Offrir aux consommateurs davantage de visibilité sur les prix des produits en vente dans les supermarchés et renforcer ainsi le contrôle des prix, tel est l’objectif affiché de l’application Mopri que vient de lancer le ministère du Commerce. À quel point cette application est-elle susceptible d’aider les consommateurs de lutter contre la vie chère ?
Reaz Chuttoo, de la Confédération des Travailleurs des Secteurs privé et public (CTSP), pointe une lacune : « des mesures contre les commerçants véreux pratiquant des prix abusifs ».
En effet, cite-t-il en exemple, « que se passe-t-il si le client se rend dans un supermarché où il a repéré une promo et qu’il s’entend dire que le stock est épuisé ? ». Le syndicaliste est d’avis que pour que l’application soit vraiment fonctionnelle, « il faut un Servicing Team derrière. Quelle garantie avons-nous que les commerçants reverront à la baisse les prix une fois les prix d’importation sont à la baisse. Ou alors une fois qu’ils ont mis une promo, ils ne seront pas pressés de l’enlever ? ». Il se demande en outre si l’application pourra mettre un terme au cartel.
De son côté, Claude Canabady, secrétaire de la Consumers’ Eye Association (CEA), salue l’initiative dont le but est d’aider les consommateurs mais regrette qu’il n’y ait pas eu de campagne d’explications avec le grand public. Il déplore d’autre part la comparaison limitée entre deux supermarchés seulement à la fois.
« Pour arriver à la solution la plus efficace, il faut consulter les consommateurs sur une grande échelle pour avoir le maximum d’informations sans oublier l’avis des associations des consommateurs », dit-il, suggérant au ministère d’afficher chaque semaine sur Mopri des subsides sur des marques différentes de produits de base.
Takesh Luckho, économiste, accueille l’idée de Smart Buying que comporte l’application. « Pour cela, il faut que le consommateur puisse recueillir diverses informations sur des produits pour effectuer une comparaison et acheter ce qui lui semble meilleur. Mopri vient faciliter cela ». Toutefois, note-t-il, « il n’y a pas beaucoup d’informations disponibles sur l’application vu que c’est nouveau. Comparer un seul produit à la fois entre deux supermarchés est très Time Consuming ».
Pour un outil vraiment efficace, souligne l’économiste, « il faut qu’il permette au consommateur de faire des économies. L’application doit pouvoir dire où il paiera moins cher pour l’ensemble de sa liste de produits ». Telle qu’elle est actuellement, « l’application n’aura pas d’impact sur la baisse du coût de la vie ».
Retrouvez l’article au complet dans l’édition du Mauricien du 1er juin.