Après deux années marquées par des confinements et une belle reprise du tourisme en 2022, les Mauriciens souhaitaient la levée des restrictions sanitaires et, surtout, de ne plus s’encombrer du port de masque. En électron libre… tout en restant prudents, car le Covid est toujours dans les parages.
Les langues se délient à l’approche de 2023. Une année rebelote qui s’annonce avec, en ligne de mire, le panier de la ménagère en souffrance, l’augmentation des tarifs d’électricité… Cette année a aussi été marquée par l’actualité, les cas de féminicide, la frénésie des achats, comme un petit côté revanchard après les confinements. Treize Mauriciens ont choisi de s’exprimer sans langue de bois, parfois sur une note humoristique, d’autres plus terre à terre, mais tous souhaitent faire entendre leur voix quand il s’agit de projet concernant l’avenir de leur île.
Pascal Lagesse (artiste peintre) : « Nous vivons tous à crédit »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ? Je ne vais généralement pas à des fêtes, car c’est une nuit qui m’angoisse beaucoup. En général, je reste chez moi (dommage pour les voleurs qui avaient prévu un gros coup), et il arrive parfois que je passe la soirée avec les membres de ma famille. À minuit, je suis toujours horrifié d’entendre des millions de roupies partir en fumée.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
Je ne suis pas économiste et, heureusement d’ailleurs, car le pays aurait été encore plus « dan pins» qu’aujourd’hui. Notre île vit des moments extrêmement difficiles et pour ceux qui sont au bas de l’échelle, c’est carrément impossible. Je n’ai pas de remède miracle à proposer et je crains qu’il n’y en ait pas. Le monde post-Covid a drastiquement changé et nous ne pouvons plus nous permettre les largesses d’avant la pandémie à la fois au niveau individuel et au niveau du pays. Les priorités du gouvernement devraient changer tout comme celles du Mauricien.
Certaines de mes connaissances me disent souvent : « Quand est-ce que ça va revenir comme avant ? » Rien ne sera plus comme avant le Covid. Il est grand temps d’inventer un avenir où nous ne vivrons pas au-dessus de nos moyens. Cette année, le jour du dépassement était le 28 juillet. À partir de cette date, l’humanité a consommé plus qu’il ne pouvait produire. Nous vivons tous à crédit.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappé cette année ?
Je suis frappé par tellement de choses que choisir est difficile. L’incapacité d’agir individuellement sur une situation qui m’affecte est la chose qui revient le plus par rapport aux nouvelles de l’actualité. Je ne peux pas empêcher le gouvernement de dépenser à tour de bras. Je ne peux pas faire l’opposition trouver un terrain d’entente. Je ne peux pas faire marcher le Parlement où l’on expulse ceux qui ont des questions gênantes. Je ne peux pas éradiquer la pauvreté, construire plus de maisons pour ceux qui n’en ont pas, donner de l’eau à la population 24/7, réparer le théâtre du Plaza, etc.
Chaque cinq ans, j’ai un droit de vote, mais ensuite je n’ai aucun droit sur la façon dont le gouvernement élu l’utilisera. À quoi sert donc mon vote ? Mon vote est l’équivalent d’un chèque en blanc que je donne tous les cinq ans à des personnes qui y mettent le montant qu’ils veulent sans que je ne puisse donner mon avis. Je ne suis pas seulement frappé par cela, je suis « knock-out » !
Quel sera votre défi pour 2023 ?
J’ai beaucoup de défis personnels concernant mes activités artistiques. La poursuite du développement de mon style de peinture, que j’ai appelé Zafer, est un de ces défis. Le style est amené à évoluer dans les années à venir et j’ai du pain sur la planche. J’ai encore beaucoup de travail à faire pour que le résultat tangible arrive au niveau de ce que j’ai dans la tête. C’est le travail de toute une vie.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
J’ai fait une exposition de peinture cette année au Caudan Arts Centre et réussi à mener cette aventure jusqu’au bout. Mettre en place un projet artistique à Maurice demande beaucoup d’énergie, de patience et d’argent. Avec l’aide de ma femme Carol, de mon fils Noah, des professionnels du Caudan Arts Centre et de la presse qui m’a soutenu, je suis arrivé à concrétiser mon projet. Ma réussite a été un formidable travail d’équipe.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
Je fais le vœu que l’île Maurice ressorte encore plus forte des épreuves qu’elle endure en ce moment. Je souhaite qu’elle soit dirigée dans la transparence et qu’on puisse lui tracer une feuille de route visionnaire pour les 30 ans à venir. Je souhaite que ses dirigeants prennent soin de sa nature, de ses ressources et de sa population. Je souhaite, comme des milliers de mes concitoyens avoir voix au chapitre quand il s’agit de projet concernant l’avenir de l’île.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette période de relance économique difficile …
Je vais citer un conseil que dit la maman de Cendrillon à sa fille : « Courage et bonté, toujours. »
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Prisheela Mottee (présidente et fondatrice de Raise Brave Girls) : « A safe Mauritius for all gender »

President and Founder
of Raise Brave Girls Association
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ?
I have always spent the eve of Christmas and New Year with the family (my parents and sister), which is a family tradition. Family quality time is valuable, it is around the Christmas tree, dinner time and to end the evening with the biography of Ruth Bader Ginsburg. There will be no derogation for the family tradition.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
It is a fact that prices are rising up and as per economical predictions, it will continue to rise. I will strongly encourage Mauritians to reduce all miscellaneous expenses and focus on savings. In addition it is time or never to start planting vegetables and fruits in back garden or roof top. If each and every Mauritian contributes a little bit, the country can surely become auto sufficient in terms of food.
I will also encourage Mauritians to opt for public transport and car pooling which will play an important role in reducing the budget cost on fuel. For short trajet, we must encourage the use of bicycles or trotinette, it is possible. It will not only be eco friendly but strategically finance friendly.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappée cette année ?
It is sad to analyse that the cases of feminicide is on rise in country and our society is sick. I have been struck back by the level of violence which has been engaged in the death of a number of women. This is a strong signal that not only is our society needs help but we are also failing as a society. Year in, year out, all stakeholders have been lobbying against violence concerning women but each and very time, women are losing their lives in more tragic consequences.
Quel sera votre défi pour 2023 ?
In 2023, one of RBG challenge will be continuance of our advocacy for paid menstruation leaves through the national budget. Recently, Portugal has taken a step forward by voting for a law allowing paid menstruation leaves. We strongly believe that women suffering from severe cramps, endometriosis and all health related issues with menstruation should be granted 1- 2 paid menstruation leaves upon presentation of a medical certificate.
At same time, we will lift the taboo not only on menstruation but also on sex-related topic. We have not only to be firm in our stand but also consistent in our advocacy. Menstruation leaves is a basic human right.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
One of biggest success has been international exposure as selected fellow for the Mandela Washington Fellowship. I had the priviledge to attend Civic Leadership track at University of Delaware which is not only the first State in US but also the university of the President Joe Biden. I had the chance to share the culture of Mauritius and the feminist advocacy of Raise Brave Girls. The feminism work of the association has been recognized by the House of Representative of Delaware, Governor Carney and Senator Coons.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
A safe Mauritius for all gender.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette période de relance économique difficile …
I will encourage all Mauritians to focus on savings and invest wisely.
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Joyce Veerasamy (fondateur du groupe Fangurin) : « L’indifférence des autorités face aux cris de la rue »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ?
Comme cela a toujours été me cas, mon 31 décembre au soir, je le passe en famille. On s’installe autour d’une table et on partage un repas. J’écoute la radio pour connaître le séga de l’année et les pétarades à minuit. Le 1er janvier, au matin c’est la traditionnelle messe.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
Pour pouvoir réaliser son projet (la construction d’une maison ou l’éducation des enfants), il est impératif que le Mauricien moyen s’endette auprès des banques. Pour s’en sortir, je crois que l’épargne est la seule solution.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappée cette année ?
Les cas de féminicide m’interpellent, les crimes odieux aussi. La corruption est à son summum. Il y a de plus l’indifférence des autorités face aux cris de la rue, la grève de la faim autour du prix de l’essence et l’arrestation arbitraire de Bruneau Laurette.
Quel sera votre défi pour 2023 ?
Je suis le fondateur du groupe Fangurin, avec mon frère Laval et quelques amis dans les années 1980 et par la suite, révélateur de talents. Depuis plus de 45 ans, j’accompagne les jeunes dans le domaine musical et je suis un acteur très actif au niveau de l’art et la culture à Maurice. Travailleur social depuis que j’ai 16 ans, je suis auteur/compositeur de musique et je suis aussi poète. En tant qu’écrivain j’ai publié ma biographie, Enfant de Carol, en septembre de cette année. Mon défi pour 2023 : faire découvrir au moins dix nouveaux talents musicaux et sortir une compilation REVELASION 2K23. Je travaille déjà avec le petit-fils de Ti Frer (le fils de Mimose Ravaton), qui habite Quartier-Militaire.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
La sortie de mon livre, Enfant de Carol, en septembre, après deux ans de travail. Et une Award reçue lors de la soirée du Glam Fashion Festival à Jin Fei. Il y a aussi la formation, avec des amis écrivains, de BazEkri20 qui œuvre à la promotion de la littérature mauricienne.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
Je formule le vœu de voir les Mauriciens vivre en paix, s’adonner à leurs activités et contribuer à la prospérité nationale. Je leur adresse mes vœux les plus chaleureux de santé et de bonheur, en ayant une pensée toute particulière pour ceux qui souffrent, pour ceux qui sont seuls.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette période de relance économique difficile ?
Mon message se résume à ceci : solidarité et travail assidu. Mais surtout que le gouvernement tienne compte des besoins de la population. Au Mauricien, je dirais ceci : un retour à la terre est nécessaire.
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Alain Jeannot : « Marqué par les crimes odieux »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ?
Je vais peut-être vous surprendre, mais je n’ai jamais aimé cette effervescence autour de l’année nouvelle. Si je célèbre, c’est pour ma famille et j’ai toujours privilégié des partages familiaux conviviaux à cette occasion. Un bon repas, une belle table pour agrémenter les échanges et tout suit naturellement.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
D’un côté, les prix prennent l’ascenseur et, de l’autre, les queues sont interminables dans les hypermarchés et supermarchés, qui poussent comme des champignons ! C’est quand même contradictoire. La première chose, c’est d’apprendre à résister à la tentation omniprésente d’acheter des choses dont on n’a pas besoin. Faire un budget est prioritaire. Recycler et avoir son propre potager est idéal mais pas toujours réalisable. Le Mauricien doit apprendre à économiser, innover et collaborer.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappé cette année ?
J’ai été marqué par les crimes odieux et les accidents de la route de plus en plus violents et incompréhensibles. Je n’arrive pas à me réconcilier à l’idée qu’une personne soit capable de boire et conduire alors qu’il a des jeunes passagers sous sa responsabilité. Je suis choqué par ces personnes qui ont froidement tué leurs concubines, l’un aurait même mis le feu à la personne qu’il dit aimer tout en filmant leurs derniers échanges sur son portable. Nous vivons dans un petit pays et l’impact de ces tragédies est encore plus sérieux. Il faut trouver une solution.
Quel sera votre défi pour 2023 ?
Poursuivre ma vulgarisation de l’histoire, poursuivre ma contribution au sein de la NRSC, participer a l’intégration de ma petite-fille, Abbie, dans le milieu scolaire, accueillir un heureux événement à venir… Je suis père de quatre enfants, grand-père de deux petites filles, à la retraite après 34 ans de service en tant que personnel naviguant en 2020. Je réorganise ma vie autour des recherches et chroniques sur l’histoire de Maurice. Je milite aussi pour la sécurité routière et je suis membre de la commission Justice et Paix de l’Église, tout en participant à la vie sociale à travers les écrits aussi.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
Plus de 35 émissions, Letan Lontan, enregistrées pour la MBC. Ce n’était pas facile de choisir une nouvelle personnalité historique chaque semaine et la connaître assez bien pour pouvoir faire son parcours. Un sondage que j’ai fait auprès de 120 personnes indique que 75% ont regardé l’émission au moins une fois, et que 85% sont satisfaits.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
Que nous mettions le vivre-ensemble et le discernement au goût du jour. Le vivre-ensemble implique la considération pour les autres, à commencer par les plus vulnérables et ceux qui sont différents de nous. Il implique le respect, la compassion, la considération et la collaboration. Le discernement est important. Notre île est très connectée et l’information circule librement et est très accessible. Or, tout ce qui brille n’est pas or.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette relance économique difficile ?
Soyons raisonnables et favorisons la coopération, la collaboration, le partage. Par exemple le car pooling, le troc des compétences, le neighbour watch, le jardin communautaire. Il faut aussi éviter le gaspillage.
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Ashish Beesoondial (Theatre Manager) : « Nous avons eu 107 spectacles au Caudan en 2022 »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ?
En un mot : tranquillement. Je pense que lorsqu’on est dans un domaine comme les arts et la culture et qu’on passe tellement de temps à créer des expériences artistiques pour le public, lorsqu’il s’agit de nous, on a probablement envie de passer des moments tranquilles et calmes. Je ne pense pas que les restrictions aient changé quoi que ce soit dans la façon dont je prévois de réveillonner.
Oui, il y a quelque chose de spécial avec l’arrivée d’une nouvelle année. Quelque part, nous sommes tous impatients de continuer sur un élan, de tourner la page ou de recommencer ; certains d’entre nous vont même jusqu’à prendre des résolutions fortes, ce qui est formidable. Je ne pense pas beaucoup aux résolutions, mais comme nous sommes tous (ou presque) dans cet élan de recommencer, cela devient une occasion de faire le point sur le passé et de planifier, de regarder vers l’avenir, avec optimisme (je l’espère !).
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
Nous sommes apparemment sortis de la crise et maintenant nous sommes tous confrontés à une augmentation spectaculaire des prix. Cela dit, la montée des prix n’a pas empêché l’ouverture d’un autre centre commercial – le quatrième ou le cinquième sur une distance de 10-15 km. Pour un petit pays comme Maurice, cela en dit long sur notre capacité à dépenser de l’argent. Et quand on voit comment les Mauriciens dépensent pendant cette période festive, on se pose des questions.
La seule façon de gérer cette situation dite difficile, ce serait peut-être de faire les meilleurs choix ; de se demander ce qui est important pour nous, plutôt que de dépenser sur tout et n’importe quoi, juste parce qu’on aime dépenser. Il viendra un moment où nous nous poserons la question importante : qu’est-ce que je veux et de quoi ai-je besoin ? Peut-être que pour en sortir, il nous faut revoir nos préférences et nos priorités.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappé cette année ?
La poussée de l’inflation dans le monde, les guerres, la propagation du Covid avec le variant Omicron, la Coupe du monde de football qui était « décentralisée » et toute la polémique qui l’entoure. Mais ce qui m’a particulièrement préoccupé, c’est ce changement climatique radical à travers le monde. L’Europe a connu sa pire sécheresse depuis 500 ans, les vagues de chaleur ont été insupportables, les inondations ont été mortelles dans des pays comme le Pakistan. En 2022, les plus grands glaciers se sont détachés de l’Antarctique – tout cela peut être loin de nous, mais tôt ou tard, cela aura un impact direct sur nous tous. 2022 nous a envoyé des signaux forts en matière de changement climatique. C’est une excellente nouvelle que la COP 27 de cette année soutienne les pays pauvres qui sont touchés par le changement climatique. Le financement est une bonne chose, mais est-ce suffisant ? Se traduit-il par des actions concrètes ?
La population mondiale a dépassé les 8 milliards d’habitants cette année : combien d’entre nous vont être des citoyens responsables pour au moins commencer à limiter les dégâts ? Allons penser à Maurice. Nous sommes une petite île avec un contact direct avec la mer et les conditions climatiques : comment faire pour que notre population devienne plus responsable, pour notre propre bien et pour notre avenir ? Je pense qu’il devient urgent d’agir dans ce sens et il ne me semble pas que nous progressions assez vite dans ce sens.
Quel sera votre défi pour 2023 ?
Attirer un plus grand nombre de spectateurs de différents groupes d’âge en 2023 au Caudan Arts Centre. Le théâtre est un lieu d’instruction, de divertissement, de personnes différentes réunies sous un même toit, vivant une expérience collective ensemble. C’est un lieu où l’on apprend, où l’on rit, où l’on pleure, où l’on compatit, où l’on s’interroge, où l’on se réjouit… on y entre comme une personne et on en sort différent. C’est ce que le spectacle sur la scène d’un théâtre peut faire. Et notre objectif est de donner cette expérience à plus de gens. Nous recherchons des partenaires qui partagent le même intérêt, qui veulent apporter quelque chose de différent à la population mauricienne. Nous espérons que nous y parviendrons et que ce que nous commencerons en 2023 continuera à se développer dans les années à venir.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
La réussite du Caudan Arts Centre, c’est le fait que nous avons accueilli 107 spectacles cette année. Nous avons monté nos propres spectacles, à savoir O Re Piya et Un Tramway Nommé Désir, qui ont été bien accueillis par les spectateurs. N’oublions pas que nous n’étions autorisés à fonctionner qu’à moitié de notre capacité pendant plusieurs mois. Travailler dans un théâtre demande beaucoup de temps. Un spectacle est le résultat d’une forte collaboration, de répétitions sur place, voire même d’un accompagnement – tout cela afin d’offrir les meilleures expériences au public. Le fait d’y parvenir, de nous être poussés collectivement à le faire est une grande réussite pour nous.
Je saisis l’occasion pour remercier tout le monde, en particulier les artistes et le public. Je pense qu’ensemble, nous avons montré que nous pouvons être une alternative viable et offrir des expériences artistiques de qualité.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
Faire revivre l’art et la culture qui reste toujours un parent pauvre. Nous n’avons donc pas réalisé le potentiel que cette industrie peut représenter pour l’économie. Il y a quelque chose d’unique dans notre histoire, dans notre culture, notre littérature que nous n’arrivons pouvons pas à exploiter pleinement, ce qui est dommage. Le jour où cela arrivera, Maurice sera une meilleure nation, avec de meilleures personnes.
Oui, nous avons besoin de divertissement, mais nous avons besoin de divertissement sous différentes formes. Venez assister à des performances et des événements artistiques et vous constaterez que vous êtes connectés à quelque chose de différent. Pour ceux qui en ont fait l’expérience, cela peut être addictif.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette période de relance économique difficile…
Que nous nous efforcions de retrouver un peu de bonne humeur. Tout le monde semble tendu à Maurice. On le voit surtout sur les routes, on l’entend à la radio. Beaucoup d’entre nous sont devenus très méfiants, voire même aigris. Je pense que nous avons besoin de beaucoup de résilience pour traverser une phase difficile, c’est le moment de se serrer les coudes aussi. 55 ans de l’indépendance, en 2023, il est temps qu’on soit une “happy nation”, non ?
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Jean Maurice Valery (influenceur) : « Tous ont une part à jouer dans la reconstruction de notre économie »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ?
Un bon vieux réveillon comme avant le Covid en famille autour d’un bon repas suivi d’une tournée de tous les bars et discothèque de l’île car comme on le dit toujours Momo est partout.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
Je pense qu’il ne faut plus vouloir s’en sortir car il est clair qu’avec notre ancienne façon de vivre il est impossible pour nous d’y arriver. La seule solution sera de réinventer notre façon de vivre, revoir nos priorités pour les dépenses, privilégier des activités gratuites comme des sorties à la plage ou dans la nature, être plus réfléchi sur nos sorties payantes et surtout prendre soin de soi et des autres car je pense profondément que la solution sera uniquement collective.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappé cette année ?
J’aurais pu dire cette augmentation des prix souvent injustifiée de l’essence ou même bientôt de l’électricité, la hausse du repo rate, les révélations faites par Sherry Singh ou Bruneau Laurette, mais encore une fois je préfère voir le positif et pour moi ce qui m’a le plus frappé cette année, c’est l’affluence de touristes sur notre île. Même si pour le moment ce sont principalement les hôteliers qui en profitent, je suis sûr que cela va créer de nombreuses opportunités pour nous les Mauriciens, et, que grâce au tourisme, nous pourrons voir une lueur d’espoir dans notre économie bien sombre.
Quel sera votre défi pour 2023 ?
Je suis consultant dans l’événementiel et campagne influenceur, codirecteur de la compagnie Bleuberyl Ltée et surtout de @Momopartou sur les réseaux pour parler des meilleurs plans night life de l’île. Il faut faire du Momopartou une réalité et pouvoir guider les touristes vers nos restaurants, pubs, discothèques ainsi que nos festivals, concerts et autres activités nocturnes.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
La création de ma propre compagnie en codirection avec ma compagne Beryl mais surtout la réalisation du premier Festival de magie de l’océan Indien, le festival Misdirection qui aura fait huit salles combles au Caudan Arts Center. D’ailleurs nous sommes déjà à travailler sur la seconde édition prévue pour novembre 2023. Je sais que plusieurs ont été déçus de n’avoir pas eu de place mais cette fois-ci soyez plus rapide car pour 2023 nous vous promettons un festival encore plus magique et surprenant.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
Qu’on puisse enfin vivre “as one people as one nation”, car nous savons tous que la politique ne nous aidera pas à nous unir. Essayons d’être plus à l’écoute, plus compréhensifs envers notre prochain. J’ai longtemps voulu changer le monde autour de moi et je me suis donné à fond pour le faire mais je n’ai fait que m’épuiser. Puis un jour, j’ai changé mon regard sur le monde et le monde a fini par changer. Je pense qu’on aura tous une part à jouer dans la reconstruction de notre économie, plutôt que d’uniquement se plaindre. Essayons aussi de prendre les choses en main et de faire quelque chose même minime pour l’avancement de notre pays.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette période de relance économique difficile…
N’essayons pas de revenir à notre vie d’avant-Covid, car vu les circonstances il nous sera très difficile, voire impossible d’y arriver. Redéfinissons nos priorités et n’oublions pas que même si nous ne pouvons pas investir dans du matériel, investir sur soi est déjà un bel investissement. Reprenons goût au petit plaisir et au moment vrai ensemble.
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Emmanuel Perrot (22 ans) : « Le gréviste Nishal m’a inspiré»
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ?
Après deux années vécues avec le Covid-19, c’est avec une joie immense que je vais célébrer le réveillon en famille. Je me souviens qu’il y a deux ans, je n’ai pas pu fêter, car j’ai perdu mes proches, qui sont décédés. En 2022, j’ai perdu mon beau-père et un ami de collège. Pour moi, cela m’a beaucoup affecté, car j’étais très proche de ces personnes. Mais bien que ce soit difficile, la vie continue.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
Depuis un bon moment déjà, on entend de plus en plus qu’il y a beaucoup de produits dont les prix ont doublé, et même triplé. Étant jeune, je pense à toutes ces familles qui sont dans la misère et qui n’ont pas le salaire minimum pour faire leurs achats. Tous les Mauriciens sont affectés par la fluctuation des prix, comme le prix de l’essence, qui devient de plus en plus exorbitant. Chacun se pose la question de savoir combien de temps le coût de la vie augmentera. Pour pouvoir s’en sortir, nous devons tous nous serrer la ceinture sur certains produits secondaires et faire des sacrifices, qui ne sont pas toujours très agréables.
Au niveau de l’actualité, qu’est-ce qui vous a frappé cette année ?
Ce qui m’a plus frappé, c’est Nishal, ce brave et courageux monsieur qui a fait la grève de la faim. Pour moi, c’est la première fois que je vois une personne rester sans manger et être loin de sa famille pour lutter pour une cause commune : inciter les autorités à baisser le prix de l’essence. Personnellement, je trouve qu’il a un grand cœur pour avoir essayé de trouver une solution pour toute la population mauricienne, qui souffre de la hausse des prix des carburants.
Quel sera votre défi pour 2023 ?
Être la meilleure version de moi-même. Il est vrai que nous avons tous des moments de faiblesse; nous sommes des humains après tout. Mon défi pour 2023 sera donc de toujours persévérer et de continuer d’avancer, malgré les difficultés de la vie. Des problèmes, il y en aura toujours. Mais nous devons aussi apprendre à ne pas nous focaliser sur ces moments difficiles pour nous permettre de voir aussi les belles choses de la vie.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
C’est avec une immense joie que j’ai tout récemment reçu mon permis de conduire. Cela n’a pas été très facile, mais après tant d’efforts je rends grâce à Dieu de m’avoir permis de pouvoir l’obtenir. Je me dis que cela a aussi été possible grâce à la patience et la persévérance que j’avais pendant mon apprentissage. La patience peut être dure à supporter quelquefois, mais chaque chose arrive au moment voulu.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
Je souhaite à tous une bonne et heureuse année 2023. Tous mes meilleurs vœux : joie, santé et prospérité dans votre vie de chaque jour. Que le Seigneur vous accompagne ainsi que votre famille, et vous protège en 2023. Mon vœu le plus cher, c’est que nous soyons toujours tous unis.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette relance économique difficile ?
En un mot, je dirai : courage. Il est vrai que le pays passe actuellement par un moment difficile économiquement, chose qui n’aide pas la population après avoir vécu l’épisode Covid-19. Ce que je peux souhaiter à mes compatriotes, c’est beaucoup de courage, mais aussi de toujours persévérer dans tout ce que vous faites. Dans des moments pareils, nous devons tous rester unis et soudés, et nous aider les uns les autres. C’est de cette façon que nous pourrons avancer et toujours garder cette paix.
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Jon Rabaud (cinéaste) : « The Blue Penny sur les écrans en 2023 »
Cette année avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez vous réveillonner ?
Simplement. En famille.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
C’est difficile à dire. La situation économique est tellement liée au contexte international. Il y a beaucoup de facteurs qui ne dépendent pas de nous.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappé cette année ?
2022 a été tristement surprenante. Après deux ans de Covid, 2022 a démarré avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Quelques mois plus tard, le chef de gouvernement d’une puissance mondiale, Shinzo Abe, Premier ministre du Japon, est assassiné en pleine rue. Bien sûr, je n’oublie pas les nombreux scandales qui ont secoué Maurice tout au long de l’année. Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est le courage des jeunes femmes iraniennes, qui ont protesté et protestent toujours suite à la mort de Mahsa Amini. Pour finir sur une note plus légère, j’étais aussi très content de voir Lionel Messi devenir champion du monde. Je pensais que cela n’arriverait jamais.
Quel est votre défi pour 2023 ?
Je me suis fixé trois défis. Réussir à montrer le film The Blue Penny à un maximum de personnes à Maurice et à l’étranger. Mettre en lumière, grâce au film, les talents et compétences que nous avons à Maurice dans le secteur du cinéma. Et réussir à faire entendre aux décideurs que les industries créatives telles que le cinéma peuvent devenir un secteur d’avenir et un pilier économique important.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
Je suis cinéaste depuis une douzaine d’années. Je travaille sur des projets cinématographiques et audiovisuels locaux et internationaux. Je prépare actuellement le lancement de mon long-métrage, The Blue Penny, dont la sortie est prévue pour 2023. Le premier teaser du film est visible en ce moment dans les salles de cinéma MCiné pendant les publicités avant Avatar 2. Je dirais donc sans hésiter que c’est d’avoir fini The Blue Penny. Après le tournage, cela a été deux ans de travail intense et sans interruption. Mais comme pour le tournage, je ne l’ai pas fait tout seul. Il y a tout une équipe derrière.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
Qu’on donne une chance à ce pays de passer à un niveau supérieur de son développement. C’est-à-dire d’être plus en phase avec notre époque en accordant une plus grande importance aux sujets tels que l’écologie, l’innovation technologique et les industries créatives (cinéma, audiovisuel, musique, théâtre, spectacles vivants, etc.).
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Saheed Eyasim (commercial) : « Une pensée pour mes amis ukrainiens »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez vous réveillonner ?
Après une année bien remplie et fructueuse, c’est le moment de prendre du recul afin de prendre des résolutions pour le futur. La période festive donne l’opportunité de se rencontrer entre famille pour passer des moments agréables en resserrant les liens. Il est essentiel de valoriser la famille et de se recentrer sur les valeurs qui nous unit. Donc, je suis emballé à l’idée de réveillonner avec la famille… incluant mes quatre chiens !
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
La vie a beaucoup évolué, et cela comporte des avantages et désavantages. Ce n’est pas qu’à Maurice que les prix ont augmenté. Je reviens d’un voyage en Europe et en Afrique, et je vois que la tendance est identique. Il y a beaucoup d’engouement pour les achats, même si les prix ne sont pas aussi accessibles. Je pense que les gens vont se permettre ce petit plaisir, certains avec modération, dépendant de leurs moyens. Je reste convaincu que tous les Mauriciens vont célébrer ce moment avec beaucoup de ferveur. Dans la vie, quelquefois, il faut oublier les soucis et trouver des solutions positives… Même si la situation est négative.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappé cette année ?
Je suis heureux que nous soyons en train de remonter face aux difficultés créées par le Covid. Le secteur du tourisme reprend sa place et permet à l’économie en général de respirer. Les gens sont plus motivés et voient l’avenir avec plus de confiance. Les affaires en général recommencent à aspirer confiance. Je suis très préoccupé par ce qui se passe en Ukraine. J’ai des amis là-bas et je suis très triste de la situation. Je trouve que le monde a oublié dans quel enfer les Ukrainiens vivent. Outre le côté humain, il y a l’économie mondiale qui est impactée, sans oublier l’épée de Damoclès du risque d’une guerre mondiale.
Quel sera votre défi pour 2023 ?
La pression et les attentes créées par le Covid restent la préoccupation principale. Il faudrait continuer les efforts enclenchés afin de maintenir la tendance positive sur l’économie. Les décisions et actions doivent être renforcées pour assurer la relance. Je vais faire le nécessaire afin qu’il y ait une balance entre la vie professionnelle et sociale.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
Il n’y en a pas une principalement. Mais je suis heureux d’avoir pu faire le nécessaire et que les tâches et objectifs qui m’ont été donnés ont été remplis, et même surpassés. J’ai aussi pu créer une association bénévole avec les gens de mon réseau afin d’aider les nécessiteux.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île…
Je souhaite que Maurice continue d’être l’endroit le plus merveilleux à vivre. Que tous les Mauriciens réalisent leurs rêves. Que l’économie prospère d’une façon où tous les Mauriciens en bénéficient indistinctement.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette relance économique difficile ?
On ne vit qu’une seule fois, et cela comprend des hauts et des bas. Il faut donc se serrer les coudes dans les moments difficiles afin de pouvoir rétablir l’équilibre. Les épreuves passées nous ont démontré que rien n’est acquis dans la vie. Il faudrait plus de résilience et être prévoyant. Il faudrait penser à économiser, sans pour autant se priver de temps en temps des petits plaisirs de la vie. Il faut rester unis, valoriser ce qui nous unit, positiver et rester motivés comme un seul peuple dans l’unité et dans la diversité…
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Selena Leroux (diplômée en Tourism management) : « Préserver les monuments historiques »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ?
Avec la levée des restrictions sanitaires, nous pouvons sortir sans porter de masque, et tout a normalement repris autour de nous, particulièrement le secteur touristique. Ce qui compte le plus, c’est la joie de revoir presque toute ma famille vivant à l’étranger, que je n’ai pas vue pendant des années et qui sont en vacances à Maurice, en particulier à cause du Covid, et il me plaît de les accompagner à redécouvrir leur petite île. Je prévois de passer le réveillon et le jour de l’An avec mes amis et ma famille pour accueillir cette nouvelle année.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
Nous apprenons à vivre en sachant que tout ce qui nous entoure a augmenté. La plupart des Mauriciens se privent énormément et veillent à ne pas faire de dépenses inutiles. De nombreux Mauriciens n’ont même pas les moyens de s’approvisionner pour tout un mois. Beaucoup de gens y pensent à deux fois avant d’acheter quelque chose. Pour y échapper, il faut vraiment se serrer la ceinture et réduire une certaine consommation.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappée cette année ?
Qu’un grand nombre de jeunes quittent le pays pour aller travailler à l’étranger pour toucher un salaire plus élevé, et où les conditions de vie leur sont plus favorables. Je pense que la raison est qu’ils ne sont pas assez valorisés ici. Il faut encourager les jeunes, en mettant en valeur leur potentiel et leur importance dans leur travail, afin qu’ils soient davantage motivés pour l’avenir.
Quel est votre défi pour 2023 ?
De viser encore plus loin dans la vie, et avant tout, j’ai beaucoup appris de mes erreurs et j’ai l’intention de les mettre en pratique. J’ai tellement de choses à découvrir et à apprendre… C’est peut-être une nouvelle année pour changer de destination et s’engager dans une nouvelle voie. Mais par-dessus tout, je garderai la tête haute et je serai toujours confiante dans tout ce que j’entreprends.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
D’avoir obtenu mon diplôme en gestion du tourisme après deux ans de pandémie. Il y a également eu ma première expérience dans le monde du travail, où j’ai beaucoup appris, et qui m’a permis de réellement savoir sur quelle voie je veux continuer. Finalement, j’ai eu l’opportunité de présenter mon livre, qui s’intitule Cultural Tourism : historically, significant site, buildings and monuments of The First and second world wars in the Republic of Mauritius au grand public.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île, ce serait quoi ?
Mon souhait le plus cher est de donner de la place aux jeunes pour que nous puissions être entendus et de faire avancer notre île, parce que nous sommes l’avenir. Et en particulier la préservation de notre patrimoine, qui est en péril, ainsi que la sensibilisation de tous à l’importance de préserver les monuments historiques.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette relance économique difficile ?
Le message que je veux transmettre aux Mauriciens, même en situation économique difficile, consiste à viser toujours plus loin dans la vie, d’économiser et de faire des sacrifices pour un bien. Manz ar li ! Je vous souhaite une bonne année 2023, remplie de réussite et de bonheur.
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Noëllette Cécile (entrepreneure) : « Arrêtez les féminicides ! »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez-vous réveillonner ?
Un réveillon 2022 simple et joyeux. Habituellement, le 31 décembre, je complète le ménage et les derniers achats. De nouveaux rideaux, de nouveaux draps, de nouvelles nappes de tables…. Je vais profiter d’un bon repas entre membres de la famille et amis ! Même si je préfère des soirées plus calmes et moins bruyantes, je ferai quand même exploser les pétards à minuit.
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
Avec la crise monétaire, qui s’annonce très compliquée en 2023, les Mauriciens doivent se réveiller, changer complètement de mode de vie. Il faut se reconnecter avec la nature, mettre en place son propre potager. Les Mauriciens devront garder leurs valeurs intactes dans ces moments difficiles. C’est le ciment de notre âme intérieure. Lancez-vous dans des business n’ayant pas besoin de diplôme ou de master, comme moi, qui me suis lancée dans la création de produits au crochet.
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappée cette année ?
Chaque semaine, j’ai été frappée par l’actualité. J’ai été traumatisée par deux crimes commis contre des femmes à Flacq. Ce policier qui a brûlé son ex-femme avant de la tuer dans sa voiture à Saint-Julien. Cette receveuse de bus tuée par son ex-compagnon dans le bus 2000, Curepipe-Flacq, que je prends régulièrement pour me rendre au travail, m’a fait tomber dans un profond traumatisme. En tant que passagère, je ne me sens plus en sécurité de voyager en bus. Imaginez si j’étais dans ce bus au moment du crime, j’aurai pu être sous terre aujourd’hui.
Quel sera votre défi pour 2023 ?
Mon défi en tant qu’entrepreneure est d’initier les jeunes au métier du crochet, que ce soit les jeunes de l’université ou qui résident dans les SOS Villages. La fabrication de produits écologiques avec la technique du crochet sera l’un de mes projets. Assister les convalescents, les prisonniers, les femmes battues, les filles mères et tous ceux qui subissent le stress à utiliser le crochet artisanal sous forme de thérapie.
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
Sans aucun doute, l’évolution de mon entreprise, Noellette Kreasion, car j’ai été choisie pour être la première à habiller plusieurs bébés à travers Port-Louis et Curepipe, entre autres, en cette année 2022, avant même leur arrivée. J’avais créé un bouquet de fleurs en laine pour le prestigieux magazine La Case. J’ai participé pour la première fois à un Fashion Show à Strike City, Bagatelle, organisé par la Glam Esthetic Academy, dirigée par Joan Begue. Mes créations ont été portées par la Miss Mauritius 2022, Daphné L’Olive, et un autre mannequin, Eleonore Radegonde Ah Young. Tout récemment, j’ai aussi créé un coussin bague pour les noces d’or de la famille Franchette, à l’église de Trou-d’Eau-Douce.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île…
Moins de drogue et moins de crimes, surtout envers les femmes. Ce sont deux fléaux qui vont de pair et qui pourrissent notre île. Il est temps d’avancer avec un vrai plan d’action pour éradiquer la drogue et réduire la criminalité, surtout envers les femmes, les mères de famille. Parce que de nos jours, tuer, voler et vendre de la drogue est devenu très courant. Ces fléaux ne détruisent pas seulement notre société, mais aussi l’avenir de notre île. Nous vivons dans l’inconnu. Il est donc urgent d’agir et de s’attaquer à la racine du problème.
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette relance économique difficile ?
Il est clair que la situation économique est délicate. Néanmoins, il faudra économiser tout en gardant un stock de provisions alimentaires pour résister, pendant une période de temps prédéfinie, à une catastrophe économique (forte inflation des prix, rupture de la chaîne alimentaire).
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Sajjid : « Parvenir à relever les défis sur ces 12 prochains mois »
Cette année, avec la levée des restrictions sanitaires, comment comptez vous réveillonner ?
Contrairement aux années précédentes, où le Nouvel an se passe plus ou moins tranquillement et en privé à la maison, avec ma famille et mes deux compagnons animaux, et peut-être un bon film d’horreur pour faire bonne mesure. Cette année, je devrais être en plein milieu d’une réception de noces (non, pas les miennes). Donc, la transition vers la nouvelle année se fera un peu moins tranquillement et moins en privé cette fois, je suppose. J’en profite bien évidemment pour souhaiter à toutes et tous de très bonnes fêtes, où que vous soyez !
Avec tous les prix qui prennent l’ascenseur, comment le Mauricien, selon vous, sortira la tête hors de l’eau ?
Malheureusement, la situation risque de se corser davantage avec les effets dipolaires : d’une part, la guerre en Ukraine, qui a forcément entraîné une hausse de prix sur les denrées de bases, l’Ukraine étant l’un des greniers les plus importants, et d’autre part la reprise économique post-Covid, qui va inévitablement augmenter la pression sur des ressources déjà hyperstressées (du point de vue de la demande, de la production et de l’offre). Avec l’augmentation des tarifs d’électricité, inévitable soit, on doit s’attendre à devoir se serrer la ceinture encore plus, si c’est encore possible, et ça, j’en doute !
Au niveau de l’actualité, par quoi avez-vous été frappé cette année ?
Pas seulement cette année, mais c’est fou comment l’anormalité (c’est-à-dire les crimes, les actes barbares, les incivilités, les scandales à répétition et la connerie humaine en général) peut devenir si normale après un très court laps de temps… Je suppose qu’en même temps, on est chacun victime de cette formidable capacité de notre cerveau et de notre corps à s’adapter aux intempéries les plus rudes afin de pouvoir survivre. Mais comme toute chose, il y a des conséquences sur notre société, notre environnement, notre bien-être physique et moral, et notre survie elle-même, ironiquement !
Quel sera votre défi pour 2023 ?
Justement de relever tous, ou pratiquement tous, les défis qui parsèmeront sûrement mon chemin durant les 12 prochains mois…
Quelle a été votre plus belle réussite en 2022 ?
De ne pas perdre la boussole, ma tête ou, pire, ma conscience, peut-être ? (allez quoi, ce n’est qu’un peu l’humour voyons !). Sur le plan professionnel, j’ai pu relever pas mal de défis tout en accomplissant énormément, donc ça, c’est quelque part une petite fierté et une satisfaction personnelle d’une année plus ou moins bien remplie sur ce plan. Sur le plan personnel, j’ai pu réaliser pas mal de projets que je m’étais fixés.
Si vous aviez un vœu à faire pour votre île…
Île Maurice, grippée, frappée de plein fouet par la pandémie, le ralentissement économique (certes, la relance est bien entamée, mais il reste du chemin n’empêche !), les prix subissant de plein fouet les effets inflationnistes de toutes parts (pandémie, guerre, gaspillages, etc.), je te souhaite de te rétablir très rapidement et de retrouver tes lettres de noblesse, qui est cette joyeuse légèreté, simplicité, tranquillité et ce sublime bon-vivre, ce chaleureux bien-être et cette rassurante paix (d’esprit, de cœur), lavées de toutes vilaines choses, dont beaucoup parmi nous ont cette énorme nostalgie et cette immense envie de retrouver au plus vite, si c’est toutefois possible…
Un message pour les Mauriciens, surtout en cette relance économique difficile ?
Tenez bon ! On est pratiquement tous dans le même bateau ! Malheureusement, il ne faut pas se faire d’illusions : le chemin à travers ce sombre tunnel sera long, périlleux et incertain. Mais la récompense sera peut-être à la hauteur des sacrifices et des tourments, du moins on l’espère tous. Il y va de notre survie en tant que Mauricien, mais aussi en tant qu’être humain, et celle de nos enfants.