Bernardo Nascimento (Odysseo) : “L’Hippocampus tyro, dans toute l’histoire de l’humanité, n’a été vu qu’une seule fois !”

Une découverte de taille. Durant la semaine, Odysseo et l’Organisation non gouvernementale (ONG) Project Seahorse avec le soutien de Mini annonçaient que quelques spécimens du très rare Hippocampe tyro avaient été aperçus dans le nord de l’île. Jusqu’ici, un seul spécimen de cet hippocampe avait pu être collecté aux Seychelles.

- Publicité -

L’Hippocampus tyro, dans toute l’histoire de l’humanité enregistrée, n’a été vu qu’une seule fois. C’est d’ailleurs au plongeur mauricien Visham Bungsee que reviennent tous les honneurs. Il les a vus pour la première fois en novembre 2022 alors qu’il effectuait une plongée avec des clients, ce qui attire l’attention de la Dr Jill Fritz, vétérinaire et plongeuse depuis 30 ans, qui ensuite alerte ses collègues scientifiques et prend contact avec Odysseo. Bernardo Nascimento, Curator and Head of Education chez Odysseo, comptant plus de 26 ans de carrière comme biologiste, répond à nos questions.

— Quelle a été votre première réaction en apprenant la découverte de ces “tyro” ?
De l’excitation, mais aussi le doute quant à la véracité de la découverte. L’Hippocampus tyro, dans toute l’histoire de l’humanité enregistrée, n’a été vu qu’une seule fois. Un individu mort, dans les années 1990, aux Seychelles. Trouver cette même espèce vivante 30 ans plus tard à l’île Maurice est très spécial. D’ailleurs, il était supposé qu’elle pourrait être une espèce éteinte. En tant que biologistes marins depuis plus de 26 ans, nous rêvons tous de ce genre de découverte, tout en nous admettant qu’il est très peu probable que cela se produise au cours de notre carrière.

- Publicité -

— Cela fait-il longtemps depuis que vous travaillez sur les hippocampes à l’île Maurice ?
Avec l’aide de Mini (Leal Group), nous avons lancé un projet il y a un an, en collaboration avec Project Seahorse, dans le but d’identifier les espèces d’hippocampes présentes dans les lagons de l’île Maurice. Nous ne sommes pas un centre de recherche, mais nous nous sommes engagés à nous rendre une à deux fois par mois à différents endroits de l’île Maurice. Après des dizaines de plongées avec masque et tuba, nous n’avons vu jusqu’à récemment qu’une seule espèce : l’Hyppocampus kuda. Malheureusement, ce n’est que sur la côte est que nous les avons vus régulièrement et en plus grand nombre. Nous avons discuté avec de nombreux pêcheurs qui nous ont décrit les zones où ils devraient se trouver, mais où ils ne sont plus. D’après les données dont nous disposons actuellement, il semble qu’ils aient été beaucoup plus présents à Maurice dans le passé qu’ils ne le sont aujourd’hui.

— Quand ces Hippocampus tyro ont-ils été vus pour la dernière fois à l’île Maurice ? Pensez-vous qu’il puisse y en avoir d’autres dans nos eaux, mais qu’ils soient passés inaperçus ?
Après le cyclone Freddy, pour autant que nous le sachions, ils ont été vus à deux reprises, la dernière fois probablement la semaine dernière. C’est ce qui ressort d’un message publié sur la plateforme scientifique iNaturalist, où les gens peuvent partager des informations sur la biodiversité. Nous espérons avoir plus d’informations à ce sujet dans les semaines à venir. Nous relançons une campagne pour tenter de les localiser.

- Advertisement -

— Que doit faire un citoyen et qui doit-il contacter, s’il rencontre un spécimen de cette espèce ?

Si quelqu’un voit un Hippocampus tyro ou tout autre hippocampe, merci de contacter Odysseo par e-mail : oceanarium@odysseomauritius.com. Dans cet e-mail, il serait bon de communiquer l’emplacement le plus précis possible, le nombre d’hippocampes que vous avez vus, leur apparence (couleur, longueur approximative — de la queue au nez — en cm) et si vous avez des photos, c’est encore mieux. Une chose très importante : ne touchez pas et ne déplacez pas les hippocampes.

— Pensez-vous qu’il existe d’autres spécimens rares dans nos eaux et que des recherches supplémentaires sont nécessaires dans ce domaine, que ce soit au niveau universitaire ou de la part des autorités ?
C’est une très bonne question. Je pense qu’il y en a. Ce qui s’est passé avec l’Hippocampus tyro nous montre que même au 21e siècle, il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons sur les océans et les espèces qui y vivent. Il est incroyable qu’avec toute la technologie, les ressources et les campagnes que nous avons menées, nous continuions à découvrir de nouvelles espèces. D’ailleurs, jusqu’à ce qu’un laboratoire effectue un test ADN sur le nouvel hippocampe, nous ne serons pas sûrs à 100% qu’il s’agit bien d’un Hippocampus tyro. Les images indiquent que c’est le cas, mais il pourrait également s’agir d’une nouvelle espèce. En ce qui concerne les recherches menées par les universités et les instituts gouvernementaux, l’apparition de cet hippocampe a montré une fois de plus qu’il y a du travail à faire. Malheureusement, nous disposons tous de ressources limitées, mais les joint ventures qui existent et qui sont créées entre le secteur privé et les institutions gouvernementales nous permettront certainement d’en faire plus.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques