Sécurité routière — Pravind Jugnauth : « Il faut continuer à éduquer, à sensibiliser et à prendre des mesures préventives »

Une campagne nationale de prévention et de sensibilisation sur la sécurité routière débutera au mois d’octobre jusqu’au mois de décembre. C’est ce qu’a annoncé le Premier ministre, Pravind Jugnauth, vendredi après-midi, au Bâtiment du Trésor à Port-Louis. Il intervenait auprès de la presse, après une réunion plénière d’une heure et demie, avec la Commission nationale sur la sécurité routière. Il lance un appel aux usagers de la route de faire preuve de prudence et de courtoisie.

- Publicité -

« Il s’agit d’une des priorités à notre agenda », affirme le chef du gouvernement. C’est lors d’un point de presse après une réunion de travail avec les différents acteurs du secteur, à la fois du privé et du privé, que le Premier ministre a exprimé ses condoléances aux familles endeuillées. « On a vu combien de personnes ont malheureusement perdu la vie et combien ont été grièvement blessées. Et notamment hier (ndlr : jeudi), malheureusement, un accident tragique où un jeune de 19 ans a perdu la vie. » Il a indiqué que la réunion avait pour principal objectif de passer en revue toutes les mesures « pour essayer de diminuer le nombre d’accidents sur nos routes », que ce soit au niveau des infrastructures, du comportement des usagers de la route et des véhicules en circulation, et « pour voir à quel point elles sont efficaces. »

Ainsi, après « une discussion bien franche » sur la situation, le Premier ministre soutient qu’« avec plusieurs ministres, responsables d’institutions y compris avec le secteur privé, on a échangé des points de vue et il y a eu des discussions autour des idées à étudier. » Le Premier ministre reste cependant réaliste : « Il y a un gros travail à faire. » Revenant sur l’aspect humain de ce problème de sécurité routière qui a pris cette année de l’ampleur, Pravind Jugnauth a confié que « les victimes d’accidents de la route, c’est avant tout une tragédie pour la famille concernée et les proches, mais aussi pour le pays, car on ne peut pas oublier que tous ceux qui perdent la vie et qui sont grièvement blessés et qui finalement ne peuvent plus fonctionner normalement, c’est une grosse perte pour le pays. »

- Publicité -

Respect du  Code de la route

Par ailleurs, en plus des mesures qui ont été passées en revue, la Commission nationale sur la sécurité routière a pris note des causes des accidents. « Il y a évidemment beaucoup de facteurs, mais un facteur qui reste déterminant dans beaucoup de cas d’accidents, c’est le comportement du chauffeur, du motocycliste, du cycliste ou du piéton. » Il a ainsi mis l’accent sur le comportement des usagers de la route. « On lance un appel pour respecter les mesures de précaution, pour respecter le Code de la route et respecter les autres usagers de la route. » L’objectif principal et national, dit-il, est « de contribuer à faire baisser le nombre d’accidents sur nos routes. »

- Advertisement -

Pour le Premier ministre, ceux qui consomment de l’alcool ou de la drogue et qui prennent le volant, ou ceux qui sont en excès de vitesse, c’est de « l’imprudence pure et simple. » Ainsi, le lancement de la campagne nationale de sensibilisation et de prévention, « avec le coup de main du secteur privé », est essentiel, « car nous pensons qu’il faut continuer à éduquer, à sensibiliser et à prendre des mesures préventives. » Il a dans la même verve fait appel à la presse, qui « a un rôle déterminant » à jouer pour relayer le message à la population.

Répondant aux questions des journalistes sur une éventuelle réintroduction du permis à points, le Premier ministre a répondu qu’« on a changé le système de permis à points, car on est convaincus qu’il fallait un changement dans la loi et les règlements. » Citant la mesure de « zéro tolérance » sur la consommation d’alcool au volant, qui reste une des causes de plusieurs accidents, il soutient que si la loi doit être encore plus sévère, les dispositions seront prises. « Tout démontre que quand quelqu’un consomme un peu d’alcool, sa manière de réagir au volant est impaired. Nous allons mettre beaucoup d’accent sur la sensibilisation, sur les mesures préventives. »

École de formation  pour motocyclistes

En ce qu’il s’agit de l’introduction d’une école de formation pour les motocyclistes, qui restent selon les chiffres les plus vulnérables  (voire encadré), il souligne que le projet est en cours d’étude et qu’il « faut analyser les causes des accidents. Moi, j’ai personnellement remarqué, étant sur la route tous les jours, que certains motocyclistes font preuve d’imprudence sur le chemin. Donc, oui il est important d’avoir une formation. On étudie ce projet et éventuellement une décision sera prise. » Pravind Jugnauth a de nouveau rappelé que « je suis convaincu que la formation est importante. Il faut apprendre le Code de la route et les signes. » Par ailleurs, s’agissant de la signalétique routière, il avance qu’avec l’arrivée du métro, plusieurs choses seront revues, mais qu’en attendant, les conducteurs doivent faire preuve de vigilance. « Les gens doivent respecter le Code de la route », rappelle-t-il.

Par rapport à la consommation d’alcool au volant, le Premier ministre assure que « s’il faut augmenter les checkpointsdans certains endroits, nous le ferons. La police le fait déjà, mais s’il faut augmenter l’effectif et les lieux à risque, nous le ferons. » Il a aussi lancé un appel aux compagnies d’autobus pour vérifier que leurs flottes sont en bon état. « Il faut faire de sorte que toutes ces compagnies vérifient l’état mécanique de leurs autobus. Le chauffeur doit également continuellement être sensibilisé pour prendre des précautions et d’ailleurs, le bus doit rouler encore plus prudemment. » « On lance un appel à toutes les compagnies pour s’assurer que leurs bus ne soient pas défectueux. Je ne me prononce pas sur le cas de La Butte, car il y a une enquête et on verra qu’elle a été la cause. »

Répondant à une autre question sur les accidents et embouteillages liés au métro, Pravind Jugnauth a rappelé qu’une question avait été posée à ce sujet au Parlement. « Il y a une bonne quantité de mesures déjà prises. Le métro ce n’est pas une invention à Maurice. Le métro est en circulation dans plusieurs autres pays et évidemment on s’est inspirés de la manière dont il a été implémenté dans ce pays-là pour le faire ici, avec l’aide de consultants », déclare-t-il. « Nous, nous décidons de la politique et de l’implémentation du projet, mais ce sont les experts qui nous disent comment le faire », précise-t-il.

« Pa kapav  fer demagozi »

Ainsi, selon lui, la préconisation du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, sur l’installation de barrière près des rails de métro n’est pas viable. « Mais enfin, c’est démagogique, parce qu’on ne peut pas mettre des barrières partout et on ne peut pas dire que parce qu’on n’a pas mis de barrière, il y a eu des accidents. Pa kapav fer demagozi lor maler ek lavi dimounn, bizin serie », soutient-il. Pour le chef du gouvernement, il faut donc travailler de concert pour trouver « des mesures pratiques qui feront de sorte à diminuer au maximum les risques pour les usagers de la route et qui ne seront pas un fardeau pour ces derniers. »

Citant la France, où le métro n’occasionne pas d’accidents, ou sinon très peu, il souligne que c’est « aussi une question de respect du Code de la route et de comportement que nous avons sur la route. » Pour lui, la courtoisie au volant reste essentielle. « Quand vous conduisez, vous ne devez pas regarder votre priorité uniquement, mais vous devez toujours tenir compte des autres usagers de la route. Il faut laisser d’autres véhicules passer. La courtoisie aide aussi à fluidifier le trafic. Je saisis l’occasion pour faire un appel à tous les usagers de la route : il faut être courtois envers les autres et là où on peut, on laisse le passage aux autres. »

Toujours dans la même thématique, il a déclaré que l’éclairage des routes sera revu, de même que l’état des routes. En ce qu’il s’agit des accidents causés par les chiens errants, bien qu’ils soient « minimes, cela reste un autre problème qu’il faudra adresser. » Pour conclure, Pravind Jugnauth déclare que « s’il faut aller plus loin en termes de loi, on le fera. On ne veut pas que le nombre de souffrances augmente. Li kapav ninport kisann’la. »

 

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques