Manque d’empathie ou négligence médicale ? : Émilie sujette à un nouveau traumatisme à l’hôpital 

🔴 “J’ai vu comme une bulle d’air qui sortait de l’œil de mon enfant. Et un médecin me demande si elle portait une lentille”, déclare, ébahie, sa mère, Virginie 🔴Venue au Moka Eye Hospital, dans le contexte de sa demande d’aide financière à la Santé, la mère est surprise qu’il a fallu examiner physiquement son enfant 🔴Traumatisée, la famille a consulté un médecin du privé qui l’a rassurée et a informé son médecin en Inde de l’incident qui lui a demandé “Do not let them see her again”

Les épreuves semblent sans fin pour la petite Émilie dans le contexte des soins de santé publics mauriciens. Ce bébé, qui a déjà survécu à des pronostics vitaux à sa naissance, a récemment été confronté à un nouveau traumatisme aux mains des médecins de l’hôpital de Moka. Tout cela alors que ses parents luttent pour lui assurer une vue normale et sollicitent l’aide du gouvernement pour financer ses soins et ses opérations futures.

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Le périple d’Émilie et de sa famille a été semé d’embûches, depuis le moment où elle a été déclarée “morte” à la naissance, après avoir été déclaré “non viable” avant l’accouchement. À ce moment-là, elle avait été placée dans une boîte de désinfection médicale, sans aucune assistance. Heureusement, une infirmière l’a entendue pleurer une heure plus tard et a ainsi sauvé sa vie.

Mais la suffisance, des médecins semblent s’acharner sur cette miraculée de la survie. Le dernier incident s’est produit à l’hôpital de Moka où la famille s’était rendue, le 12 août dernier, pour les démarches administratives nécessaires, afin de bénéficier du soutien gouvernemental destiné aux enfants inopérables à Maurice. Ce rendez-vous a été une expérience traumatisante pour Émilie et sa famille, comme l’a raconté, indignée et choquée, sa mère Virginie à Week-End : “Nous sommes rentrés au pays le vendredi 11 août après 3 semaines en Inde. À la suite de démarches que nous avions entreprises auprès du ministère de la Santé, nous avons reçu un appel de l’hôpital de Moka pour un rendez-vous le samedi 12 août en vue de faire les papiers afin de percevoir l’aide du gouvernement pour pouvoir envoyer à nouveau notre enfant en Inde pour ses soins et autres opérations nécessaires. A notre grande surprise, lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital de Moka, nous ne sommes pas passés devant un conseil médical. Ce sont quatre médecins qui nous ont accueillis, et cela dans une salle où était écrite “salle d’attente numéro 2”.

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Et elle poursuit : “À notre questionnement, ces médecins nous ont déclaré que c’est la procédure et qu’ils vont simplement “regarder” l’œil d’Émilie… C’est là que le tout nouveau calvaire de notre enfant a commencé.” La mère explique que les médecins leur ont demandé de la déposer sur une table d’examen dans une salle adjacente. “À peine ai-je déposé Émilie sur cette table que deux infirmières viennent, me poussent presque, en disant qu’elles savent comment tenir le patient en voulant envelopper Émilie dans le drap de la table d’examen”, raconte Virginie.

Si la mère proteste et insiste qu’elle restera avec son enfant, elle est surprise de constater que les médecins ont déjà “tripoté” l’œil d’Émilie lorsqu’elle tourne la tête en leur direction. “J’ai vu comme une bulle d’air qui sort de l’œil de mon enfant. J’ai regardé cela horrifiée et je m’aperçois bien de l’étonnement d’un des médecins aussi”, raconte-t-elle encore secouée par cet épisode d’une visite qui devait être l’examen de son dossier. L’un des médecins demande, alors : “Ah, il y avait une lentille de contact ?” ! Virginie répond, offusquée et indignée : “Bien sûr qu’il y a une lentille de contact que le médecin en Inde venait de lui mettre le mercredi 9 août pour protéger la nouvelle greffe !”, se disant choquée que les médecins ne lui aient rien demandé auparavant. Étonnamment, sans aucune pudeur, le médecin lui dit, comme s’il s’agissait d’une banalité : “Eh bien, la lentille est sortie, maintenant qu’allez-vous faire ?

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Virginie, outrée, réplique avec colère : “Moi, qu’est-ce que je vais faire ?! C’est à vous de remettre la lentille ! On vient tout juste de la mettre, et Émilie est censée la porter pendant un mois.”

Virginie, abasourdie et décontenancée par le manque de professionnalisme des médecins, insiste sur le fait que c’était aux parents de décider si, après un mois, ils voulaient faire enlever la lentille à Maurice ou attendre le prochain rendez-vous en Inde. Surtout que la petite Émilie a une pression élevée dans l’œil gauche. “Normalement, nous avons tous un tube dans l’œil qui aide à réduire la pression. Celui d’Émilie est bouché. Le délai pour repartir en Inde est d’un mois, voire un mois et demi. Et il s’agit d’une opération très importante, le Ahmed glaucoma valve Pars plana vitrectomy”, explique Virginie, toujours sous le choc que les médecins mauriciens n’aient pas pris toutes les précautions nécessaires, vu son historique de son enfant.

D’ailleurs, malgré l’explication des médecins de Moka selon laquelle cette “méprise n’est pas grave” et que “garder la lentille trop longtemps pourrait causer une infection à l’œil d’Émilie”, Virginie souligne que le médecin en Inde avait posé cette lentille pour protéger la greffe. Cela s’explique par le fait qu’un bébé de deux ans, comme Émilie, ne comprend pas encore qu’il ne faut pas se frotter ou gratter son œil qui la gêne du fait de la récente greffe de la cornée réalisée.

En guise d’explication et pour se dédouaner, les médecins disent à Virginie que c’était difficile d’examiner un bébé comme ça. Ils lui demandent de revenir pour endormir l’enfant pour qu’ils puissent examiner son œil greffé en Inde… Cela, dans le but de monter le dossier médical d’Emilie pour l’aide financière gouvernementale, ont fait comprendre les médecins de l’hôpital de Moka.

La mère de la petite Emilie explique à Week-End qu’elle ne comprend pas pourquoi ils doivent examiner physiquement l’œil de l’enfant. “Puisqu’ils ne peuvent pas faire l’opération d’Emilie ici à Maurice, pourquoi encore et encore examiner ses yeux ?”, demande-t-elle.

Virginie veut savoir pourquoi l’hôpital tarde à faire les procédures, soulignant que cela fait plus de trois mois qu’elle fait des allées et venues à l’hôpital pour les procédures administratives dans le cadre de sa demande d’aide financière pour les soins d’Émilie que les médecins indiens ont parfaitement justifiés.

Le prochain rendez-vous est prévu pour le 5 septembre, et la famille doit se préparer mentalement, car les médecins de Moka ont indiqué qu’Émilie serait à nouveau examinée, cette fois sous anesthésie, par d’autres experts.

Préoccupée par l’état émotionnel de sa fille, qui a perdu sa joie de vivre depuis l’incident, Virginie se demande si elle doit effectivement se rendre à ce rendez-vous. En effet, depuis ce tragique samedi 12 août où elle a été traumatisée à l’hôpital, Emilie pleure dès qu’on la prend dans les bras pour lui administrer des gouttes. “Elle pleure même pour le biberon, car elle croit qu’on va encore lui faire mal”, explique sa maman, convaincue que les médecins l’ont blessée lors de l’examen.

“Elle mangeait bien sa purée, mais les jours qui ont suivi, elle refusait toute nourriture. Il nous fallait attendre qu’elle soit dans un profond sommeil pour lui donner un biberon. Pendant au moins 2 semaines, c’était un calvaire et une grande angoisse pour nous”, raconte Virginie.
Si bien que la famille a finalement pris contact avec le médecin qui s’occupe d’Emilie en Inde. S’il a rassuré les parents en attendant un examen approfondi une fois que la petite sera en Inde, il leur a explicitement demandé : “Do not let them see her again”, soulignant les risques d’une “epithelial definct on the cornea.”
En attendant, les parents d’Emilie ont aussi consulté un médecin du privé. “Heureusement il n’y a pas eu de graves séquelles, mais elle refusait depuis d’ouvrir son œil gauche. Elle le faisait que dans la soirée, quand il faisait sombre” indique sa mère. “Depuis une semaine, la petite se porte un peu mieux et du fait du traitement prescrit par les médecins indiens, elle ouvre désormais mieux son oeil”, ajoute-t-elle.

Indignée, Virginie souligne, dépitée :” On nous demande de faire confiance au ministère. D’accord et en vérité, on n’a pas trop le choix. Mais est-ce qu’ils sont au courant de ce qui se passe dans leur hôpital de Moka ? Émilie aura bientôt 3 ans. Pourquoi est-ce que ça prend autant de temps pour la faire avoir les soins dont elle a droit, surtout étant donné ce qu’elle a subi depuis qu’elle a vu le jour ?”

Entre-temps, Émilie a grandi et semble rattraper son retard d’apprentissage, “mais elle reste une enfant née prématurée qui demande un peu plus d’attention, car elle reste fragile”. Ce que semblent ne pas avoir compris les médecins de Moka qui, il est vrai, travaillent dans des conditions peu propices à un quelconque sens d’empathie envers des patients. Mais elle soutient que vis-à-vis d’un enfant déjà mutilé par la vie, ils auraient avoir pris plus de précautions.

En attendant cette aide du gouvernement qui ne vient pas, la famille s’appuie sur l’aide de nombreux volontaires, dont l’organisation SACIM Australie, qui ont gracieusement contribué pour qu’Émilie puisse se rendre en Inde pour ses opérations, dont sa greffe de la cornée. “Quand les gens entendent l’histoire d’Émilie, ils veulent toujours nous aider, alors ils nous font don de ce qu’ils peuvent et nous en sommes grandement reconnaissants, car notre famille n’a pas les moyens financiers pour cela”, dit la maman qui se donne à fond pour que sa puisse avoir une vie aussi normale que possible.

Par rapport au prochain départ d’Émilie et de ses proches pour l’Inde prévu dans une dizaine de jours, cette fois, le parrain de la petite Émilie apportera son aide. En matière de vue, il est primordial de ne pas laisser passer le temps pour recevoir les soins appropriés. D’ailleurs, depuis que l’enfant a reçu sa greffe de la cornée, ses parents ont remarqué une nette amélioration de sa santé. Elle voit mieux, marche seule, court et danse même devant la télévision, en écoutant ses comptines préférées.

Si la famille veut garder espoir qu’elle percevra l’aide du gouvernement puisque, selon des indiscrétions, le dossier d’Émilie aurait été finalisé le samedi 26 août et devait être déposé au ministère le lundi 28 août. Cependant, jusqu’ici, la famille n’a pas de réponse et attend, fébrile. “Si nous n’avons toujours pas de réponse la semaine prochaine, je crois bien que j’irai personnellement au ministère”, dit Virginie. À moins que d’ici là, le ministre se manifeste…

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