Des faits troublants viennent s’ajouter au sentiment de tristesse mêlé à l’incompréhension et l’angoisse dans laquelle vivent les proches de Darwin Labonté, porté disparu depuis le 21 janvier alors qu’il s’était rendu à Montagne Jacquot. Cet habitant de Résidence Coquillages, La Tour Kœnig, âgé de 25 ans, avait été aperçu pour la dernière fois par un couple.
Dans une plainte déposée au poste de police de Petite-Rivière, un couple avait expliqué qu’il se trouvait à Montagne Jacquot quand il a remarqué une personne en difficulté. Cette personne se trouvait au bord de la falaise quand une grosse vague l’a emporté. Mais les recherches enclenchées par les autorités n’ont jusqu’ici rien donné. D’autant qu’en raison des mauvaises conditions en mer, les recherches avaient dû être stoppées. Cependant, les images Safe City visionnées ont montré Darwin Labonté en train de marcher le long de la route de la prison de Petit-Verger, puis se diriger vers Montagne-Jacquot. Depuis près d’un mois, ses proches se démènent pour le retrouver et les informations troublantes, notamment à travers des coups de fil et messages mystérieux qui leur parviennent, ne font qu’épaissir le flou qui perdure autour de cette disparition subite.
Cela fait plusieurs jours que les proches de Darwin Labonté ont perdu le sommeil. La disparition de ce jeune homme qui tentait de reconstruire sa vie avec des projets pleins la tête, dont un départ en avril pour le Canada, perturbe sa famille qui ne sait plus vers qui se tourner pour le retrouver et connaître la vérité. D’autant qu’au fil des jours, des faits troublants viennent s’ajouter à leur angoisse et suscitent des interrogations. Roxanne, une des soeurs de Darwin Labonté, explique que la famille est perturbée par de mystérieux coups de fil qu’auraient reçus certains d’entre eux, notamment une soeur qui vit au Canada et également un cousin qui est lui à Maurice. Cela via Messenger.
Messages écrits et audio via Messenger
Alors que Darwin Labonté est porté disparu depuis le 21 janvier, le lendemain, une de ses sœurs résidant au Canada (que nous appellerons ici Julie, du fait qu’elle souhaite garder l’anonymat) reçoit un message des plus intrigants via messenger. « Bonsoir madame mo trouve ou post lor Facebook, mo ti montagne Zako mo trouve so lekor dan delo mo pe téléphone la. » Si Julie tente d’appeler la personne qui lui a envoyé ce message, cette dernière ne répond pas. Julie appelle alors ses proches, dont son autre frère habitant à Maurice, pour le prévenir. Cependant, les tentatives de la famille pour contacter ce témoin supposé sont vaines. Pensant qu’il s’agissait d’une mauvaise blague, la famille finit par laisser tomber cette piste. Cependant, une semaine plus tard, le même profil « Tibandii » qui avait écrit le premier message contacte à nouveau Julie au Canada. Le procédé est le même, un message écrit via Messenger. Mais le contenu du message est différent : « 1zfr mo pe ggn per ». À nouveau, la sœur de Darwin Labonté essaye d’appeler ce contact. En vain. Il ne répondra pas non plus à sa question « ki zafair ? »
Le message vocal effacé
La personne téléphonera quelques minutes après, sans dire un mot. « Elle a écouté ma voix simplement et je l’entendais respirer à l’autre bout du fil. Je lui a maintes fois dit de me dire ce qu’elle avait à dire, mais elle a raccroché », raconte Julie. Plusieurs fois elle essaiera d’entrer en contact avec ce profil qui finira un peu plus tard par lui envoyer un message vocal. À l’appareil, une femme qui dira, selon Julie : « Mo misie ki’nn pous li dan delo. »
Un véritable choc pour la jeune femme qui n’en revient pas de cette information. « Qui est à l’autre bout du fil ? » « Est-ce vrai cette information ? » « Pourquoi la personne n’en dit pas plus ? » « A-t-elle communiqué avec la police ? »… Les questions se bousculent dans la tête de Julie, qui appelle immédiatement ses proches à Maurice. Eux aussi sont abasourdis par une telle révélation. Ils décident de contacter la police et pensent faire parvenir ce message vocal aux autorités. Mais lorsque Julie tente de transférer le message, elle constate que le message vocal avait été effacé. « Le personne avait déjà unsent le message. Je n’ai pas eu le réflexe de sauvegarder ou de screenshoot. Elle avait tout effacé », se désole la sœur de Darwin Labonté.
Une fois encore, pensant alors qu’il devait s’agir d’une blague de mauvais goût, la famille tente d’ignorer les éléments d’informations fournis dans ce message des plus troublants. Cependant, deux jours plus tard, un cousin, résidant lui à Maurice, recevra exactement le même message, toujours via son compte Messenger et émanant du même profil. Cette fois, la personne à l’appareil se serait présentée comme étant l’une des deux personnes, notamment le couple, qui avait assisté à la disparition de Darwin Labonté le 21 janvier au bord de la falaise de Montagne Jacquot. Et elle dira également : « Mo misie ki’nn pous garson-la. »
Un meurtre ?
Avec ce premier détail qui laisse comprendre que cette femme serait l’un des potentiels témoins qui avaient d’ailleurs indiqué à la police qu’ils avaient vu Darwin Labonté emporté par une vague, la famille du disparu rentre en contact avec la femme, dont il avait le numéro. « Mo frer inn telefone, me madam an kestion la dir pa ki pa li ki’nn call nou lor Messenger », raconte Julie. Malgré l’insistance de la famille, elle campera sur sa position, allant jusque demander de ne plus la harceler. Cette femme aurait même déposé plainte contre le frère de Darwin Labonté pour harcèlement. « Aster mo frer ki pe gagn problem parski nou pe rod konn laverite », regrette Julie.
Auprès des sources policières, la famille comprendra que, sans preuve, elles ne pourront rien faire. Découragés et dans l’angoisse, les proches de Darwin Labonté ne savent plus vers qui se tourner. Les éléments troublants de ce message et appels téléphoniques mystérieux à certains d’entre eux les plongent dans le désarroi. « Si la personne qui a mis ces messages a dit vrai, cela voudrait dire que l’accident dont le couple qui a témoigné a raconté serait en réalité un meurtre », estiment les proches de Darwin Labonté, qui disent ne plus vivre en paix. La famille voudrait faire la lumière sur ce qui est arrivé à Darwin Labonté et regrette que la police « ne s’intéresse pas assez à cette disparition. » Selon les proches de Darwin Labonté, « il n’y a peut-être pas assez de preuves pour la police, mais elle devrait au moins enquêter un peu sur les éléments qu’on est en train de leur fournir. Et revoir ce couple qui a témoigné. Il y a des choses pas nettes dans cette histoire », disent-ils, souhaitant savoir ce qu’ils doivent faire pour que cette affaire avance et ne soit pas classée.
Enquête de « missing at sea » maintenue
Au niveau de la police, on fait ressortir qu’il n’y a pas de suspicion de foul play à ce stade. Les caméras de la prison de Petit Verger, explique-t-on, démontrent que Darwin Labonté marchait seul sur le sentier menant à Montagne Jacquot et qu’il n’y avait personne qui le suivait. Pour l’heure, une enquête de « missing at sea » est maintenue. Le dossier reste ouvert aussi longtemps que la personne ou son corps n’aura pas été retrouvé.