Le Premier ministre, Pravind Jugnuath, qui participait à la cérémonie de commémoration de la déportation des Chagossiens, hier, au quai C à Port-Louis, a levé le voile sur les négociations en cours entre la Grande-Bretagne et Maurice concernant l’archipel des Chagos. « Nous voulons que la Grande-Bretagne reconnaisse la souveraineté de Maurice sur l’ensemble de l’archipel des Chagos », a-t-il déclaré.
Il a indiqué que le plan de relogement des Chagossiens figure également à l’agenda des discussions tot en soulignant que « la mise en œuvre d’un tel plan n’est pas aussi facile qu’on le pense ». C’est la raison pour laquelle « une mission d’évaluation sera dépêchée dans l’île et les techniciens seront appelés à faire faire un rapport à ce sujet ».
Pravund Jugnauth est revenu sur les efforts entrepris afin que la souveraineté de Maurice sur les Chagos soit reconnue. « Depuis 2014, nous menons une campagne sans relâche pour compléter le processus de décolonisation de Maurice et pour que nous puissions exercer notre droit de souveraineté sur les Chagos. Comme le disait le défunt sir Anerood Jugnauth, c’est un devoir sacré qui a finalement débouché sur l’avis consultatif prononcé par la Cour internationale de Justice. Aujourd’hui, avec dévouement et détermination, nous poursuivons sur le chemin tracé. Ce n’est pas facile mais c’est un grand défi », fait-il comprendre.
Le Premier ministre a expliqué que sir Anerood Jugnauth avait toujours voulu qu’il y ait un consensus politique autour de cette lutte. « C’est la raison pour laquelle il avait institué un comité où chaque parti politique, ayant des membres siégeant à l’Assemblée national, pouvait se faire représenter pour discuter en toute confidentialité », dit-il. Il a déploré le fait que lorsque la décision a été prise de présenter une résolution à l’Assemblée des Nations unies, « un leader politique s’est moqué de cette proposition, estimant que Maurice ne recueillera pas plus de dix votes ». Il a souligné que « le gouvernement est allé de l’avant et a obtenu un soutien massif à l’Assemblée générale des Nations unies ».
Le Premier ministre a aussi fait mention du jugement du Tribunal international du droit de la mer sur le différend relatif à la délimitation de la frontière maritime entre Maurice et les Maldives. Il a expliqué que « ce jugement a affirmé la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos et ses eaux territoriales alors que les Maldives avaient avancé que Maurice n’a aucun Locus Standi dans cette affaire ».
Pravind Jugnauth a aussi évoqué la mission effectuée par une délégation mauricienne aux Chagos sans la permission des Britanniques. « Cette visite nous a permis de manifester notre droit de souveraineté sur les Chagos et de hisser le drapeau mauricien sur Peros Banhos et sur le récif de Blenheim. Une plaque commémorative a été placée sur l’île de Peros Banhos », maintient-il. Il a annoncé qu’il prévoit l’organisation d’une autre visite qui comprendra cette fois la présence de journalistes mauriciens contrairement à la précédente.
Dans le cadre de son intervention, il n’a pas manqué de critiquer Boris Johnson qui, selon lui, est « une personne infecte ». Il a finalement souhaité que les Mauriciens, dont les Chagossiens, aient bientôt la possibilité de se rendre dans l’archipel.
Pour sa part, Olivier Bancoult est aussi revenu « sur la violation des droits de l’homme subie par le peuple chagossien ». Le dirigeant du Groupe Réfugiés Chagos, affirme que « l’ouverture des négociations entre Maurice et la Grande-Bretagne a été une lueur d’espoir pour les natifs chagossiens qui souhaitent finir leur vie dans leurs îles natales ». Moins de 500 Chagossiens sont encore vivants dont 349 à Maurice, 50 aux Seychelles et 115 en Angleterre. « Nous comprenons qu’il faut donner priorité à la sécurité mais il y a aussi les droits humains », a-t-il dit. Ce dernier a exprimé le vœu que l’année prochaine les Chagossiens soient en mesure de fleurir les tombes de leurs parents défunts aux Chagos.
« À part le retour, il y a aussi la réparation que les gouvernements anglais et américain doivent assurer », a poursuivi le dirigeant du Groupe Réfugiés Chagos. Il a souhaité « qu’ils aident le gouvernement mauricien à reconstruire l’archipel de Chagos et le rendre habitable afin de permettre aux Chagossiens qui le souhaitent d’y retourner ». La cérémonie d’hier a été marquée par des prières dites par le père Gérard Mongelard, accompagné d’un groupe de Chagossiens.