Maurice, cartel régional du business de la mort ?

Devrait-on s’en étonner, d’ailleurs, s’il s’avère que tel est le cas ? Au rythme des saisies et des opérations record qui pullulent dans les médias chaque semaine, notre belle île semble bien avoir basculé du côté obscur, hélas !
Pour le minuscule lopin de terre qu’est notre île, toute cette came est-elle uniquement destinée au marché local ? Le nombre de Mauriciens accros aux substances nocives aurait donc à ce point pris l’ascenseur ? Ce qui ne serait, également, nullement surprenant, non plus. De fait, cette situation mérite définitivement une étude complète et concrète d’autant que cela fait bien plusieurs décennies que l’Etat mauricien n’en a pas réalisé.
Mais nul ne peut prétendre qu’on n’a rien vu venir. Sur ces 20 dernières années, plusieurs observateurs sociaux engagés, sincères et “committed” n’ont eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme. Usant de stratégies et rivalisant d’imagination et de réalisme pour attirer l’attention de tant les politiques que la population sur comment socialement, économiquement, politiquement et de tous les angles possibles, le marché de la mort allait pourrir notre pays, si nous ne réagissions pas collectivement. Condamnant, ce faisant, notre jeunesse avec toutes les répercussions sur notre train de vie, et la force ouvrière de la nation. Mais nos politiques, de tous bords confondus, ont-ils seulement été à l’écoute ? Quelles ont été les réactions plausibles et les actions concrètes prises à ce jour ?
Pravind Jugnauth se targue, à chaque sortie publique, que lui et son gouvernement sont farouchement engagés à « kass lerin mafia ladrog ». Tant mieux quand un chef de gouvernement affiche une aussi claire volonté ! Pourtant, il ne récolte pas l’adhésion populaire. De fait, le soutien de la masse aurait été totalement différent si, au même titre que les annonces des saisies, suivaient des arrestations et des condamnations. Pas seulement de quelques “jockeys”, “martins” ou petites frappes qui font partie de la chaîne de distribution de la came, mais surtout des caïds et vrais parrains. Faute d’être inquiétés, ceux-ci poursuivent, “business as usual”, leurs malpropres petites affaires. Il n’y a pas de chômage ni de pénurie dans ce secteur. Les confinements du Covid-19 l’ont d’ailleurs prouvé : le commerce des drogues se poursuivait.
Il y a, comme l’a fait remarquer l’ancien Attorney General et membre fondateur de Linion Pep Morisien (LPM), Rama Valayden, une nuance importante à faire. Pour que ne perdure la perception que le fameux “kass lerin” ne s’apparente à danser le tango avec ces bandits ! À ce jour, dans l’affaire Franklin comme dans nombre d’autres, même ceux qui ne sont pas liés à la drogue (directement), une foule de personnes proches du pouvoir, gravitant dans le giron direct de Pravind Jugnauth, sont impliqués. Mais rares sont ceux qui sont inquiétés. Ce qui renforce la perception populaire que le pouvoir en place est gangrené par la mafia. D’ailleurs, n’est-ce pas Pravind Jugnauth himself qui a déclaré que la mafia a infiltré toutes nos institutions ?
Le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge, Paul Lam Shang Leen, mentionne, parmi les nombreux “loopholes” qu’utilisent les marchands de la mort pour faire circuler leur came, l’usage de speedboats. Un élément ultra-exploité par ceux qui s’adonnent à ce business lucratif, comme en témoigne l’incident survenu à l’île de La Réunion cette semaine.
Toutes les entrées par voie de mer ne pouvant être contrôlées en permanence. Incidemment, plusieurs discours budgétaires ont fait état d’achat d’équipements de pointe pour les gardes-côtes. Avec quel résultat ?
Pourquoi est-ce que la machinerie toussote quand il s’agit de faire tomber les vrais coupables ? Aussi longtemps que persistera une politique opaque, entretenue par des hommes de l’ombre au service de cette hydre mortelle, le business de la mort aura de très beaux jours devant lui. Pendant que des familles entières n’auront d’autre choix que de pleurer toutes les larmes de leurs corps et arriver au point de souhaiter la mort de ceux des leurs qui sont devenus les esclaves de ces produits toxiques, unique issue libératrice.

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