L’exploitation minière en haute mer dans la zone économique exclusive de Maurice n’est peut-être pas d’actualité, mais est à l’agenda avec le Deep Seabed Mining Bill. Il reviendrait au Department for Continental Shelf, Maritime Zones Administration & Exploration de trouver une société spécialisée dans l’exploration et l’exploitation minières pour mener les opérations, lorsque la loi sera en place. Entre-temps, vit paisiblement dans les profondeurs océaniques de notre région un escargot unique en son genre. Cependant, le moindre forage minier dans nos potentielles réserves sous-marines menacerait l’habitat de cette espèce en voie de disparition. Des scientifiques locaux s’inquiètent déjà de l’avenir de cet escargot écailleux. Entre des minerais, aux prix qui ne cessent de grimper, et un petit escargot à pieds écailleux, le choix sera stratégique.
La présence de nodules polymétalliques des fonds marins (aussi appelés nodules de manganèse — des concrétions minérales reposant sur le lit océanique) en haute mer — est une probabilité qui viendrait constituer une ressource minérale stratégique pour Maurice. Riches en cuivre, nickel et cobalt, les nodules polymétalliques représentent un enjeu économique pour Maurice face à l’envolée des prix des minerais. Dans le passé, une étude menée conjointement entre des chercheurs japonais et Mauriciens ont démontré la présence de surface hydrothermale inactive dans notre zone économique exclusive.
Des minerais dans les profondeurs
La présence prouvée de nodules polymétalliques dans le Bassin central indien ne peut que renforcer la conviction qu’il est possible de trouver des minerais sous les profondeurs abyssales de nos mers. En attendant, le Deep Seabed Mining Bill, où en est-on en matière de collaboration, de recherches, entre autres ? Nous n’en saurons plus, puisque le directeur, Reza Badal, du Department for Continental Shelf, Maritime Zones Administration & Exploration, est actuellement en mission à l’étranger.
Ainsi, la quête de nodules polymétalliques dans la zone économique exclusive de Maurice serait une menace directe pour le Chrysomallon squamiferum (Scaly-foot Snail). Gastéropode écailleux, le Scaly-foot Snail est une espèce d’escargot hydrothermal de haute mer, de la famille des peltospiriade qui vit à plus de 2 400 mètres de profondeur dans l’océan Indien près des cheminées hydrothermales. La couche supérieure de sa coquille est la seule connue contenant du fer, ce qui lui permet de résister à des conditions de vie très rudes.
Menacé de disparition, l’escargot à pieds écailleux est la première espèce endémique des sources hydrothermales profondes à avoir été inscrit sur la Liste rouge de l’International Union for Conservation of Nature (IUCN). Et il est le premier animal à être répertorié comme étant en voie de disparition en raison de l’exploitation minière en haute mer. Cette espèce n’est connue que de trois endroits sur les dorsales océaniques (chaînes de montagnes sous-marines) profondes de l’océan Indien, entre 2 400 et 2 800 mètres sous le niveau de la mer. Et en raison de son habitat très spécifique — il occupe une superficie inférieure à 0,2 km2 —, l’étendue maximale de l’espace occupée ne dépasse pas 300 km2. Si l’exploitation minière est autorisée dans la région de l’océan Indien, il est craint que l’habitat des Scaly-foot Snails pourrait être gravement réduit et, pire, détruit. Malgré l’inscription du chrysomallon squamiferum sur la Liste rouge de l’IUCN, aucune mesure de protection n’a été mise en place dans la région de l’océan Indien.