au cas où les autorités ne rectifient pas le tir. Il était 19h45 lorsque les officiers du poste de police de Flacq ont appris que la circulation avait été interrompue par une foule en colère et déterminée à passer un message clair et limpide.
Dans une courte vidéo du rassemblement nocturne, relayée sur la toile, on voit une dizaine de personnes, notamment des femmes, installer des pneus, des charrettes en métal et de pierres en appelant les automobilistes et les badauds massés sur les trottoirs à « montrer leur courage » et les rejoindre. « Certains quartiers connaissent des coupures d’eau depuis huit jours. Pas une goutte d’eau. Nous réclamons la démission des responsables incompétents au sein du gouvernement », scande une manifestante.
Les officiers quittent uneréunion à Triolet
Les policiers, qui sont arrivés sur les lieux pour tenter de faire entendre raison les frondeurs, ont su trouver les mots justes pour les enjoindre à mettre un terme au barrage routier.
À en croire des riverains, pour les foyers les plus chanceux, l’eau coule parfois au rythme de deux ou trois heures par jour, alors que d’autres habitants passent plusieurs jours sans voir une goutte d’eau couler du robinet. Avant la manifestation, les camions-citernes desservaient le village une à deux fois par semaine. Et encore, ce ne sont pas tous les habitants qui recevaient l’eau, disent-ils. Selon le responsable de la communication de la Central Water Authority (CWA), Sunil Gopal, « des techniciens suspectent que les principales sources d’alimentation du village ont été obstruées par des débris, réduisant considérablement l’écoulement et la pression de l’eau vers les robinets. Nous sommes déterminés à apporter des solutions probantes dès cette semaine. »
La tension, que l’on pensait aplanie, est de nouveau à son comble dans le nord de l’île et plus particulièrement à Triolet, où le phénomène s’est accentué malgré l’article paru dans les colonnes de Week-End le 18 septembre dernier, faisant état du calvaire auquel sont confrontés les riverains depuis deux mois. La CWA a beau tenter de désamorcer la polémique en déployant des camions-citernes, de nombreux habitants commencent à perdre patience. Des officiers de CWA en ont d’ailleurs pris pour leur grade lundi lors d’une réunion avec les habitants. Acculés de questions, ils ont préférés quitter la réunion au bout d’un quart d’heure.
Et maintenant
le sud
Dans le Sud de l’île, la situation est aussi en train de se déteriorer surtout dans les régions de Plaine Magnien, Trois Boutiques, L’Escalier, Mare Chicose, St.Hubert, New Grove où l’eau est venue à manquer à cause, selon la CWA, des ajustements techniques sur le captage d’eau à Cluny. Des citernes d’eau ont été dépêchées sur les lieux pour calmer la tension et la CWA prévoyait hier en retour à la normale ce dimanche.
Réservoirs : taux de remplissage
de 69,2% contre 81,8% il y a un mois
Il n’a pas plu des cordes depuis plusieurs semaines dans les quatre coins du pays. D’où la baisse drastique au niveau du taux de remplissage des sept réservoirs qui affichent une moyenne 69,2% contre 81,8% il y a un mois. C’est ce qui ressort des dernières estimations de la Water Resources Unit. À pareille époque l’année dernière, le niveau d’eau était nettement supérieur, soit 93%. Mare-aux-Vacoas, le plus grand réservoir du pays, affiche actuellement un taux de remplissage de 72,5%. À cette même époque en 2021, le niveau était de 93,7%. Piton-du-Milieu est à 73,6% de sa capacité, contre 98% en 2021. Mare Longue affiche quant à lui 82%. Midlands Dam affiche un fort taux de remplissage de 77,1%. À la même époque, l’année dernière, il était à 99%. Bagatelle Dam est à 70,5% de sa capacité, contre 95,2% en 2021, alors que La Nicolière est à 39,5%. La Ferme affiche un taux de remplissage de 47,7%.