Dépôts sauvages de grande envergure : Le conseil municipal plaide pour la fermeture définitive du site

— Larsen & Toubro fustige les « camions marrons » et promet de les mettre hors d’état de nuire

« Des déchets en tous genres à perte de vue, 20 hectares souillés. Des tonnes de gravats déversées quotidiennement par des dizaines de camions BTP sur un terrain d’État à Camp Le Vieux », avait écrit Week-End dans ses colonnes le 16 octobre. Les riverains subissent de plein fouet cette pollution depuis un an et on commence à y voir un peu plus clair sur cette affaire, à la lumière des débats qui se sont déroulés jeudi au conseil de Beau-Bassin/Rose-Hill.

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Pointés du doigt pour leur laxisme, les conseillers de la majorité et leurs homologues de l’opposition ont pleinement assumé leurs responsabilités. Le maire David Utile a promis qu’une demande sera faite au ministère du Logement et des Terres afin que le constructeur Larsen & Toubro (L&T) mette un terme, d’ici décembre, au dépôt de terres et de gravats émanant de la construction de la phase 3 du métro sur ledit site. La cellule de communication de L&T souligne que « des mesures ont déjà été prises pour sécuriser le site afin d’éviter que ces camions marrons, responsables de ces décharges illégales, ne fassent leur sale besogne. »

La colère est à son paroxysme à Camp-Le Vieux, d’autant que les camions benne, qui font le va-et-vient vers le site pour y déverser leurs déchets du matin au soir, ont endommagé des tuyaux de la Wastewater Management Authority (WWA). Ce qui conduit à un débordement quasi quotidien, l’eau sale envahissant en permanence les cours et les rues longeant le site, en dégageant une odeur nauséabonde qui prend à la gorge. D’aucuns évoquent le spectre d’un remake des incidents qui ont émaillé le quartier, en avril, lors des manifestations marquant la flambée des prix, si les choses ne s’améliorent pas très viteLes conseillers de la majorité MSM-ML d’un côté et du PMSD de l’autre avaient tout intérêt à mettre de côté leurs divergences politiques et à accorder leurs violons, jeudi, lors du conseil en vue de trouver une solution durable et probante à cet épineux problème. C’est ce qu’ils ont fait.

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C’est l’élu du Ward 1 Olivier Barbe qui a lancé les débats en posant une série de questions au maire. On a appris que David Utile et des représentants du ministère de l’Environnement ont visité la décharge illégale deux jours après l’article paru dans Week-End où, Patrick Belcourt, leader du parti En Avant Moris, a fustigé le « je-m’en-foutisme » des autorités face à ce désastre. Le maire a soutenu que « le constructeur indien L&T devra faire une demande au ministère du Logement et des Terres, à travers le ministère du Transport et du Métro, pour qu’il puisse utiliser le State Land jusqu’à décembre 2022 afin de disposer les terres et les roches provenant des chantiers de construction de la phase 3, Rose-Hill-Ébène-Réduit. »

Des déchets en tout genre à perte de vue, 20 hectares souillés

Un accord depuis 2017…

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Pour comprendre la genèse de cet accord entre le ministère du Logement et L&T, il faut remonter à 2017, lorsque les travaux de la phase 1 du métro ont démarré. Ken Fong, qui occupait le poste de maire à l’époque, soutient que « cet accord, qui a pris effet en 2017, devait prendre fin en décembre 2019 avec la conclusion des travaux relatifs au tracé Rose-Hill-Port-Louis. Or, L&T a continué à effectuer des dépôts en 2020. Sauf qu’en 2020, la pandémie ébranlait le pays et il est clair que cet item était passé au second plan. J’assume mes responsabilités. Toutefois, il est bon de faire ressortir qu’en janvier 2021, j’ai déposé une motion afin que L&T mette un terme à ses dépôts sur le site de Camp-Le Vieux. J’ai même attiré l’attention du ministère du Logement et des Terres sur ce phénomène de dépôts multiples, dont des sacs remplis d’ordures et l’amoncellement de déchets bitumeux. En vain. »

Pour en revenir aux questions adressées par Olivier Barbe au maire, on note qu’un projet de construction de logements sociaux était prévu sur le site. Un projet resté au stade embryonnaire. « Le ministère du Logement avait également confié la responsabilité à L&T de niveler environ 10 hectares de terres pour un projet de construction de maisons qui a finalement été abandonné », soutient David Utile, qui compte rencontrer toutes les parties concernées pour trouver des solutions afin de mettre hors d’état de nuire cette bande organisée de camionneurs qui profitent de l’absence de barricades et de contrôle de la part de L&T autour du site pour s’adonner à ces actes d’incivilités. « L&T devra s’assurer que seules la terre et les roches soient déposées sur le site qu’on souhaite fermer définitivement avant la fin de l’année. Le constructeur devra aussi empêcher que les véhicules non-autorisés ne pénètrent sur les terres. »

L&T entend coopérer pleinement avec les autorités pour éradiquer ce fléau à chaque instance de doléance venant des résidents de cette région. C’est du moins ce qu’affirme la cellule de communication du constructeur Indien : « Deux des trois accès menant au site ont été fermés depuis la dernière réunion. Le service de gardiennage qui était déjà sur place se focalisera sur l’unique accès disponible à ce jour. De plus, L&T a aussi mobilisé un bulldozer pour dégager les débris qui sont incommodants. Les déchets de construction seront déposés à la déchetterie de La Chaumière désormais afin de permettre aux autorités de reprendre possession du site. Ce qui atteste du sérieux de L&T qui, contrairement aux camions marrons, a à cœur la protection de l’environnement. »

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