GRANDES OREILLES CHINOISES À CUBA – Retour de boomerang pour les Américains

On vient de l’apprendre, le 8 juin dernier, par le Wall Street Journal ; la Chine a signé avec le gouvernement cubain il y a quelques mois un accord qui était resté secret – mais qui ne l’est plus – et qui doit permettre d’installer une base d’écoute chinoise à Cuba.

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Les « grandes oreilles » chinoises, comme on a coutume de l’appeler dans le monde de l’espionnage, se trouveraient donc à proximité des États-Unis. Le président Biden a d’abord démenti cette nouvelle puis l’a minorée en disant que ce n’était pas grand-chose par rapport aux efforts gigantesques entrepris par Pékin pour se faire une place de choix dans l’océan Indien et le Pacifique.

Les drapeaux de la Chine et de Cuba lors d’une cérémonie des
ministres des Affaires étrangères
(Photo prise le 29 mai 2019/REUTERS/Florence Lo)

Mais l’Amérique n’est pas dans une période où l’on aurait pu laisser glisser et donner du temps au temps pour régler le problème. Les élections présidentielles de l’année prochaine sont l’occasion pour tous ceux, démocrates et républicains, qui contestent la réélection de Joe Biden à la Maison-Blanche de monter au créneau sans état d’âme.

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C’est ainsi que le démocrate Mark Warner, président du comité spécial du Sénat sur le renseignement, et Marco Rubio, sénateur républicain, ont mis les pieds dans le plat en déclarant qu’il était inacceptable que la Chine établisse à si courte distance de la côte américaine dans une zone peuplée d’installations militaires clés une base d’écoute militaire.

L’intervention de ces deux politiciens américains n’est pas sans rappeler la demande des Russes en janvier 2022 de fermer les portes de l’OTAN à l’Ukraine. Il leur fut alors répondu qu’il n’en était pas question…

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Tout ce jeu de dupes nous rappelle étrangement la crise des fusées soviétiques à Cuba en 1962. Si John Kennedy, alors président des États-Unis, n’avait pas eu l’intelligence de négocier l’enlèvement des fusées américaines en Turquie contre celui des fusées soviétiques à Cuba, le monde aurait alors été plongé dans un cataclysme nucléaire effroyable.

Comment alors trouver dans cette situation un équilibre stratégique quand on sait que les Américains ont installé un peu partout dans les pays d’Europe de l’Est et dans des territoires maritimes proches des fusées dirigées vers le territoire russe ?

Fidèles à la doctrine Monroe, les Américains n’ont jamais accepté d’interventions étrangères dans leurs sphères d’influence alors qu’ils ont poussé l’Ukraine à intégrer l’OTAN en tant que pays limitrophe de la Russie et ont installé des missiles en Pologne.

Il sera intéressant de voir comment finalement les États-Unis vont répondre à la présence des grandes oreilles chinoises à Cuba. À l’heure où j’écris ces lignes, Antony Blinken, secrétaire d’État américain, est à Pékin pour essayer d’améliorer les mauvaises relations entre les deux pays. L’épée de Damoclès de Taïwan et la guerre en Ukraine – qui ne semble pas pour l’instant du moins, être en faveur des protégés de Washington – risquent de mettre le pouvoir américain dans la quadrature d’un cercle dans lequel ils se seront installés eux-mêmes…

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