Suspectée d’avoir enfreint les règles antidopage : Zones d’ombre autour de la suspension de Roilya Ranaivosoa

Comment les tests ADN peuvent-ils conclure que le premier échantillon n’est pas celui de l’haltérophile, alors que ce contrôle doit se dérouler sous une supervision stricte ? La nouvelle a été communiquée par l’International Testing Agency à la Mauricienne mercredi et elle a jusqu’au 7 juin pour s’expliquer et éventuellement faire appel

C’est une affaire qui secoue, non seulement l’haltérophilie, mais aussi le sport mauricien depuis mercredi. Roilya Ranaivosoa, multiple championne d’Afrique et deux fois médaillée d’argent aux Jeux du Commonwealth, dont l’année dernière, à Birmingham en Angleterre, est soupçonnée d’avoir enfreint les règles antidopage. Elle a été provisoirement suspendue, avec effet immédiat, sous l’Article 2.2 (Urine substitution: Use of a Prohibited Method) and/or Tampering under Article 2.5 of the IWF).

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Elle a été informée, mercredi, par l’International Testing Agency (ITA) et agissant au nom de l’International Weightlifting Federation (IWF). La question qui se pose est de savoir comment les tests ADN réclamés par l’ITA auprès du laboratoire de Cologne (Allemagne), accrédité par la World Anti-Doping Agency (WADA), a conclu que le premier échantillon n’est pas celle de l’haltérophile, alors que ce contrôle doit se dérouler sous la supervision stricte d’une « chaperonne » ? Roilya Ranaivosoa a jusqu’au 7 juin pour s’expliquer et prouver son innocence pour éviter de perdre ses titres.

Roilya Ranaivosoa, pourtant à la retraite depuis plusieurs mois, se retrouve au centre d’une polémique suivant une enquête de l’ITA. Sauf que des interrogations subsistent en attendant qu’elle s’explique officiellement. Déjà, il est très important de savoir dans quelles conditions se sont tenues les tests du 25 mars 2016 en Roumanie. D’autant que, selon le code conduite de la WADA, une « chaperonne » doit obligatoirement superviser la prise d’urine avant de collecter l’échantillon. D’où la question de savoir comment il a pu y avoir “urine substitution” si elle était accompagnée ?

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Comparaison d’ADN compromettante

Désormais, ce sera à Roilya Ranaivosoa de se défendre face à ce rapport défavorable de l’ITA qui stipule des incohérences entre le premier échantillon, effectuée hors-compétition, le 25 mars 2016, comparativement à deux autres. Roilya Ranaivosoa était alors en camp d’entraînement en Roumanie et avait été soumise à un test d’urine. Aucune substance prohibée n’avait alors été détectée.

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Deux autres tests avaient été effectués. D’abord, le 8 mai 2016 aux Championnats d’Afrique, puis le 10 juillet 2022 au Qatar. Lors de ce dernier contrôle, un test sanguin avait même été adjoint à un test d’urine. Si aucune anormalité n’avait été détectée, en revanche, une révision du passeport biologique de l’athlète a fait état, selon l’ITA, des incohérences et indique qu’au moins un échantillon de ce passeport “did not match the normal values”.

C’est suite à cela que le laboratoire de Cologne a été sollicité, le 18 juillet 2022, pour une comparaison d’ADN. Il est alors confirmé que l’échantillon du 8 mai n’est pas de la même source que celle du 25 mars 2016. L’ITA précisant que les échantillons sont de deux personnes différentes. Même que le 23 août 2022, toujours selon le laboratoire de Cologne, il est indiqué, qu’un “overall statistical value of W > 99,999999 % for the full-siblingship of sample 3986891 and the donor of sample 3799095 was calculated”.
L’“Analysis Report” ajoute : “Thus, there is therefore no reasonable doubt as to the assumption that the donor of sample 3986891 and the donor of sample 3799095 have identical parents”. Une autre demande de comparaison est faite le 26 octobre par l’ITA incluant, cette fois, les trois échantillons. Et là encore, il est confirmé que les échantillons de mai 2016 et celle de juillet 2022 “does not match” avec celle de mars 2016.

À ce titre, l’ITA indique que cette échantillon n’a pas été donnée par Roilya Ranaivosoa, mais probablement “by your sibling on your behalf”. Donc, par un membre de sa famille, plus précisément une soeur ou un frère. Pour l’ITA, “…it has been conclusively established that the March 2016 Sample was not provided by you but by your sibling. Therefore it follows that you engaged in Urine Substitution on 24th March 2016.” Il est ainsi indiqué à Roilya Ranaivosoa, “ Pursuant to Article 5.3.1.1. and 5.3.2.1 of the ISRM, the ITA invites you to provide your explanations as to the circumstances that led to the Use of the Prohibited Method and/or the Tampering with the Doping Control process”.

Titres en balance

Les conséquences d’une telle infraction, dans l’attente des explications de Roilya Ranaivosoa, demeure une suspension de deux à quatre ans. La sanction finale sera associée à une amende ou des frais associés aux Anti-Doping Rule Violations à prendre en charge par la suspecte. Roilya Ranaivosoa sera aussi déchue de ses titres et autres récompenses si la sanction est confirmée. Elle a jusqu’au 7 juin pour présenter sa défense. Passée cette date, il sera compris que Roilya Ranaivosoa accepte les faits et les conséquences associés à cette affaire. Donc, qu’elle renonce à une audience pour se défendre selon les règles établis. Affaire à suivre…

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Président de la MWF — Yovin Gyadin: « Un cas complexe »
« J’ai déjà pris contact avec Roilya Ranaivosoa par le biais d’une correspondance et j’attends maintenant sa version. Elle est soupçonnée d’avoir enfreint les règles anti-dopage et cela se serait passé en mars 2016. L’ITA a obtenu l’autorité de l’IWF pour sanctionner. C’est un cas complexe »

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SollicitéE hier : Roilya Ranaivosoa injoignable
Contactée, hier, Roilya Ranaivosoa est restée injoignable à l’heure où nous mettions sous presse

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