Musée intercontinental de l’esclavage — Le PM : “Pas le droit d’oublier la mémoire des esclaves”

Tournant historique dans l’histoire de Maurice, vendredi dernier, avec l’inauguration officielle du musée de l’Esclavage intercontinental. Un projet de longue date recommandé par la Commission Vérité et Justice qui se concrétise au coût d’un investissement de Rs 105M. La cérémonie d’ouverture de ce musée, situé dans l’ancien hôpital militaire de Port-Louis, a été présidée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en présence de nombreuses personnalités, dont le vice-président de la République, Eddy Boissézon, le ministre de la Culture, Avinash Teeluck, le président du comité scientifique du musée, Benigna Zimba, ainsi que des membres de la famille Froberville, qui ont offerts des éléments historiques à la collection du musée. Le nouvel évêque de Port-Louis, Jean-Michaël Durhône, a également assisté à cet événement significatif.
Le Premier ministre, dans son discours inaugural, a souligné la souffrance et les sacrifices endurés par les esclaves tout au long de l’histoire. Il a rappelé que le Code Noir — législation oppressive qui réglait tous les aspects de la vie des esclaves, avait été appliqué à Maurice. Pravind Jugnauth a également noté que les enfants des esclaves libérés étaient considérés comme esclaves eux-mêmes si leur mère était encore en servitude, mettant en évidence l’inhumanité de cette période. Cependant, depuis, le pays a réalisé de nombreux progrès en matière de liberté, de démocratie et de droits de l’homme a souligné le chef du gouvernement, insistant dans la foulée sur l’importance de transmettre aux générations futures la connaissance des conditions dans lesquelles leurs ancêtres avaient vécu. “À travers ce musée, nous exprimons notre reconnaissance envers les ancêtres qui ont survécu au système esclavagiste infâme et barbare”, a-t-il dit. Pravind Jugnauth, tout en rappelant l’obligation de ne pas oublier les millions de victimes de la traite négrière a aussi évoqué les résistances à l’abolition de l’esclavage à Maurice, notant que certains propriétaires d’esclaves mauriciens avaient créé un syndicat pour défendre leurs intérêts. Il a également mentionné les frères d’Epinay, qui avaient contesté l’abolition de l’esclavage. Le Premier ministre s’est aussi interrogé sur la question des compensations, soulignant que ce sont les propriétaires d’esclaves qui avaient bénéficié de ces compensations au lieu des victimes. Pravind Jugnauth a conclu son discours en rappelant que la mémoire est essentielle pour construire l’avenir sans haine ni rancune, tout en rendant hommage aux victimes de l’esclavage et en affirmant que le Musée de l’Esclavage intercontinental était un pas important dans cette direction.
Ainsi, ce musée, installé dans l’ancien hôpital militaire à Port-Louis, érigé sous l’occupation française pour soigner les soldats et des esclaves, sera aussi un lieu de recueillement et de réconciliation. Le président du musée de l’Esclavage intercontinental, Jean Maxy Simonet, a retracé l’historique de l’institution et rendu hommage au Premier ministre pour son engagement dans la création du musée dès 2016.
Intérêt croissant des touristes pour le patrimoine mauricien
Avinash Teeluck, ministre de la Culture, a qualifié le projet de noble et complexe, révélant que le gouvernement avait investi Rs 105 millions dans sa réalisation. Il a souligné que le musée complétait le patrimoine culturel de l’île Maurice, avec l’Aapravasi Ghat d’un côté et le port développé grâce au travail des esclaves de l’autre. Le ministreTeeluck a mis en avant l’intérêt croissant des touristes pour le patrimoine mauricien. D’ailleurs, l’Aapravasi Ghat a reçu la visite de 55 600 touristes en 2018 et de 40 780 touristes en 2022, a souligné le ministre, qui se dit convaincu que le musée de l’Esclavage attirerait également de nombreux visiteurs.
La cérémonie a également été marquée par une intervention vidéo du directeur général de l’UNESCO, Gabriela Ramos, qui a souligné l’importance de préserver la mémoire de l’esclavage pour construire un avenir meilleur. Le chœur et l’orchestre du conservatoire national de musique François Mitterrand, dirigés par Claudie Ricaud, ont reçu des applaudissements enthousiastes pour leur performance musicale qui a retracé l’évolution du séga mauricien.

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