À 27 ans, Jasmine Brown-Rasé est une artiste-peintre et sculptrice contemporaine anglaise aux racines mauriciennes et jamaïcaines. Ses œuvres, exposées tant sur les murs de galeries londoniennes que sur des plateformes artistiques en ligne, traduisent la vision d’une jeune femme de la génération 2.0 sur son environnement urbain.
Avec son approche éclectique, ses portraits peuvent être saisissants tant ils sont proches de la réalité, tandis que ses abstraits, déroutants, transportent dans un univers où s’incruste l’imaginaire. Dans le nord-est de Londres où elle vit, Jasmine Brown-Rasé travaille sur une nouvelle série de tableaux qu’elle projette de présenter à Maurice, qu’elle visite régulièrement.
Les œuvres de Jasmine Brown-Rasé sont marquées par son ADN insulaire. Elle puise dans ses origines mauriciennes et jamaïcaines pour donner une identité à ses tableaux. Aussi, la jeune femme a fait de l’abstrait son style de prédilection : celui qui définit au mieux sa vision de la vie, que celle-ci se passe dans la capitale anglaise, à Los Angeles, quelque part en Écosse ou bien là où elle pose ses bagages.
Jasmine voyage. Elle capte des instants dans ces villes où les buildings font parfois grise mine et les couleurs sont absentes, mais pas dans sa tête! Les tons ne sont, pourtant, pas imaginaires. Ils sont ceux de la Jamaïque, le pays de son père. Ces couleurs qui s’invitent pour évoquer la canne à sucre rouge de Barahona et la terre de Maurice. Plus habituée aux rues de Curepipe et les plages de Trou aux Biches que des quartiers de Kingston, l’artiste britannique ramène toujours de son séjour chez nous une lumière qu’elle transpose dans son travail.
Expo et partage
De retour en Angleterre après un passage à Maurice en mai dernier, Jasmine Brown-Rasé travaille sur une collection qu’elle présentera l’année prochaine, lors d’une exposition à Maurice. « Ce sera une série de tableaux inédits qui refléteront mes influences mauriciennes. J’ai la chance d’être issue de différentes cultures. Je ne me sens pas limitée dans mes inspirations. Cette exposition sera une première pour moi, à Maurice. Je ne compte pas m’arrêter à la présentation de mes tableaux au public mauricien. Je vais aussi partager mes acquis aux jeunes. Leur transmettre ce dont j’ai pu bénéficier durant mes études en Angleterre et aux États-Unis, ainsi que mon expérience pendant mon parcours », confie la jeune femme, détentrice d’un Bachelor en Beaux-Arts de l’Université de Californie, à Week-End.
Une impression de tangibilité
Jasmine Brown-Rasé emploie une variété de techniques, dont l’acrylique, pour réaliser ses tableaux, pour rester éclectique dans les matières qu’elle privilégie. Elle crée une certaine impression de tangibilité pour plonger le regard de l’autre dans un univers qu’elle explore depuis quelque temps : la santé mentale. Elle aborde cette question sous un angle artistique tout en conférant une certaine mélancolie à ses œuvres. Le but est de susciter l’émotion. L’artiste arrive à imprégner des paysages claustrophobes qu’elle réalise du réalisme du quotidien et du surréalisme sorti tout droit du monde des manga. Si, comme lors de ses différentes expositions (dont une participation au Philia Athens Digital, Grèce) en Écosse, en Californie et à Londres, elle s’est adressée au grand public, elle séduit à coup sûr sa génération, plus sensible à l’abstrait qu’elle propose.
Le déclic
C’est son père, raconte-t-elle, qui provoque le déclic qui marquera sa rencontre avec l’art. Elle était enfant. « Il m’achetait des figurines et des livres dans lesquels j’apprenais les techniques sur l’ombre, la perspective et les proportions. Avec le temps, cette découverte m’a conduite vers la peinture et les portraits. » Plus tard, elle s’essayait à la sculpture. Le contact direct avec la matière, dit-elle, l’a séduite et lui a donné l’envie d’exploiter les qualités des éléments qu’elle utilise. Et c’est naturellement que durant ses études à l’université à l’Edimburgh College of Art, elle a consacré la troisième année de sa formation à la sculpture et y décroche son Bachelor of Arts dans cette spécialité.
Comme tout artiste, Jasmine Brown-Rasé refuse le conventionnalisme. Elle veut se démarquer avec un style qui lui est propre et se laisser porter par son humeur et ses désirs. Elle évolue au fil des saisons et des rencontres. Elle ne s’impose aucune barrière et cultive sa curiosité tout en gardant un œil attentif sur le monde virtuel. La jeune artiste concède qu’elle s’intéresse aux réseaux sociaux pour voir comment ils agissent comme vecteurs d’émotions.
L’art ne résume pas toute la réalité de Jasmine Brown-Rasé. Malgré son rêve de se consacrer entièrement à sa passion, elle est confrontée aux impératifs de la vie. Après avoir collaboré avec sa mère dans l’entreprise familiale, dans le secteur alimentaire, elle a récemment rejoint une société privée. Et prépare en parallèle sa nouvelle collection de tableaux pour Maurice.