Petite victoire pour les collectifs écocitoyens militant pour la protection de la région de Roches Noires. Le délai pour la soumission de commentaires publics sur le rapport Environmental Impact Assessment (EIA) du groupe d’investisseurs français PR Capital a été étendu jusqu’au 10 novembre 2023. La requête faite au ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, par les collectifs Platform Moris Lanvironnman, Protégeons l’écosystème de Roches Noires et la Sea Users Association n’est ainsi pas tombée dans l’oreille de sourds.
Ils n’avaient initialement que trois semaines pour commenter les 1 446 pages du rapport EIA soumis par PR Capital, promoteur du projet Roches Noires Smart City. Une nouvelle qui avait choqué plus d’un, relevant par là même les failles du système actuel. « PML ainsi que d’autres ONG ont sans cesse attiré l’attention sur les amendements à la Environment Protection Act (EPA) qui ont rendu de plus en plus contraignante la marge de manoeuvre des ONG en ce qui concerne les public comments et l’appel de la décision du ministère d’accorder un permis EIA. Cette situation perdure », indique PML dans une publication Facebook. Remerciant le ministre de l’Environnement pour avoir accédé à leur requête commune d’étendre le délai, les citoyens et les associations ont désormais plus de temps pour compiler leurs observations et commentaires.
« Les associations cosignataires de la lettre au ministre Ramano ont été rejoints par des habitants de Roches Noires et des environs. Nous avons pu en moins de 48 heures recueillir 75 signatures par email et d’autres arrivent encore. Cela démontre qu’en se serrant les coudes, en étant proactifs, nous pouvons accomplir bien des choses. La mobilisation continue ! » souligne PML. De plus, l’association, qui figure parmi les premières à avoir tiré la sonnette d’alarme sur ce projet de construction dans une zone aussi sensible, réitère ses demandes. « PML a aussi fait des demandes répétées pour que le Strategic Environmental Assessment (SEA) soit réintroduit dans le EPA pour les politiques sectorielles, plans et programmes officiels (le Smart City Scheme en est un exemple). Si un SEA avait été fait pour ce scheme, il est fort probable qu’aucun projet immobilier n’aurait été envisageable sur ce site convoité par des promoteurs immobiliers, cela en raison de son caractère très sensible et très vulnérable écologiquement. »
358 hectares de forêts vierges
Pour rappel, c’est en 2021 que les choses commencent à s’agiter du côté de ce petit village du nord-est. Le promoteur, PR Capital, subsidiaire du groupe français City Group, fait la demande en 2021 pour un Smart City Certificate auprès des autorités concernées. Il souhaite faire construire la Roches Noires Smart City (RNSC) comprenant un hôtel de 90 villas et autres infrastructures, sur pas moins de 358 hectares de forêts vierges, d’étangs et de caves. Il finit par obtenir une letter of comfort en mars 2022 lui permettant de soumettre son Master Plan ainsi que son Environment Impact Assessment (EIA) dans l’attente d’obtenir le feu vert pour démarrer les travaux. Une décision qui a vite soulevé un tollé du côté des citoyens et des écocitoyens qui contre-attaquent, rapports scientifiques à l’appui et questions parlementaires en prime. Quelques mois plus tard, la demande de permis EIA des promoteurs de Roches Noires Smart City (RNSC) de PR Capital est finalement « set aside ». Toutefois, en début d’année, le promoteur est revenu à la charge en initiant une réunion d’informations avec les habitants de la région présageant un éventuel come-back.
En attendant, parallèlement, le Collectif mauricien pour Roches Noires est créé. Composé de plusieurs conglomérats locaux, dont Eclosia, IBL, Currimjee, Scott et autres, le collectif rend public son projet d’alternative verte au projet de Smart City de PR Capital et annonce son projet de parc naturel sur le site. Si le Collectif mauricien a déjà publié un livret détaillant dans les moindres détails son dessein, le projet de Smart City, lui, reste encore trop flou, du moins, c’est ce que persistent à dire les contestataires depuis le début de cette affaire.