Un peu plus d’une heure trente, dont une demi-heure d’explications autour du projet, avec à l’appui une projection Powerpoint et une heure de questions. Une salle comble, composée d’habitants du village de Roches-Noires, de ceux du littoral, et d’autres externes que le projet de Smart City à Roches-Noires ne laisse pas indifférents.
Surtout, un exemple de dialogue d’entendants pour toutes les parties même si ce seul exercice n’a sans doute pas fait beaucoup bouger les lignes qui avaient fait échouer la première tentative du projet avec un EIA. Mais, le rendez-vous d’hier en fin de journée a renforcé les convictions, des uns, comme les doutes, des autres. La réunion s’est passée dans une atmosphère civilisée et en bonne intelligence… et le temps n’a pas paru long. Un exemple à suivre !
D’emblée, le ton est donné, les promoteurs, par la voix de Nicolas de Chalain, affirme avoir tout vu, les plantes endémiques, les coins et recoins, les Wetlands et les marécages. Il ajoute que tout cela a été fait sans dommages et sans frais, cependant ce qui a été vu sur le terrain avait de quoi choquer et était désolant. Des décharges sauvages !
Le constat était encore plus désolant sur le plan environnemental car il n’y a plus de caves. Elles ont été envahies par l’eau et se sont effondrées à cause des voleurs de roches… Une affirmation qui a créé un malaise. Le reste de la présentation a été professionnelle et classique pour ce genre de projets.
Conditions Sine Qua Non
L’autre point saillant de la présentation a été l’intervention du conseiller de district Aukhajane Lenine, qui a, d’emblée et sans équivoque, précisé la position des villageois et du village : « Nou pa la pou met tapi rouz pou personn. Nou la pou enn platform pou enn esanz. Parski ena boukou bann proze ki’nn pas dan nou ledo, san ki nou kone, san nou integre. Nou ti met de kondizion Sine Qua Non. Ninport ki proze ki pou vini: vilazwa bizin integre, ek bizin ena tou respe de lekolozi. Li kler lor la, nou pa pou badine lor la, nou pa pou diskite lor la !…»
Puis ce fut la tranche des interrogations : « J’ai vu dans le journal que le projet allait coûter Rs 41 milliards. Comment le projet allait être financé… ? Surtout que la compagnie qui pilote le projet a montré ailleurs des faiblesses financières ». Le représentant de PR Capital, promoteur du projet, a tenté de répondre sans nécessairement convaincre. 25 millions d’Euros de fonds propre pour la phase 1 et quatre millions d’euros déjà investis pour l’ensemble des études, affirme-t-il. Il ajoute que sur 40 entreprises BTP, une seule a fermé. Il se dit prêt à accepter de travailler avec des experts indépendants. Une telle demande a été réitérée par différentes parties lors des discussions d’hier.
L’EIA au centre des débats
L’EIA aussi a fait l’objet de débats. Certains veulent la repousser demandant du temps pour l’étudier, d’autres la contestent surtout pour les tunnels de lave qui ne sont pourtant pas de l’espace bâti et souhaitent qu’elle porte sur toute la zone. D’autres sujets touchant l’environnement ont aussi été abordés, comme la protection des récifs, de la faune par les habitants, de la végétation, méritant une attention particulière. Les promoteurs concèdent que tous les projets ont des dommages collatéraux et font état de mesures d’atténuation.
Au chapitre des suggestions : un système de tout à l’égout pour l’ensemble du projet, un suivi permanent des lieux fragiles écologiquement pendant les travaux par des professionnels. Julien Ridon, le promoteur, qui dit venir de la région des mines, affirme qu’il est important de se développer durablement.
L’eau, source de ralliement ?
Par ailleurs, les habitants ne semblent pas être sur la même longueur d’onde sur tout. Les riverains du littoral, jugés trop négatifs, et les villageois, plus intéressés, n’ont pas la même vision du bétonnage, qui va enlaidir pour les uns et développer durablement pour les autres.
Finalement, il y avait unanimité que le débat était sain et nécessaire, que ceux qui voulaient s’exprimer ont pu le faire librement. Mais nombre de participants n’étaient pas satisfaits. Mais le principal animateur de cette réunion, Nicolas de Chalain, a réussi à fédérer presque tous sur la volonté déclarée des promoteurs de trouver des moyens et la manière d’apporter de l’eau dans la région pour tout. Les applaudissements presque unanimes ont accompagné ce vœu pieux. Une piste sans doute pour convaincre….