Cela fait une semaine qu’il ne travaille pas. Ou plutôt, une semaine qu’il se rend au travail, mais se voit contraint de rentrer chez lui car… “pena plas pou met mwa”. Or, ce père de famille souhaite être opérationnel, car il doit nourrir sa famille. Mais depuis qu’il a été transféré de son site de travail habituel, et ce, depuis une quinzaine d’années, il est dérouté. D’une part, parce que son nouveau lieu de travail, outre de ne pouvoir à ce stade l’accommoder, se trouve à mille lieux de son domicile, ce qui représente un véritable calvaire pour cet habitant de Beau-Bassin, qui souffre d’un handicap. Et d’autre part, parce qu’il ne comprend pas les raisons de son transfert, n’ayant, affirme-t-il, commis aucun impair. Ses démarches auprès de sa hiérarchie pour qu’il soit rétabli à son ancien lieu de travail ont jusqu’ici été vaines.
C’est l’histoire d’Avinash Hureechurn, 52 ans. Cet habitant de Beau-Bassin, opérant en tant que Transport Service Facilitator pour le compte du ministère de la Santé, était jusqu’ici basé à l’hôpital Brown-Séquard. Depuis 2009, souligne-t-il. Ce qui était pour lui une aubaine, du fait que depuis son accident de la route en 2013, et ayant subi diverses chirurgies, cela facilite son accès à son lieu de travail. “Entre mon domicile et l’hôpital Brown-Séquard, il n’y a que quatre minutes en voiture, et si besoin est, une dizaine de minutes en autobus”, explique-t-il. Et d’ajouter qu’en raison de la prothèse qu’il porte, il ne peut plier le genou. “Li pa fasil pou voyaze. Mo pa kapav fer long distans”, dit-il, précisant qu’il est aussi diabétique.
S’appuyant sur les rapports médicaux, dont ceux délivrés par les établissements de santé indiens où il s’est fait opérer, Avinash Hureechurn insiste qu’il ne peut se permettre de faire de longs trajets. Or, cela fait la deuxième fois qu’il reçoit une lettre de transfert. La première, en date du 16 janvier 2021, l’informant de son transfert de l’hôpital Brown-Séquard à l’hôpital Jeetoo. Cela, sans aucune explication. À l’époque, il avait pu convaincre les autorités qu’il ne pouvait se rendre chaque jour à Port-Louis au vu de son état de santé. D’autant qu’il n’y avait aucune raison pour ce transfert.
Deuxième lettre de transfert
Mais la semaine dernière, les autorités sont revenues à la charge, informant Avinash Hurreechurn de son transfert vers l’hôpital Victoria. Là encore, il n’y a aucune explication qui est donnée. “Le 23 octobre, j’ai reçu un appel téléphonique du Hospital Assistant Administrator me disant que j’avais été transféré. J’ai demandé pourquoi, il m’a dit qu’il n’avait aucune explication à me donner. Que c’était ainsi. J’ai refusé, car il n’y avait aucune communication officielle par rapport à ce changement. Mais dans l’après-midi, j’ai reçu une lettre du ministère confirmant ce transfert”, raconte Avinash Hurreechurn. Ce qu’il ne comprend pas. Car tous savent qu’il est porteur d’un handicap et que travailler non loin de son domicile est plus facile.
Ce père de famille est encore plus interloqué du fait que lui seul au sein de son département est “victime” d’un transfert, “sans raison”, alors que ses autres collègues restent sur place. “Si mo ti fer enn fot dan travay, mo aksepte transfer mwa, me zame mo pa’nn fer narye. Ki fer pe avoy mwa lot plas ?” demande-t-il. Et de relever que d’autres collègues “ki finn fane, ki finn gagn warning, ankor pe travay !”
Avinash Hurreechurn indique que pour ne pas être pris en faute, il s’est rendu le 24 octobre à son nouveau lieu de travail, à l’hôpital Victoria. Cependant, grande a été sa surprise de constater qu’il n’y était pas attendu. “Bann koleg laba mem pa ti kone, zot pe demann mwa kifer mo’nn vinn travay la”, dit-il. Une situation délicate, si bien qu’avec déjà 12 effectifs, “pa ti ena plas pou met mwa”, raconte Avinash Hurreechurn. Il indique s’être rendu au ministère de la Santé pour déplorer la situation et contester son transfert. En vain. “Minister pena explikasion pou mwa. Pa kone kifer inn transfer mwa. Pourtan zot konn mo sitiasion. Zot ena mo dosie. Ki finn arive ? Pa kone”.
« Pena plas pou met mwa »
Entre-temps, l’habitant de Beau-Bassin est contraint de faire la route chaque jour jusqu’à l’hôpital Victoria pour “pointer”. “Même s’il n’y a pas de place, je dois aller au travail. Mais dès que j’ai fini de pointer, ils me disent de rentrer chez moi, car il n’y a pas de place”, déplore-t-il. Que doit-il faire dorénavant ? Combien de temps cela durera-t-il ? demande-t-il. Surtout que ce n’est pas évident pour lui de voyager aussi loin de son domicile. Dans une lettre envoyée au ministère de la Santé, où il rappelle son parcours professionnel sans tâche au sein de l’hôpital Brown-Séquard, Avinash Hurreechurn réclame des explications et sa réinsertion à l’hôpital Brown-Séquard et espère que les autorités tiendront compte de son handicap pour y remédier au plus vite.