Sorti en mai de cette année, Keep my memory safe, écrit par notre compatriote Stéphanie Chitpin, émigrée au Canada, sera traduit et paraîtra en arabe courant 2024 chez Al Arabi Publishing and Distribution du Caire, en Egypte. C’est ce qu’indique à Le Mauricien sa maison d’édition, Baraka Books de Montréal. Une deuxième édition en version anglaise devrait sortir sous peu.
Robin Philpot, de Baraka Books, souligne que la maison d’édition a déjà travaillé avec Al Arabi Publishing and Distribution dans le passé. « À l’automne 2022, elle était une invitée spéciale au salon du livre de Montréal et a acquis les droits pour certains ouvrages », avance notre interlocuteur. En mai de cette année, des représentants des deux maisons se sont rencontrés à la foire du livre de Turin, en Italie, et sont tombés d’accord pour une distribution en version arabe des mémoires de Stéphanie Chitpin dans le monde arabe l’année prochaine.
Robin Philpot observe que d’autres maisons d’édition ont également signifié leur intérêt pour ce livre. « I am so exciting and it is very rewarding to see other countries are finding it quite interesting », explique Stéphanie Chitpin. Elle attribue l’intérêt des maisons d’édition étrangères, notamment celle du Caire, à « the vivid picture I painted of Plaine Verte ».
Keep my memory safe est la mémoire de Stéphanie Chitpin, arrivée à Maurice de Hong Kong dans un panier d’oseille. Elle a grandi au sein de la pagode Fook Soo Am chez les sœurs bouddhistes, et a bénéficié du soutien de M. Chui, un homme d’affaires, jusqu’à sa venue au Canada en tant que boursière de l’Université de Guelphe. Le livre compte presque 200 pages et est divisé en 15 chapitres.
Écrit en anglais dans un langage simple et limpide, et de manière plutôt chronologique, il amène le lecteur sur le parcours de l’auteure sans grande difficulté. Elle brosse un tableau de l’antre de la pagode : le rôle de chacun, les tâches auxquelles elle était affectée et comment elle faisait pour s’en sortir, notamment avec l’école, et son éducation, dont elle avait fait sa priorité, car elle voulait à tout prix sortir de sa condition.
Grâce au soutien d’un bienfaiteur, M. Chui, dont elle parle longuement, elle a pu aller jusqu’au bout de ses ambitions. Après sa scolarité du secondaire, elle a décroché une bourse pour se rendre au Canada. Le livre donne un aperçu d’une île Maurice qu’on connaît peu ou pas : certains comme elle, emmenés clandestinement au pays, n’avaient pas de papier d’identité. De fil en aiguille, le lecteur la découvre dans sa relation avec les différentes personnes autour d’elle ses démarches pour avoir les papiers nécessaires pour se rendre au Canada, ses débuts dans son pays d’accueil, sa relation avec ses professeurs et son retour à l’île Maurice et à Hong Kong, où elle est née, comme pour boucler la boucle.
Dans une rencontre accordée à notre confrère Week-end, à l’occasion de la présentation de son livre à Maurice en mai dernier, Stéphanie Chitpin concède que l’écriture de ses mémoires était un travail « difficile ». Parce que, dit-elle, « personne, parmi mes collègues, mes amis et mes étudiants », ne connaissait son passé. « Il y avait un certain risque à raconter mon histoire de cette façon, mais il était important de le faire pour chercher à inspirer d’autres personnes, montrer que tout est possible et que même si vous ne pouvez pas choisir où vous êtes né, vous avez la possibilité de choisir comment vous allez mener votre vie. »
L’écriture de ce livre est aussi un hommage rendu à sœur AhFee Ti de Fook Soo Am, et à M. Chui. D’ailleurs, affirme l’auteure au Mauricien, toutes les recettes de la vente du livre sont reversées au Ah Feeti of Fook Soo Am Memorial Scholarship et servent à financer des bourses d’études à des « personnes racialisées ». Elle indique qu’une première boursière camerounaise, mère de famille, en a bénéficié. « Nous souhaitons pouvoir offrir d’autres bourses », dit-elle au Mauricien.
Keep my memory safe fait partie des 20 mémoires recommandés par la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) il y a quelques jours. La première de couverture de la première édition est une aquarelle de l’artiste mauricien Yeshen Gunnoo. Elle illustre la pagode Fook Soo Am. Stéphanie Chitpin note qu’il reste encore quelques exemplaires de cette édition. « Une fois vendue, la publication d’une nouvelle édition est à l’agenda », dit-elle. La première de couverture sera illustrée par l’aquarelliste Riaz Auladin : une vue de la pagode sous un angle différent.
Pour ceux qui souhaitent se procurer d’un exemplaire de Keep my memory safe, ils peuvent contacter Riaz Auladin sur le 5751-4349. En Amérique du Nord, le livre est en disponible contre paiement en version numérique.